Le Général Khérédine ou le réformisme à l’épreuve de la société
Le Général Khérédine (ou Khayr-al-Dîn) est, sans conteste, une des figures les plus prestigieuses de l’histoire politique tunisienne et un des pionniers de la pensée et de l’action réformistes dans le monde musulman. Son nom est associé, au plan théorique, à un essai (Aqwam al massâlik fî ma’arifat ahwâl al mamâlik) ,publié à Tunis en 1867, dont le but était de présenter les institutions représentatives modernes et de prouver qu’elles sont compatibles avec la charia. Au plan pratique, Premier ministre de 1873 à 1877, il dirigea un programme de redressement de l’Etat tunisien. Né vers 1822 dans une famille circassienne du Caucase, il est capturé enfant puis acheté et éduqué à Istanbul.
Acquis plus tard pour le compte du Bey, il arrive à Tunis en 1839 et rejoint le groupe des mamelouks du Bardo où il gravit les échelons de la hiérarchie militaire jusqu’au grade de général de division, commandant la cavalerie. Nommé ministre de la marine et président du Grand conseil, il en démissionne en 1862. Dès 1846, de nombreux voyages et missions en Europe occidentale et à Constantinople lui donnent l’occasion d’observer de près les progrès scientifiques et techniques prodigieux de l’Europe et les rouages des institutions politiques modernes. En 1869, il est nommé président de la Commission financière internationale créée par la France, l’Angleterre et l’Italie pour mettre sous tutelle, au bénéfice des créanciers étrangers, les finances tunisiennes. « Ministre-dirigeant » en 1870, puis Premier ministre (wazîr akbar) en 1873, il tente de réformer l’administration, la justice, l’enseignement, les fondations habous (ou waqf), ainsi que l’économie. En juillet 1877, il est obligé de démissionner et quitte, quelque temps après, Tunis pour Istanbul où le sultan Abdulhamid II – sous la pression insistante de la France - le nomme, en 1878, grand vizir. Il ne resta à ce poste que quelques mois, le temps d’obtenir l’abdication du khédive d’Egypte, Ismaïl, considéré par les puissances occidentales comme un obstacle à leurs intérêts. Khérédine Pacha (il avait été élevé à cette dignité par le sultan au moment de son accession au vizirat) mourut en son palais de Péra le 30 janvier 1890.
Mais revenons à la partie tunisienne de la vie de l’illustre personnage. Homme de sérail, intelligent et doué, Khérédine bénéficia de la sollicitude des beys Ahmed, Mhammed et Sadok ainsi que de la protection du puissant ministre Mustapha Khaznadar qui en fit son gendre. Plus que d’autres, il incarna ce que le statut de mamelouk pouvait conférer comme privilèges de toutes sortes au détriment des dignitaires autochtones même doués de grandes qualités. Ces privilèges accordés aux mamelouks du Bardo n’étaient pas de nature à instaurer une grande cohésion au sein de l’élite politique et de l’appareil d’Etat. Le pouvoir despotique jouait habilement sur les coteries et les intrigues de sérail, la rancœur rentrée des autochtones à l’égard des mamelouks et l’arrogance – pas toujours contenue - de ces derniers. Bien en cour, Khérédine accumula rapidement une fortune considérable. Cela n’avait rien d’exceptionnel chez un personnage de son statut et de son rang mais elle se constitua au moment même où la société tunisienne dans son ensemble, y compris les hauts personnages autochtones, connaissait une crise économique sans précédent. Cette crise suscitait un sentiment de précarité, voire une peur de l’avenir, qui furent sans doute chez nombre de ses contemporains un frein puissant à l’épanouissement d’un projet réformiste.
