Ouided Bouchamaoui, recevant le doctorat honoris causa de Paris-Dauphine : Je crois en cette jeunesse, je crois en sa force
Fière de l’école tunisienne, confiante en la jeunesse de son pays, Ouided Bouchamoui a tenu à leur rendre hommage, dans ce haut lieu du savoir qu’est l’Université Paris-Dauphine où elle était faite vendredi docteur honoris causa. Discours.
Recevoir un Doctorat Honoris Causa par une Université aussi prestigieuse que Paris-Dauphine est pour moi une raison de joie !
Je vous suis reconnaissante de l’honneur que vous nous faites en conférant à chacun des membres du Quartet Prix Nobel de la Paix 2015, le titre de Docteur Honoris causa.
Par-delà notre personne, c’est celle de notre pays, la Tunisie, que vous mettez à l’honneur.
J’accepte cette distinction de l’Université Paris-Dauphine avec beaucoup de solennité et d’émotion car votre Université rayonne au-delà de la France et a su construire une ouverture, et des ponts vers le monde et depuis quelques années avec la Tunisie.
C’est pour moi, un grand honneur et un immense plaisir que d’être aujourd’hui, ici, parmi vous, au côté de ces illustres personnalités et face à cet honorable auditoire pour recevoir le Doctorat Honoris Causa.
C’est aussi, et vous me le permettez, un moment chargé d’émotion pour la modeste personne que je suis, que d’être présentée Prix Nobel de la Paix, ici même sur les bancs de cette prestigieuse Université, vivier de générations entières d’hommes et de femmes remarquables.
Notre modeste expérience de dialogue national en Tunisie nous a appris que lorsque les volontés s’y prêtent, le vivre ensemble est possible.
C’est grâce au dialogue, à l’écoute de l’autre, et à la volonté commune de dépasser nos différents que nous avons pu, avec nos partenaires sociaux, de sortir notre pays de sa crise politique.
En dépit de quelques dérives passagères survenues dans la phase de transition, en raison d’un manque d’expérience manifeste dans l’exercice démocratique, la Tunisie aura démontré au monde entier, que l’éducation est forcément compatible avec la paix, même si cela devait passer par une révolution.
Je voudrais ici rendre un hommage à l’école tunisienne, à ses fondateurs, à ses enseignants, à son corps pédagogique, et à l’ensemble de ses disciples à travers plusieurs générations depuis des décennies.
C’est par la diffusion du savoir, l’entretien des valeurs universelles de concorde, de tolérance et de liberté, l’investissement dans l’art et la culture, l’instauration de l’égalité des chances et la répartition équitable des richesses que les pays épris de liberté pourraient assoir à jamais la paix dans leurs mœurs de vie, au quotidien, et faire front à tous les extrémismes de quelque sorte qu’ils soient.
La Tunisie est armée en cela, par les valeurs ancestrales de son peuple ouvert à toutes les civilisations, trois mille ans d’histoire durant, par ses femmes émancipées et engagées, et par sa jeunesse impatiente de libérer ses énergies pour créer, innover et faire de leur pays un modèle de paix et de prospérité.
Je crois en cette jeunesse, je crois en sa force.
Mon engagement dans le processus de transition à la tête du patronat fait de moi une représentante de milliers d’entreprises et de jeunes entrepreneurs tunisiens qui mobilisent toutes leurs énergies humaines et matérielles pour que le progrès économique et social soit une réalité en Tunisie.
Comme vous le savez, les entreprises ne peuvent pas prospérer en l'absence d’un climat politique sain et porteur d’espoirs !
Je voudrais rendre hommage à votre université qui prépare les futurs entrepreneurs en leur offrant une formation pluridisciplinaire exigeante, mais pas seulement ! Ce qui vous vous distingue, j’en ai la conviction, c’est cette détermination qui est celle de transmettre aux jeunes femmes et hommes une vision du monde où règne la paix et la prospérité.
Notre présence aujourd’hui, dans ce haut lieu d’échange de savoirs, d’idées et de cultures, témoigne de la volonté de l’université Paris-Dauphine de promouvoir non seulement la connaissance, la recherche et l’excellence mais la démocratie et la paix, deux socles essentiels pour l’épanouissement des hommes et des femmes et j’ajouterai du monde de l’entreprise.''
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