Ce que les Tunisiens attendent de la mission de Youssef Chahed à Washington
Washington DC – De l’envoyé spécial de Leaders, Taoufik Habaieb. « S'il s'agit de prendre des photos avec les principaux dirigeants de la nouvelle administration Trump, il sera bien servi. Le vice-président Mike Pence et nombre de ministres, avec en prime, des Congressmen et autres décisionnaires influents le recevront. Mais, en fait le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed qui effectue dès ce lundi matin sa première visite officielle à Washington est très attendu pour des entretiens de haut niveau portant sur des sujets importants d’intérêt commun». C’est ce que résume pour Leaders un spécialiste américain des relations internationales, qui suit de près le dossier Tunisie. « La nouvelle administration est curieuse de connaître ce nouveau jeune chef de gouvernement, d’écouter son analyse de la situation dans son pays, mais aussi dans la région et de comprendre sa vision pour l’avenir. »
Une alliance de longue date qui dépasse les administrations et un soutien à maintenir
Du côté tunisien, on affirme que ce déplacement dans la capitale fédérale connsacre des relations tuniso-américaines de plus de deux siècles. Il vise à confirmer une alliance qui s'enrichit à chaque nouvelle administration. Il s'agit aujourd'hui de maintenir le même niveau de soutien américain à la Tunisie, voire l’accroître et l’élargir à d’autres domaines. Allié majeur non-membre de l'OTAN, statut accordé à la Tunisie, à l'initiative de Barack Obama, à la faveur de de la visite du président Béji Caïd Essebsi à Washington DC, en mai 2015, aura été prometteur pour la sécurité défense. Des projets de coopération militaire se réalisent en espérant qu'un même élan imprime les aspects économiques, financiers et culturels. Le dioscours transition et démocratie émergente a fait son chemin. D'autres enjeux s'imposent à présent. Avec tous les changements intervenus dans les deux pays, la Tunisie tient un langage nouveau, plus approprié en win-win, avec des objectifs précis.
Une bonne préparation
D’ores et déjà, les ministres des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, de la Défense, Farhat Horchani, et de la Coopération internationales et des Finances (par intérim), Fadhel Abdelkéfi, avaient déjà fait récemment le déplacement à Washington. Au niveau le plus élevé, les deux présidents, Béji Caïd Essebsi et Donald Trump se sont rencontré deux fois, en mai à (Riyad), puis en juin dernier (au G7 à Taormina) et jeté les jalons d’un renforcement de la coopération bilatérale.
Transactionnel
Spécifique et transactionnel comme l’apprécient les nouveaux dirigeants autour de Donald Trump, Youssef Chahed mettra en valeur tout l’intérêt que la Tunisie, et son rôle dans la région, représentent pour les Etats-Unis, sa sécurité et son économie. La capacité de notre pays à résoudre les conflits les plus compliqués et à faire face résolument au terrorisme est à son palmarès. Tout comme le rôle joué pour favoriser la stabilisation de la Libye. L’impact sur la sécurité et le verrouillage de l’émigration clandestine vers l’Europe, constituent des acquis pouvant bénéficier non seulement à l’Europe et au-delà à d’autres pays, mais aussi aux intérêts américains.
Un climat d’affaires assaini et attractif
Sur le plan économique, l’engagement à améliorer le climat des affaires et de l’investissement, à la faveur de la nouvelle réglementation adoptée et la ferme politique de lutte contre la malversation, offre un signal fort au secteur privé international. Les Etats-Unis y sont sans doute sensibles. D’ailleurs, si Youssef Chahed conduit dans sa mission à Washington une délégation officielle restreinte, il est accompagné par un groupe d’importants dirigeants d’entreprises du secteur privé tunisien, dirigé par Khaled Babbou, président de la Chambre de Commerce Tuniso-Américaine (AmCham). Tout en plaidant l’attractivité du site tunisien pour les investisseurs américains, l’une des principales demandes de la Tunisie est la lavée de la barrière douanière sur le textile tunisien, taxé à 17% sur le marché américain. Une mesure qui créera dans l’immédiat pas moins de 30.000 emplois dans des régions prioritaires.
Un discours direct, dans les nouveaux codes
Le message que portera Youssef Chahed aux Américains est clair : soutenir la Tunisie, c’est investir dans la sécurité aussi de toute la région et sa stabilisation, ce qui relève des intérêts des Etats-Unis. Mais aussi, favoriser des opportunités de partenariat économique pour les opérateurs du secteur privé dans les deux pays. Et surtout, conjuguer nos efforts communs sur nombre de questions d’acuité. Un discours qui se veut direct, dans les nouveaux codes de Tunis et de Washington.
Le FMI et la Banque mondiale à mobiliser davantage
Le chef du gouvernement mettra également à profit son séjour dans la capitale fédérale pour s’entretenir avec les dirigeants des principales institutions financières internationales, le FMI et la Banque mondiale. Faire le point sur l’avancement des réformes amorcées, mais aussi mobiliser le soutien pour le financement du Plan de développement économique 2016 -2020 et l’appui au redressement des finances publiques, seront au centre de ces entretiens.
Taoufik Habaieb
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