La situation exceptionnellement privilégiée de Khérédine (il était apprécié des pachas beys, ses maîtres, et du Khaznadar, son beau-père) et sa richesse constituèrent des atouts majeurs dans son parcours politique et rejaillirent sur la physionomie du courant réformiste tunisien. Son leadership au sein de ce courant, il le dut moins à son rôle de précurseur (il y avait déjà un Mahmoud Qabâdou, par exemple) qu’à son statut de haut dignitaire mamelouk. C’est en cette qualité qu’il put signer de son nom et faire publier par les soins de l’Imprimerie d’Etat un ouvrage révolutionnaire pour l’époque, le célèbre Aqwam al massâlik et le faire traduire en français et publier à Paris en 1868 sous le titre de Réformes nécessaires aux Etats musulmans. Les autres réformistes tels que les cheikhs de la mosquée- université de la Zitouna, Mohamed Bayram V et Salem Bouhajeb, étaient heureux d’avoir contribué anonymement à la conception et la rédaction de l’ouvrage car ils savaient qu’ils auraient été dans l’impossibilité de faire paraître leurs éventuels essais personnels sur la nécessité de procéder à des réformes dans le despotisme ambiant.
Homme de sérail, Khérédine n’était cependant pas un pur produit du Bardo. Elevé à Istanbul dans la famille d’un haut personnage à la fois très ottoman et très musulman, le Naqîb des chérifs Tahsîn bey, il n’arrive à Tunis qu’à l’âge de dix-sept ans environ. Il se distinguait donc de ses homologues, tels que le fameux Youssouf Saheb Ettabâa, Mustapha Saheb Ettabâa, ou encore Mustapha Khaznadar. Ramenés enfants de Moldavie, de Géorgie, de Grèce et d’ailleurs, et élevés dans les traditions locales, ces puissants personnages manifestèrent toujours un vif intérêt pour la culture tunisienne dans ses expressions académiques, religieuses et populaires ainsi qu’une vénération pour les saints et les confréries du cru. Khérédine, lui, garda davantage son caractère de mamelouk ottoman. Cette particularité, liée à sa première jeunesse à Constantinople, allait être renforcée par les nombreux voyages qu’il effectua à titre professionnel ou privé. Davantage en contact avec la Sublime porte et les hautes sphères politiques européennes qu’avec la société de la régence, il put, en quelque sorte, épargner à ses conceptions modernistes les pesanteurs de la culture politique traditionnelle qui régnait au Bardo et au sein des élites sociales. Paradoxalement, c’est donc en restant plus «mamelouk» et plus ottoman que Khérédine fut un réformiste tunisien ou, en d’autres termes, ce sont ses distances à l’égard de la société qui ont entretenu sa foi dans le réformisme. Son ouverture sur le monde joua en outre un rôle déterminant dans sa vision des relations internationales. Plus que tout autre haut dirigeant beylical, il était persuadé que, face à la pression européenne, il n’y avait d’espoir de salut pour la petite Tunisie que dans le renforcement effectif des liens avec l’Empire ottoman. Ce qui le distinguait profondément des princes et de leurs ministres fidèles à la doctrine beylicale husseïnite d’autonomie par rapport au gouvernement impérial turc.
Enthousiaste et déterminé, Khérédine était aussi un adepte de la réforme par le recours à l’autoritarisme. Là encore, la conception politique reflétait le statut social : comme le mamelouk se juxtaposait à la société en servant le pouvoir beylical, le projet réformiste se juxtaposait à la société et se servait de l’Etat. Les réformes législatives de 1857 et 1861 avaient, de ce fait, abouti à la perpétuation de la domination des mamelouks du sérail. A ce propos, Ahmed Ben Dhiaf, lui-même réformiste mais dignitaire autochtone, nous fait part, dans un des passages de sa chronique (Ithâf), de son dépit face au spectacle de la suprématie mamelouke au détriment, encore une fois, des dignitaires originaires du pays dans les conseils consultatifs créés par le Bey à l’occasion de la promulgation de la charte dite du Pacte fondamental de 1857, pourtant censée garantir l’égalité de tous.
