Libye : Tout sur le plan d’action de l’ONU pour la sortie de crise et les pourparlers de Tunis (Photos et Vidéo)
Tunis abrite depuis lundi le deuxième round des discussions du comité conjoint des représentants du Parlement et du Haut Conseil d’Etat en Libye, pour la révision de l’accord politique de Skhirat signé le 17 décembre 2015, pierre angulaire du nouveau processus de sortie de crise adopté par l’ONU. Sous la présidence de Ghassen Salame, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, chef de la mission des Nations Unies pour la Libye (UNSMIL dont le siège est établi aux Berges du Lac), les débats doivent se prolonger jusqu’à la fin de la semaine, avec l’espoir sinon d’aboutir à un consensus, du moins réaliser une avancée significative.
Les principes d’une solution politique émanant des Libyens eux-mêmes, réunissant le plus large accord possible des différentes parties concernées et l’exclusion de toute intervention militaire extérieure et de toute interférence étrangères, sans cesse prônées par le président Béji Caïd Essebsi et ses pairs algérien et égyptien, sont adoptés. Il s’agit à présent de passer aux phases pratiques de la solution 100 % libyenne.
Quel est Plan d’action fixé par l’ONU ? Et, comment s’emploie Ghassen Salame à le mettre en œuvre ? Eclairages.
« Nous sommes à un tournant décisif. Ou Bien, on agit ensemble pour offrir à La Libye la meilleure opportunité possible, ou bien, chacun œuvrera de son côté, et on privera ainsi les Libyens d’une occasion exceptionnelle. La Libye est un pays doté de grandes potentialités et son peuple est en droit de jouir d’un avenir radieux, un avenir à notre portée, si nous travaillons tous la main dans la main. » Ghassen Salame, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, chef de la mission des Nations Unies pour la Libye ne pouvait être plus clair, comme il vient de le répéter à New York. Son plan d’action, adopté par le conseil de sécurité trace une voie directe pour parvenir à une sortie de crise dans moins d’un an. Le mandat de la mission (UNSMIL) a été prorogé le 14 septembre dernier d’un an, il ne reste plus que 47 semaines seulement pour atteindre l’objectif escompté. Dans ce compte à rebours, il y a lieu de prendre en considération la date du mi-décembre prochain, censée marquer la fin du mandat du gouvernement d’union nationale présidé par Faiez Sarraj.
Caïd Essebsi, Sarraj, Souihli, Aguila et Haftar
Dans cet agenda qui s’accélère, Ghassen Salame s’emploie à faire valider son plan d’action par les différentes parties concernées et mobiliser en sa faveur tout l’appui diplomatique nécessaire. A peine rentré de New York, il est allé le présenter le 28 septembre dernier au président Béji Caïd Essebsi, avant de s’envoler pour la Libye. Il se rendra successivement le 3 octobre à Tripoli, rencontrer Faiez Sarraj ainsi qu’Abderrahmane Souihli, président du Haut Conseil d’Etat, le lendemain, 4 octobre, à El Qobba, auprès d’Aguila Salah, président du Parlement et finalement, le 5 octobre à Benghazi, rencontrer le maréchal Khalifa Haftar.
Auparavant, il avait réuni à Tunis, dès le 26 septembre dernier, le premier round des discussions du comité conjoint formé par des représentants du Haut Conseil d’Etat et du Parlement, en vue de réviser l’accord politique et lui apporter les amendements nécessaires, pierre angulaire du processus engagé.
Un plan en trois étapes
Le plan d’action de Ghassen Salame s’articule, en effet, autour de trois séquences successives.
La première est celle de la révision de l’accord politique. Un comité conjoint de rédaction, d’abord avec une douzaine de membres de chaque partie, et devant être restreint à moins de cinq représentants a été mis sur pied. La première réunion tenue au siège de l’UNSMIL à Tunis, du 26 au 29 septembre dernier, est suivie d’une deuxième, ouverte ce lundi dans la capitale tunisienne.
La deuxième étape consiste à réunir sous les auspices du secrétaire général de l’ONU, un congrès national qui donnera l’occasion de participer à ce processus politique ceux qui en étaient exclus, ou se sont marginalisés eux-mêmes, ou ont refusé de s’y joindre. Il groupera les membres du Parlement, du Haut Conseil de l’Etat et les autres dont la représentation est faible ou ne sont pas représentés du tout. Il appartiendra au Congrès de fixer et choisir les membres des différentes instances exécutives qui auront été constituées sur une base consensuelle.
A l’issue du Congrès, le Parlement et le comité de rédaction de la Constitution auront à travailler en parallèle. Le Parlement devra accorder la priorité à l’adoption d’un texte législatif pour l’organisation d’un référendum et la tenue d’élections législatives et présidentielles. De son côté, le comité de rédaction de la Constitution procèdera à la révision et amendement de son projet de texte sur la base des commentaires et propositions avancés lors du Congrès.
D’autres mesures d’appui sont nécessaires, estime Ghassen Salame dans son Plan.
- La haute Instance des élections doit engager les préparatifs pour la tenue des scrutins.
- Un dialogue est indispensable à établir avec les groupes armés en vue d’intégrer leurs membres dans le processus politique et de le réinsérer dans la vie civile.
- Une initiative est impérativement à prendre afin d’unifier l’armée nationale.
- Les efforts de réconciliation doivent se poursuivre au plan local et s’intensifier.
- Des mesures énergiques sont à prendre pour traiter les questions des migrations internes.
La troisième et dernière séquence, est celle d’aboutir dans moins d’un an, aux phases finales du processus. Il s’agit de l’organisation d’un référendum pour l’adoption de la nouvelle Constitution, et l’élection, partant de la Constitution, d’un nouveau président et d’un nouveau Parlement. Ces trois scrutins marqueront la fin de la phase transitoire en Libye.
Taoufik Habaieb