Mourad Daoud: Là, ça vaut le coup de mégoter
Le geste est précis. D’abord, c’est le bout fumant qui est enfoncé à peine ce qu’il faut. Ensuite, un taraudage habile l’implante. Finalement, il est recouvert soigneusement d’une poignée sable fin. Ainsi est le cycle de fin de vie d’une cigarette consumée sur une de nos magnifiques plages tunisiennes.
En cette fin d’été, les mégots rivalisent avec les coquillages en nombre. A croire que les plaisanciers avaient passé plus de temps à fumer qu’à profiter de la beauté de notre mer. Huppées ou populaires, le constat est pareil partout. Qu’est-ce qui pousse la majorité de concitoyens (et avant tout êtres humains doués d’intelligibilité) à planter ce bout spongieux chargé en nicotine et autres innommables substances dans des sites naturels représentant les rares espaces d’évasion pour nos familles pendant les vagues de chaleur ? Si seulement ça poussait et fleurissait, au moins on comprendrait ?
Ceux qu’on peut voir prendre soin de mettre leurs mégots dans un gobelet rempli de sable ou tout autre cendrier de fortune sont souvent des étrangers touristes ou expatriés dont l’esprit est sûrement fait autrement que le nôtre puisqu’il n’y viendrait pas de salir cette belle terre avec leurs résidus.
L’argument scientifique entendu de la bouche d’un jeune homme sur une plage privée « mais où est le problème ? c’est biodégradable ! » disait-il sans sourciller derrière ses lunettes de marque. Lui et ses aïeuls sont biodégradables, pas son mégot. Et quand bien même, ce le serait ! Se verrait-on faire ses besoins en dessous de sa parasole sous prétexte que c’est organique ?
Ni ce texte ni les pancartes de sensibilisation souvent à moitié effacées par le soleil ne peuvent être efficaces face à l’incivisme ancré. Seule solution à court terme, la répression et les amendes pour tous ceux qui portent préjudices à nos côtes.Encore une idée qui partira en fumée.
Mourad Daoud