Pur produit du despotisme oriental, Khérédine ne concevait pas de revendiquer une réforme au nom d’une catégorie sociale. Il ne parlait qu’au nom de l’élite dirigeante et pour elle. Il ne sollicitait que la participation des hauts dignitaires politiques et religieux. La distance qui séparait le Général des élites sociales l’empêchait de songer, par exemple, à associer à son projet les grands marchands de la médina de Tunis et des autres villes du pays. Et lorsqu’il invite les oulémas à donner, au nom d’un islam d’ouverture, leur caution à un projet réformiste fondé sur la justice et la liberté, il ne pense qu’aux hauts magistrats de la capitale, lesquels étaient en contact avec la cour du Bardo. De cette vision de la société, découle l’idée directrice de la pensée de Khérédine que l’élite dirigeante, politique et religieuse est seule susceptible d’améliorer les choses ou de les aggraver en orientant la société réduite à un rôle passif. Le réformisme de Khérédine est, là aussi, un autre reflet de la conception mamelouke des rapports entre le pouvoir et la société. Le projet réformiste, c’est encore le pouvoir face à la société et la subjuguant. Lorsqu’il accéda au poste de ministre-dirigeant puis à celui de Premier ministre, cette conception prit l’allure d’un despotisme qui, bien qu’éclairé et constructif, étonna ses proches compagnons eux-mêmes. Cette culture politique mamelouke s’inscrivait dans le cadre plus large de celle du Makhzen d’une manière générale qui – conformément à la mentalité de l’époque – déniait à de larges couches de la société le droit à la parole et, à plus forte raison, à l’action politique. On songe ici aux propos méprisants de Ben Dhiaf à l’égard des manifestants qui, à Tunis en septembre 1861, réclamèrent la suppression d’un tribunal d’un nouveau genre et réclamèrent un retour à la tradition d’une justice rendue par le Bey lui-même. Comme l’écrivait l’universitaire Abdelkader Zghal, «les sujets n’ont pas le droit collectif pour infléchir l’action politique de l’Etat. Pour être plus précis, la concertation de deux sujets pour influencer l’action du gouvernement est le début d’un complot contre l’Etat. Tel est le modèle (…) officiel de la vie politique après la promulgation du Pacte fondamental.» Le réformisme aboutissait ainsi à un conservatisme social puisqu’il perpétuait la relation traditionnelle entre le pouvoir oriental et ses sujets et qu’il restait fidèle au vieux clivage entre l’élite (al khâssa) et le commun des mortels (al ‘âmma).
La société tunisienne, quant à elle, se présentait, en cette funeste seconde moitié du XIXe siècle, sous un bien mauvais jour. Archaïque dans ses structures, elle était en outre épuisée par la crise qui sévissait dans les campagnes et qui, dans les villes, frappait de plein fouet des pans entiers de l’activité artisanale et marchande ruinés par la concurrence des produits manufacturés européens. La crise des finances beylicales rejaillissait sur tous les fonctionnaires. Les traitements n’étaient plus versés régulièrement. Pour différentes raisons, des grandes familles makhzen qui vivaient naguère dans l’opulence connurent l’endettement et la ruine. Une conscience aiguë de la précarité gagnait toutes les catégories sociales, y compris les dignitaires, autochtones surtout. Si un Khérédine était capable de démissionner et d’entamer dans l’aisance une « traversée du désert », quel dignitaire civil ou religieux pouvait prendre le risque de mécontenter le Bey, de risquer le limogeage, de perdre son salaire et peut-être tout son patrimoine ? Seuls ceux qui disposaient de larges rentes foncières comme un Mohamed Bayram V ou qui jouissaient de la protection bienveillante d’un personnage puissant pouvaient laisser transparaître leurs convictions réformistes. C’était le cas pour le cheikh Salem Bouhageb, protégé par le cheikh el-islam Bayram IV et le général Husseïn, ou encore pour Mahmoud Qabâdou par le même cheikh el- islam et le puissant vizir Mustapha Khaznadar.
