Comment rendre possible une révolution verte en Afrique ?
Abidjan- De l'envoyé spécial de Leaders Abdelhafidh Harguem - Ils sont près de 1300 délégués, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes venus d'horizons divers, à prendre part à Abidjan au 7ème Forum africain pour la révolution verte en Afrique, qui se tient du 4 au 8 septembre courant , sur le thème: " accélérer la marche de l'Afrique vers la prospérité: contribuer à la croissance d'économies inclusives et à la création d'emplois à travers l'agriculture".
Devenu depuis 2010 un événement majeur à l'échelle du continent, ce Forum est considéré comme un cadre approprié de réflexion sur les voies et moyens de faire de l'agriculture un véritable levier de développement des économies africaines.
Forts de l'appui politique des Chefs d'Etat et de gouvernement, ministres, présidents et représentants d'organisations et d'institutions internationales et continentales, chefs d'entreprise opérant dans l'agriculture commerciale et l'agro-industrie, leaders d'opinion, acteurs de la société civile, chercheurs et hommes de sciences seront à pied d'œuvre dans la capitale ivoirienne pour continuer à identifier les lacunes et insuffisances qui entravent lourdement l'évolution de l'agriculture africaine et explorer les opportunités qui s'offrent aux pays du continent pour en faire un secteur hautement rentable et performant, de manière à combler leur déficit alimentaire et assurer des débouchés à leurs jeunes qui seront près de 300 millions à arriver sur le marché de l'emploi, d'ici 15 ans.
De nombreux panels et tables rondes figurent au programme des sessions parallèles organisées, aussi bien avant qu'en marge du Forum qui sera ouvert officiellement, le mercredi 6 septembre, par le Président de la République de Côté d'Ivoire Alassane Ouattara.
Résolument engagée dans l'action de promotion de l'agriculture africaine, la Banque Africaine de développement a organisé, lundi, en son siège à Abidjan, un débat en deux sessions sur la place des jeunes dans l'agriculture et leur apport au development de ce secteur. C'était l'occasion pour cette institution financière de présenter encore une fois son "Enable Youth Programm" et de donner la parole à de jeunes entrepreneurs africains dans le "business" agricole pour évoquer leurs expériences vécues et exposer leurs visions de l'avenir de l'agriculture sur le continent.
A l'occasion des assemblées générales annuelles de la BAD, tenues du 22 au 26 mai dernier à Ahmed abad en Inde sur le thème: " transformer l'agriculture pour créer de la richesse en Afrique", le président de cette institution, le nigérian Akinwuni Abesina avait déclaré que pour "stimuler l’agro-industrialisation, nous devons être capables de financer l’agriculture, pour en libérer le potentiel et en faire un secteur d’activités sur le continent".
Il avait également annoncé que dans le cadre de sa stratégie" Nourrir l’Afrique", la Banque africaine de développement investirait 24 milliards de dollars dans l’agriculture et le secteur agroalimentaire dans les dix prochaines années."C’est 400 % de plus que le niveau de financement actuel, qui s’élève à 600 millions de dollars par an", avait - t- il expliqué.
Il avait fait savoir qu'au cœur de cette stratégie," figurent 700 millions de dollars destinés à financer le programme phare "Technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique" qui vise à développer les technologies agricoles pour atteindre des millions d’agriculteurs africains dans les dix ans à venir".
Comment rendre possible une révolution verte en Afrique? Telle est la question qui sera omniprésente durant ces cinq jours d'intenses débats. Des solutions concrètes devront surtout être apportées à de récurrents problèmes auxquels fait face le secteur pour ne pas verser dans l'utopie : rendements limités, 65% des terres arables sont seulement cultivés, vulnérabilité aux changements climatiques, accès difficile aux financements, infrastructure quasi- inexistante dans le monde rural, désintérêt croissant des jeunes pour une agriculture de subsistance, recherche agronomique défaillante... Énormes défis qu'il importe de relever, sans quoi cette révolution ne sera qu'un vœu pieux.