Taoufik Kossentini, le bâtisseur en Afrique, est décédé
Il était encore, il y a quelques jours seulement, sur le chantier au Mali. Taoufik Kossentini, 64 ans, ingénieur centralien, est décédé suite à une subite crise de paludisme. Cette maladie tropicale à laquelle il avait longtemps échappé durant ses plus de vingt ans d’Afrique subsaharienne, a fini par le ravir furtivement à l’affection des siens.
Taoufik Kossentini était un véritable battant doublé d’un grand amoureux du continent africain. Sa vie, avait toujours été les chantiers et sa montre n’affichait que les délais de fin de travaux. Mi-août dernier, il n’était ni Hammamet, ni à Djerba, mais à Kolondiéba, au cœur du Mali, où par une journée pluviale, il supervisait les travaux d’aménagement d’une route, avant de poursuivre sa route vers Ndjamena, la capitale du Tchad pour d’autres chantiers. Au Mali, ce projet lui tenait particulièrement à cœur. Ce n’était pas le premier pour lui, des routes, mais aussi des bâtiments civils, il en avait partout construit dans la région.
Matheux, Taoufik Kossentini commencera ses études à l’Université de Tunis avant d’être admis en 1976 à l’Ecole Centrale des Arts et Métiers (Paris). Il en sortira diplômé en 1979 et rejoindra la SONEDE. Du bureau d’études aux chantiers, il y fera rapidement son apprentissage et prendra la direction de grands projets. Le sens de l’organisation et la qualité des relations humaines avec les équipes et les différents entrepreneurs et corps de métiers intervenants, seront ses atouts majeurs, en plus de sa compétence internationalement reconnue. Les bailleurs de fonds, comme les organismes de contrôle et les autorités feront de sa signature un label de confiance.
De grands entrepreneurs chercheront alors à le recruter pour lui confier de hautes fonctions. Taoufik Kossentini acceptera de rejoindre l’Entreprise Chaabane. Commencera alors une grande saga en Tunisie qui se poursuivra en Mauritanie et dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne. Kossentini créera son cabinet de consulting et sera sollicité de partout.
Le grand ingénieur qu’était Taoufik Kossentini ne saurait occulter une autre dimension bien importante de son parcours. Jeune étudiant, il avait été plébiscité par ses camarades pour prendre la direction, avec Mustapha Sellami, début des années 70, du Comité régional des Etudiants de Sfax (CORES). Ni affiliée au PSD, ni relevant de l’UGET, cette structure indépendante devait rassembler les étudiants issus de la région et poursuivant leurs études à Tunis (unique université à l’époque) et à l’étranger et leur offrir nombre de prestations. Déjà, il s’était distingué par son esprit d’ouverture, son sens de l’entraide et sa totale disponibilité pour les autres. Toute sa vie durant, il n’en avait jamais dévié.
Taoufik Kossentini laisse le souvenir d’un ingénieur émérite, d’un grand bâtisseur en Afrique et d’un illustre chantre de l’Amitié. Allah Yerhamou.
Taoufik Habaieb