En 1873, au moment où Khérédine, nommé Premier ministre en titre, en remplacement de Mustapha Khaznadar, entreprend sa politique de redressement de l’Etat, la société tunisienne, appauvrie, touchée dans ses forces vives, terrorisée par un pouvoir central d’autant plus vorace que ses caisses étaient vides, est, dans sa grande majorité, réfractaire à la nouveauté en politique, assimilée (injustement, certes, mais la chose était perçue ainsi) aux traumatismes consécutifs à la grande révolte de Ben Ghedhahem en 1864 et aux années noires qui ont suivi ce soulèvement dont une des revendications – finalement satisfaite - fut l’abrogation des institutions politiques et judiciaires nouvelles créées par le Bey dans l’esprit de la Charte de 1857 et la Constitution de 1861. A Tunis même, les institutions nouvelles créées à la même époque, comme le Conseil municipal et un corps de police, avaient été superposées aux institutions urbaines traditionnelles sans que l’Etat définît clairement les attributions des unes et des autres. Cette situation avait entraîné un imbroglio dont se plaignirent les autorités traditionnelles de la ville. Tous ces changements étaient vécus comme des agressions et la société eut tendance à se réfugier dans un passéisme intransigeant. Aussi, lorsque Khérédine engagea ses réformes, sa politique fut d’autant plus autoritaire qu’il chercha à l’imposer à une société privée de tout élément dynamique. Le ministre –que la culture politique mamelouke prédisposait, ainsi que nous l’avons vu plus haut, à la gestion autoritaire– allait être d’autant plus prompt à ne compter que sur lui-même et une poignée de collaborateurs que, contrairement à Constantinople, il n’existait pas à Tunis de secteurs professionnels susceptibles de véhiculer la réforme dans les milieux sociaux. Pas de marchands en contact avec l’Europe ; l’armée régulière organisée dès la première moitié du XIXe siècle, et qui en Turquie avait contribué à répandre les idées modernistes au sein des élites, connaissait, chez nous, dans les années 1860-1870, des difficultés de tous ordres. Les professions libérales qui, à Istanbul, recrutaient aussi au sein de la population musulmane étaient ici aux mains des seuls étrangers. Créé par Khérédine en 1875, le Collège Sadiki, premier établissement moderne d’enseignement, ne pouvait évidemment pas porter ses fruits du jour au lendemain. Outre toutes ces difficultés, la souveraineté du pays était depuis longtemps sérieusement malmenée et en 1881, le pays tombait aux mains des Français. Soulignons, à ce propos, que parmi les nombreux écueils qui parsemaient la route du vizir réformateur, celui que représentait la stratégie des consuls européens accrédités à Tunis n’était pas le moindre. Durant les quelque quatre années du ministère Khérédine, les représentants des chancelleries de France, d’Italie et de Grande-Bretagne ne cessèrent de manœuvrer en vue de paralyser cet effort de redressement car il gênait les intérêts de leurs gouvernements (dont le but était l’effondrement de l’Etat tunisien), et de leurs administrés qui étaient souvent des spéculateurs qui profitaient grassement du surendettement de l’Etat et des particuliers. L’historien Jean Ganiage le dit sans ambages : « Avec Khérédine, Roustan [consul général de France] perdait tout espoir de réaliser ce plan d’une vaste pénétration économique qu’il méditait déjà. Trop indépendant (…) le ministre tunisien était gênant. Roustan provoqua sa chute en l’abandonnant». A propos des spéculateurs, le même historien écrit: «Gros porteurs de titres eux-mêmes, ils ne pouvaient accueillir favorablement une réduction de leurs revenus; ils avaient trop d’avantages à voir se perpétuer un système de prêts usuraires au gouvernement pour souscrire de gaieté de cœur à un assainissement financier durable».
