Sfax - De l’envoyé spécial de Leaders, Taoufik Habaieb. Cette visite mercredi après-midi à Sfax, le chef du gouvernement, Youssef Chahed l’appréhendait. Beaucoup plus que celle qu’il y avait effectuée, il y a près de deux mois, les 20 et 21 et avril dernier. Confronté au début de la concrétisation des mesures annoncées à cette occasion, notamment l’arrêt de la SIAPE, il devait défendre sa crédibilité. Une deuxième grande question se pose avec acuité : comment Sfax réagit à la lutte engagée contre la malversation ? L’un des gros bonnets aujourd’hui arrêté, faisait en effet accroire qu’il était le parrain de la région et que rien ne peut s’y faire, en politique, comme en affaires ou dans le sport, sans lui et encore moins, contre lui.
Premier signal donné par Sfax : l’ovation qui accueille Youssef Chahed dès qu’il entre dans la grande salle de la Foire de Sfax. Archi-comble, elle lui réserve, d’emblée un accueil chaleureux. Parmi l’assistance on reconnaît de vieux militants de la première heure, des pionniers de l’industrie et du commerce local, Hédi Zeghal, ancien ministre sous Bourguiba de la Jeunesse et des Sports, le fils de Hédi Chaker, Mongi, mais, aussi des figures significatives de la société civile et militants inlassables de la « cause de Sfax ». De tous les chefs de partis, Mohsen Marzouk, était le seul présent, certes en tant que fils de la région, mais aussi en sa qualité de leader d’El Mechrou. Affectueusement accueilli, il ne manquera pas de faire l’objet d’une mention spéciale d’Abdellatif Zayani, dans son discours, et d’une petite phrase bienveillante de Chahed.
Résolument contre la malversation
Le deuxième signal, c’est Abdellatif Zayani, président de la Foire et ancien président de l’UTICA régionale qui le donnera à Youssef Chahed. « Sfax soutient fermement votre engagement contre la corruption, la contrebande et toutes les formes de malversation», lui lancera-t-il, sous les applaudissements de la salle. Une lutte, précisera-t-il, qui s’exerce dans la légalité, le respect des droits, l’équité, et l’égalité de tous devant la loi. »
Censée constituer une manifestation purement commerciale, la 51ème édition de la Foire internationale de Sfax qui rassemble sur 13.000 m2 d’exposition, plus de 200 participants et s’apprête à accueillir pas moins de 300.000 visiteurs, s’impose en forum politique. La cérémonie d’ouverture offre en effet l’occasion de « rappeler » devant le chef du gouvernement, les «gémissements» de la région et de ses générations. Les plaies sont multiples et profondes. Du coup,
le discours de Zayani ne s’adresse plus à l’invité de marque reçu, mais prend l’assistance à témoin.
La machine reprend
Mieux que ses prédécesseurs, Youssef Chahed s’en sortira bien et parviendra à arracher le préjugé favorable des présents. Il y parviendra en mentionnant le démarrage de nombre de chantiers annoncés en avril dernier. Le démantèlement de la SIAPE, qui prendra du temps a commencé, soulignera-t-il. La bibliothèque numérique, longtemps bloquée, vient de résoudre ses problèmes. Taparura, l’appel d’offres pour la société de développement a été lancé le 2 juin dernier et 21 opérateurs ont d’ores et déjà retiré le cahier des charges. L’aménagement des entrées Nord et Sud de Sfax sont lancés, tout comme la réhabilitation de 7 quartiers populaires sur les 20 zones retenues. La CNSS et la CNAM ont ouvert des bureaux à Kerkennah.
« Il va falloir rattraper tant de retard subi par la région, tant d’injustices. Heureusement qu’aujourd’hui, la machine reprend. Une nouvelle dynamique s’enclenche à Sfax, comme dans nombre d’autres régions, se félicite Chahed. L’essentiel, c’est qu’il ne faut pas attendre la visite d’un ministre ou du chef du gouvernement pour résoudre un problème. La région elle-même doit trouver les solutions appropriées et débloquer la situation. C’est ça la nouvelle donne ! »
Trois batailles en une
Le chef du gouvernement rappellera que la Tunisie est en train de livrer trois guerres à la fois. Contre le terrorisme, contre la malversation et contre le chômage. « Ce ne sont pas les batailles du gouvernement, à lui seul, mais celles du peuple tout entier », affirmera-t-il.
Un discours qui fera son effet, sauf sur les éternels sceptiques.
T.H