C’est son style! Au détour d’une phrase, et alors qu’on s’y attend le moins, le président Béji Caïd Essebsi, lance un message clef. Répondant aux questions de Sofiane Ben Frahat, lundi soir sur Wtaniya 1, il a «recommandé» au chef du gouvernement de « faire connaître » son Plan de relance. Ce document d’une cinquantaine de pages, intitulé «Plan de relance économique et sociale à l’horizon 2020 » a pour sous-titre « structuration des réformes et plan de renforcement de la relance».
Mettant lui-même la main dans la pâte, Youssef Chahed y a travaillé avec une équipe restreinte composée notamment de Ridha Chalghoum, Taoufik Rajhi et Fayçal Derbel, ainsi que Lotfi Bensassi, jusqu'à durant l’Aïd pour le présenter, mardi 5 septembre, aux aux chefs de partis et d’organisations nationales signataires du pacte de Carthage, réunis à Dar Dhiafa. Tiré en un nombre réduit d’exemplaires, il leur a été remis. Et, c’est son contenu qui a servi de trame au discours-programme de Chahed, lundi 11 septembre, devant les élus de la Nation au Bardo.
De la pédagogie, plus que de la communication
Insuffisant, estime Béji Caïd Essebsi. Même s’il ne l’a pas clairement dit, le chef de l’Etat est en droit de considérer que le gouvernement manque de pédagogie pour expliquer ses stratégies et informer les Tunisiens de ses actions et projets. Férus de communication, au risque de s’en embraser, nombre de dirigeants faillent à leur devoir d’explication et de mise en débat.
En vieux routier de la politique, BCE est conscient de l’importance de cette pédagogie. La première phrase qu’il a d’ailleurs prononcée lors de son interview avec Ben Farhat, c’est de dire que cet entretien sera utile pour expliquer nombre de question et faciliter leur compréhension. Comme McLuhan, il sait que le message, c’est le massage. Il faut y revenir en 360°, et laisser l’esprit s’en imprégner.
L’échéance du 15 octobre
Sa «recommandation» de publier le Plan de Youssef Chahed vient à point nommé, pour engager d’ores et déjà le débat économique sur la base des orientations choisies par le gouvernement. Il est vrai que les partenaires de l'accord de Carthage auront à faire part, ce mercredi 20 septembre, de leurs commentaires et propositions quant au document. Des commentaires qui feront sans doute l’objet de discussion, puis de synthèse et prendra probablement du temps. Mais rien n’empêche, d’ici là, sa publication. A 3 semaines de la date fatidique du 15 octobre fixée constitutionnellement pour le dépôt du projet de loi de finance devant l’ARP, ce devoir d’information et de pédagogie, trouve toute son ampleur et son urgence. A moins que les « communicants de la Kasbah » pensent autrement.