Le 22 juillet 1877, le Premier ministre Khérédine donnait sa démission. Ironie du sort, c’est le même Khérédine qui, installé à Istanbul, contribua à cette pénétration économique étrangère. En 1880, malgré une opposition farouche du gouvernement beylical, il vendit tous ses biens fonciers et immobiliers et notamment le fameux domaine de 100.000 ha connu sous le nom de Henchir de l’Enfida (qui lui avait été offert naguère par Sadok Bey) à la Société Marseillaise de crédit. Dans un contexte de crise diplomatique dont il serait fastidieux de développer les aspects ici, il donna, de ce fait, un prétexte à la France pour intimider le gouvernement beylical qui cherchait à faire annuler la vente, en envoyant le plus puissant navire de son escadre de Méditerranée, le Friedland, menacer La Goulette. Cette affaire ayant précipité les événements, dès mars 1881, Paris décidait de procéder à une intervention militaire en Tunisie.
Si l’attitude de l’homme privé, dans cet épisode, est sujette à caution, l’engagement de l’homme public durant sa carrière tunisienne n’a manqué ni de grandeur ni de pathétique. Qu’en retenir sinon que dans cette atmosphère délétère propre à la période précoloniale l’expérience de Khérédine, malgré des réalisations durables comme la création du Collège Sadiki et de l’Administration des Habous ainsi que la réforme de l’enseignement zitounien, fut une sorte de baroud d’honneur. L’état d’épuisement de la société et de l’Etat avait réduit l’ambitieux projet de modernisation politique que laissait présager Aqwam al Massâlik à une tentative d’assainissement de l’administration. Celui qui aurait dû être un grand réformateur de l’Etat ne fut en définitive, à cause des contraintes sociales et des manœuvres étrangères, qu’un bon vizir d’Orient. Khérédine est le modèle du vizir réformateur comme Mustapha Khaznadar est l’archétype du vizir conservateur ; mais tous deux participaient du même système politique qui leur conférait le même statut de haut dignitaire mamelouk. Malgré toute l’énergie de son auteur, les pesanteurs politiques, sociales et culturelles, la détresse économique et financière ne pouvaient qu’entraver un programme de réforme et de restauration de l’Etat appelé au demeurant à succomber– ici comme ailleurs - devant l’expansion impérialiste entreprise par les puissances européennes.
S’il y eut échec de Khérédine dans sa politique de réforme, il y eut cependant un admirable effort de redressement du pays et des hommes ainsi qu’une tentative courageuse d’injecter quelques éléments de modernité dans une société musulmane. Plus d’un siècle après la mort du grand ministre, son expérience politique nous livre un enseignement de taille : il n’est pas toujours bon d’être trop intégré dans une société affaiblie et menacée pour entreprendre une œuvre de renaissance ou, à tout le moins, de fonder une vision réformiste. Il convient d’être à l’écoute du monde davantage qu’aux bougonnements locaux. C’est le meilleur moyen d’échapper à la tentation démagogique. Attentif à l’évolution de son époque et peu enclin à prêter attention aux récriminations empreintes de nostalgie de nombre de ses contemporains, Khérédine fut dans la direction du pays un homme convaincu qu’il n’y avait guère de salut pour son pays hors de la modernité politique. Condamné à se mouvoir difficilement entre les contraintes internes d’une société exsangue et les manœuvres des puissances étrangères hostiles à une renaissance de l’Etat, il eut le mérite de poser les jalons d’une pensée politique réformiste et de tenter, malgré tout, l’expérience gouvernementale du renouveau. Aussi mérite-t-il largement la considération et le respect que la conscience tunisienne voue à sa mémoire.
Mohamed-El Aziz Ben Achour
Outre mes études et recherches, cet article est redevable aux travaux d’Ahmed Abdesselem, Ali Chénoufi, Moncef Chénoufi, Jean Ganiage, Magali Morsy, M.S Mzali, J. Pignon, Mongi Smida et G.S. Van Krieken.