Echec de la candidate de la Tunisie à l’Alecso, Hayett Guettat Guermazi, le koweitien Saoud Harbi élu directeur général
Prévisible ! Avec 16 voix favorables sur 21 pays membres, Dr Saoud Hilal Harbi, koweitien a été élu directeur général de l’Alecso (Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences), pour un mandat de 4 ans. Il succède à ce poste à son compatriote, Dr Abdallah Hamad El Muhareb, décédé le 4 mai dernier sans avoir épuisé son mandat. L’élection a eu lieu mercredi à Koweit lors d’une assemblée générale extraordinaire. La délégation tunisienne y était conduite par Slim Khalbous, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Jusque-là, secrétaire général adjoint du ministère de l’Education, chargé des programmes, Dr Harbi jouit d’une longue expérience en matière d’éducation, de sciences et de culture. Il était en lice notamment avec la candidate officielle de la Tunisie, Mme Guettat Guermazi.
Erreur de casting? Non, d’opportunité!
Si cet échec n’a surpris personne, il remet en question le processus de candidature de personnalités tunisiennes à de hauts postes internationaux et à la tête de grandes organisations régionales et internationales. La diplomatie tunisienne a eu pourtant ces dernières années la main heureuse. Salem Hamdi a bien été élu directeur général de l’Agence arabe d’Energie atomique et Mohamed Ben Amor à la tête de l'Organisation Arabe des Technologies de l'Information et de la Communication (AICTO). Un comité ad-hoc a été créé au sein du ministère des Affaires étrangères pour identifier les postes « intéressants », évaluer les chances des candidats potentiels, mobiliser le soutien des pays électeurs et faire aboutir chaque candidature ou négocier son retrait. Pourquoi ce dispositif n’a-t-il pas alors fonctionné?
Si un mutisme absolu est opposé sur la question aux Affaires étrangères, la réponse n’est pas difficile. D’abord, le Koweit qui a accédé pour la première fois en 2012, à la direction générale de l’Alecso depuis sa création en 1970, a vu son représentant décéder à moins de la deuxièé moitié de son second mandat. Sa priorité est reconnue quant à la succession de son propre représentant soit pour terminer le reste du mandat, soit pour une nouvelle période de quatre ans. Ensuite, le Koweit qui est l’un des plus gros contributeurs au budget de l’Alecso, au moment où de nombreux autres pays rechignent à s’acquitter de leur quote-part, a tenu à accueillir les travaux de cette assemblée générale extraordinaire. C’était là un signe qui ne saurait échapper à la vigilante attention de la diplomatie tunisienne. Persister alors à candidater, ne devait pas être la meilleure position, nonobstant la valeur de Mme Guettat Guermazi. A moins que des « pressions extérieures » aient été si fortes pour ne pas y renoncer. Ce n’était pas une erreur de casting, mais d’opportunité.
En pleine connaissance de la situation, il ne fallait ni nourrir de faux espoirs ni ferrailler avec un pays frère et ami dans une cause qui lui revient d’office. Dommage, Ministre Jhinaoui.
Taoufik Habaieb