Le monde rural, le discours religieux et la réforme du régime politique dans le numéro 22 de Leaders Arabiya
Dans sa 22e livraison, du 15 octobre 2017, désormais disponible en kiosque, le mensuel en langue arabe, Leaders Arabiya se penche sur un sujet quelque peu délaissé : celui de la réalité dramatique du monde rural aujourd’hui. Une enquête pertinente avec des révélations renversantes s’étalant sur 11 pages qui jettent une lumière crue sur ce monde marginalisé en quête d’intégration. Le dossier comporte une interview avec le ministre de Commerce Omar Behi mais qui connait bien le monde rural en tant qu'universitaire agronome et agriculteur. Le magazine revient également sous la plume de Dr Hmida Ennaifar, sur la problématique du discours religieux, notamment à travers les prêches du vendredi, et l’ascension alarmante de l’extrémisme en Tunisie.
Le monde rural : entre marginalisation et intégration
Depuis des années, la population des zones non viabilisés, ou plutôt des zones rurales, n'a cessé de rétrécir, comme le démontrent les statistiques démographiques. Après des décennies de migration intensive des zones rurales vers les villes et les centres urbains, seul un Tunisien sur trois vit actuellement en dehors du territoire communal. Et pour cause, ces populations rurales souffrent plus que d'autres de la pauvreté et du chômage. Les indicateurs montrent que la souffrance des zones rurales provient principalement du manque de possibilités d'embauche, particulièrement dans le secteur industriel, en plus de la faiblesse des ressources de l'activité agricole, et des conditions dégradantes des infrastructures et des équipements éducatifs et sanitaires. Tous ces problèmes rendent essentiel et pressant l'adoption d'une nouvelle stratégie pour accroître la contribution de l'agriculture au produit intérieur brut, estimé aujourd'hui à environ 9%.
La problématique du discours religieux
L’universitaire et théologien Hmida Ennaifer s’étale sur l’équivoque du discours religieux dans une analyse minutieuse où il dénonce les prêcheurs du vendredi dépourvus de toutes les qualifications et formations appropriées. Le nombre d'imams du vendredi dans toute la république est d'environ 4 500, dont 6% seulement possèdent un diplôme universitaire en sciences islamiques, et seulement 4% sont capables de pratiquer l'art oratoire. C’est à ce niveau, lié à la formation cognitive et au sens critique de la réalité et de l'histoire, que l'absence de discours scripturaux révèle une incohérence substantielle et systématique: « La question de la formation et de la qualification s'impose clairement en Tunisie.
Sur la nécessité de réformer le système politique tunisien
Professeur universitaire émérite, Rafaà Ben Achour s’exprime sur la nécessité de réformer le système politique tunisien : La Tunisie vit sous un système politique anormal, soucieux de l'indépendance des institutions au point de rupture et de paralysie. À la lumière de l'analyse, l'organisation constitutionnelle des autorités implique de graves lacunes qui doivent être abordées. Compte tenu de ces lacunes, il est nécessaire de reconsidérer la nature du système politique en premier lieu, mais, en outre, la méthode de vote proportionnel devrait être revue…
On lira avec un profit certain, Abdelaziz Kacem qui nous parle de la « Montée de l’extrémisme en Tunisie », alors que Habib Dridi revient sur la visite du grand Taha Hussein en Tunisie il y a 60 ans, ainsi que les pertinentes analyses de Rachid khechana, Hanen Zbiss, Mohamed Brahim Hssairi, Ali Louati, Ameur Bouazza, la satire d’Adel Lahmar et le billet de Sahbi Ouhaibi.
Bonne lecture !