Nour Bouakline: Le digital à l’assaut d’une Afrique sans fracture !
Rencontrer Nour Bouakline suppose, beaucoupd’énergie, et un soupçon de détermination,des qualités dont elle ne manque pas ! Difficile? en effet de suivre Madame Digitale, toujours entre deux avions à sillonner le continent pour ses conférences et ses formations.
De retour de Dakar, où elle donnait une formation, en partance pour Casablanca? Nour fait une halte pour nous raconter l'histoire d’un succès en devenir, «Une audace story» comme elle aime à préciser. Parcours d’une entrepreneure tunisienne passionnée et fièrement africaine.
Son large sourire parle pour elle, Nour est une femme heureuse «Mon métier c’est ma passion, aimer ce que l’on fait c’est le secret du bonheur. On me parle de succès, moi je préfère parler d’audace et d’inspiration pour Aspirer à passer à l’action».
L’autodidaxie passionnée
Rien ne prédestinait Nour Bouakline pour une carrière de globe trotteuse conférencière/formatrice. Avec une double compétence, école de commerce et école d’ingénieur, elle a appris le Marketing digital en entreprise, pendant 2 ans avant de se lancer à son propre compte. «En 2011, la Tunisie faisait sa «révolution» et moi j’osais la mienne. Je me suis mise à étudier en pratiquant mon métier et en me formant sur le tas. Je créais et crée encore aujourd’hui mon propre métier dans la difficulté, parfois et face aux sarcasmes...Pour concilier ma vie de jeune maman et femme active, j’ai décidé de me lancer seule dans l’aventure. Mon bureau avait la plus belle vue au monde: il donnait directement sur la chambre de mon fils. Les débuts n’avaient rien de facile, mais j’ai franchi les étapes, en apprenant tous les jours car mon métier est en perpétuelle évolution, faisant de chaque échec une marche vers la réussite».
Aujourd’hui, forte de ses 8 ans d’expérience, Nour Bouakline a fondé et dirige sa propre agence spécialisée dans le conseil en stratégie digitale. Experte et formatrice internationale en marketing digital, Elle accompagne des entreprises africaines et multinationales dans leur transformation digitale. Elle assure la formation des professionnels et dirigeants aussi bien en Tunisie, son pays, que dans d’autres pays Africains: en Algérie, au Maroc, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Niger, au Cameroun, en Guinée Conakry, au Bénin, Togo, Mali, Burkina Faso.
L’Afrique, de Proche en proche, à l'infini
L’Afrique vit à l’instar du monde sa plus grande révolution «the digital disruption». Les spécialistes pensent qu’en accomplissant sa révolution digitale, l’Afrique a tous les atouts pour devenir la nouvelle puissance économique. Tous les facteurs sont là: une explosion démographique, extension de l’urbanisation, émergence de nouveaux modèles économiques et sociaux liés aux nouvelles technologies, montée en force de la classe moyenne. C'est donc tout naturellement que Nour Bouakline s’est tournée vers ce nouvel eldorado, mais loin de s’y intéresser en conquérante c’est en enfant du pays qu’elle s’y aventure.
«On dit que l’Afrique c’est l’avenir… Mais on ne précise pas celui de qui ! Pour moi, l’Afrique est une opportunité à condition qu’elle ne se fasse pas aux dépens de ses enfants et je fais partie de ses enfants! J’œuvre pour un digital qui limite les disparités entre les régions et j’invite les jeunes et moins jeunes à se lancer pour apporter de réelles solutions aux maux qui rongent notre continent. A travers la formation, les conférences, les rencontres… je suis au plus proche de chaque population».
De proche en proche, ses contacts sur les différents réseaux sociaux l’invitent à donner des conférences, assurer des formations sur place. «J'ai réalisé ma tournée en Afrique de l'ouest, pendant tout le mois de mai 2017. Il m’arrivait de rentrer à Tunis le matin, pour repartir le soir… car il n’y avait pas de vols réguliers entre ces pays. Pour certains pays comme le Bénin, nous n’avons même pas de représentations diplomatiques… J’ai animé des conférences et j’ai été au proche des étudiants. Sur place je tenais à être à l’écoute, comprendre les besoins particulier de chaque entreprise….mais aussi de chaque peuple ! L’Afrique n’arien d’un bloc, c’est une mosaïqueet les disparités sont trèsimportantes.»
Son credo est celui-ci : œuvrer pour un digital «social». Dans une Afrique divisée en «Info-riches» et «Info- pauvres» Nour Bouakline choisit de s’investir avec les entreprises locales et apporter son expertise pour quel’innovation et les nouvelles technologies contribuent au bien-être des populations.
«Je refuse l’image de misérabilisme de l’Afrique. L’Afrique il faut l’Aimer, sans Pitié. Notre continent est riche, ses potentialités économiques sa jeunesse, en font un espace fragile, si on ne comble pas les disparités qui le divisent».
Pendant un an, elle sillonne méthodiquement le terrain, rencontrant une multitude de porteurs de projets pour connaitre leurs besoins et attentes, confrontant ses «préjugés» à la «réalité africaine» et s’entourant d’experts, d’entrepreneurs locaux, en la matière pour gagner en crédibilité et confiance.
«Ma vision à long terme est de contribuer aux innovations digitales créées par les africains et qui répondent pleinement aux besoins des Africains : des services sms pour suivre les grossesses au Burkina Faso,un serveur vocal pour les pêcheurs au Ghana, des plateformes pour les agriculteurs écologiques au Sénégal». Et elle ne compte pas s’arrêter là. Au planning des mois avenir, c’est le Togo, Le Cameroun, la Guinée, le Burkina Faso, le Mali..Après le Sénégal le Maroc, passant par L’Algérie.
Une pionnière de la diplomatie digitale tunisienne?
«Au titre d’ambassadrice? je préfère celui de «une porteuse du drapeau». Il m’accompagne dans tous mes déplacements. J'ambitionne de véhiculer à travers mon action une autre image de la Tunisie, une image plus lumineuse mais aussi réelle. Notre pays a souffert d’une image entachée, exagérément. Nous méritons une Tunisie meilleure, et La Tunisie, mérite une meilleure image. les ressources sont là. En nous et en elle et le changement sera une confluence de l’effort de chacun de ses enfants.»
Amel Dhaouadi