Savoir tirer la leçon !
1. Le savoir ; le dynamo du développement de l’humanité
Il fut toujours des époques propices au développement de nouvelles technologies. Il y a quelques milliers d’années était inventé le papyrus (première forme de papier), Il y a quelques centaines d’années était inventé l’imprimerie, Il y a quelques dizaines d’années était inventé l’ordinateur, Il y a quelques années était inventé l’Internet of ThingsIoT (Internet des objets). Le savoir et la science étaient et resterons toujours le principal vecteur de développement et de prospérité de l’humanité.
2. L’invention de l’imprimerie ; un tournant dans l’histoire
La fin du XVe et le début du XVIe siècle sont marquées par l’invention de l’imprimerie à caractères mobiles, alors que l’Europe traverse une crise de civilisation.Pour de nombreux historiens, au siècle des lumières, la diffusion des nouvelles idées scientifiques et philosophiques est due en grande partie à l’invention de l’imprimerie.Sans l'imprimerie, les idées de beaucoup de philosophes et scientifiques n'auraient pas connu une large diffusion. L’inverse aussi est vrai, sans la science, cette invention n'aurait pas connu un succès si rapide.
L’invention de l’imprimerie à caractères mobiles on l’a doit à Gutenberg vers 1450, fils d’un maître de monnaies, qui l’a certainement inspiré pour développer son sens de l’innovation. Le marché potentiel pour un livre fabriqué à de nombreux exemplaires existe bien surtout que le manuscrit reste cher.En effet, la copie manuscrite entraîne des coûts très importants.Vers 1455, Gutenberg achève la Bible, premier livre imprimé à quelques dizaines d'exemplaires, dont le succès était immédiat. Il est suivi de beaucoup d'autres livres.Ainsi, la Renaissance apporte un vent nouveau sur le monde de la connaissance. Le besoin de la diffusion de textes à grande échelle est demandé et bien ressenti. La multiplication des universités médiévales à travers toute l’Europe avait exigé une augmentation du rythme de reproduction des ouvrages. Si le monde du XVIe siècle avait connu une telle effervescence culturelle, la diffusion de l'imprimerie en est un facteur majeur.Quand, au tournant du siècle, les pouvoirs publics tentèrent de s'assurer le contrôle de ces imprimeries, il était déjà trop tard.
3. Une mauvaise décision prise au mauvais moment !
Mais qu’en ai-t-il de l'imprimerie et sa diffusion dans le monde arabo-musulman dominé à l’époquepar l'Empire Ottoman. Il s’avère que pour des raisons techniques, religieuses, politiques, économiques et culturelles, l’imprimerie à caractères mobiles s’est implantée que très tardivement dans le monde arabo-musulman.Alors qu’entre 1455 et 1500, plus de 1000 imprimeries ont été créées dans toute l'Europe où la production se monte à quelques milliers d'ouvrages durant le Moyen Âge, paradoxalement en 1485, alors que l’empire ottoman était dans sa apogée, le sultan Turc en exercice interdit l'imprimerie en caractères arabes !!!
Ce n'est qu’au début du XVIIIe siècle, que la première imprimerie fut autorisée dans l'Empire Ottoman, et ce grâce au mouvement de réforme des institutions politiques, administratives et militaires qui traverse le pouvoir en fin de XVIIe siècle.En l’espace de 20 ans,uniquement dix-sept livres d’histoire, de géographie, de sciences et de langue sont faits imprimer.Malheureusement, l’imprimerie fut encore interditedès 1745 puisqu’on considérait qu'il s'agissait d'un vecteur de la diffusion des idées et de la pensée occidentale !Par ailleurs, l’écriture arabe jouit d’un prestige bien plus grand que celle d’un simple instrument de communication. En effet, liée au Coran, l’écriture arabe, avec sa nature cursive, est investie d’une forte dimension spirituelle et esthétique. Il s’agit là de l’un des facteurs qui ont contribué à freiner l’expansion de l’imprimé par rapport au manuscrit. Après quelques tentatives isolées, plus ou moins réussies, l’imprimerie commence réellement à concurrencer la copie manuscrite qu’au milieu du XIXe siècle bien qu’elle se trouve heurtée encore à l’attachement du public lettré pour le manuscrit et au nombre réduit de lecteurs.
Ce petit résumé illustre assez bien le fossé entre les deux mondes à cette époque de XV et XVI siècle, un fossé qui sera creusé durant quatre siècles ! C’est une conséquence attendue d’une une mauvaise décision qui a été prise au mauvais moment ! Une question toujours d’actualité : A-t-on vraiment tiré la leçon aujourd’hui ?
4. L’avenir est dans les TIC
Aujourd’hui notre pays, en pleine relance économique après des années de crise politique,ses politiciens l’ont bien compris : si l’ambition est de devenir un pays émergent à l’horizon 2020, il ne pourra y arriver sans le développement de la connaissance, des savoirs et des TIC (Technologie de l’Information et des Communications). Après avoir affiché un taux de croissance négatif, il y a quelques années, du à la transition démocratique, la Tunisie devrait rebondir. On prévoit pour l’année en cours un taux autour des 3 %. Cette reprise économique, la Tunisie la doit essentiellement aux grands projets de travaux publics, à l’agriculture et à la reprise des investissements privés. Mais de nombreux défis demeurent pour rendre cette croissance durable, et le développement des TIC et de l’IoTen est un. Le gouvernement tunisien devrait être convaincu que les TIC sont une véritable opportunité pour atteindre plus rapidement et plus efficacement les objectifs qu’il s’est fixés en termes notamment de création de richesse et de développement. Pour cela, il faut tirer les bonnes leçons, il faut avoir une vision claire, il faut de la volonté, il faut avancer à fond, pas question d’hésiter, pas question de faire les choses à moitié !
Mohamed Ali Mahjoub
Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sousse