News - 01.07.2017

Dr Mohamed Salah Ben Ammar: Transplantation d’Organes et Religions

Transplantation d’Organes et Religions

L’universalité est la particularité des humains. Il y a donc une universalité et des particularités de l’éthique mais autant les particularités sont respectables, autant elles ne peuvent et ne doivent pas s’ériger en universalité.

Tout le monde meurt, tout le monde est astreint à la souffrance. Tous les hommes rient et pleurent mais pas pour les mêmes raisons.

Tout le monde croit, tout le monde a une religion et même l’agnostique le plus pur, l’athée le plus résolu croit en l’homme et en l’existence d’une transcendance. Parce comme le disait
Theillard de Chardin “ Tout ce qui s’élève converge“ ou alors en tant que musulman je ne peux et ne doit que respecter la diversité des croyances et des religions. S42 V8 “Si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait des hommes une seule communauté.“

Plus encore ma lecture de la vie du prophète Mohamed (SAW) me démontre que les différences entre les religions sont un ferment démocratique. « Dis : O vous les infidèles ! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. A vous votre religion, et à moi ma religion»
Avec une telle conception de la religion ou plutôt de la spiritualité, on peut imaginer que l’un des buts de la religion est de moins mal mourir ou de rendre la vie moins dramatique.
En tant que médecin intéressé par les questions d’éthique et dans la transplantation il y a une réconciliation ou plutôt une association entre une action médicale et donc collective, sociale tournées vers l’autre et une action d’essence spirituelle ou religieuse qui est privée ou plutôt intime.

Le fait religieux est toujours aussi un fait historique, sociologique, culturel et psychologique.

Robert Lowie avait noté il y a plus d’un siècle l’existence d’une croyance suprême même chez les peuples les plus archaïques. Pour Durkheim, la religion est la projection de l’expérience sociale. En étudiant les aborigènes australiens, le même Durkheim avait remarqué que le totem symbolisait tout à la fois le sacré et le clan. Il en avait conclu que le sacré et le groupe social n’étaient qu’une seule et même chose.

Thurnwald tenta d’expliquer par un cheminement chronologique les croyances religieuses. Au stade la cueillette pensait-il, l’homme avait sacralisé les animaux ; l’homme chasseur a inventé le totémisme, les premiers agriculteurs ont personnifié les divinités et enfin les peuples pastoraux ont crée les Grands Dieux.

Et il ne faut pas être un théologien chevronné pour remarquer que toutes les religions partagent les six mêmes grands principes : La détention de la vérité, la sacralité, les valeurs morales, la communauté d’appartenance, la croyance au surnaturel et les pratiques rituelles.

Les trois religions monothéistes (Judaïsme, Chrétienté et Islam) n’échappent pas à ce schéma, en revanche elles se distinguent chacune par l’existence d’un recueil d'Ecritures qui lui est propre. Ces documents constituent le fondement de la foi de tout croyant qu'il soit juif, chrétien ou musulman. Ils sont pour chacun des croyants la transcription matérielle d'une Révélation Divine, directe comme dans le cas d'Abraham ou de Moïse qui reçurent d'Allah même les commandements, ou indirectes dans le cas de Jésus et de notre Prophète.

Mohammed (SAW), le premier déclarant parler au nom du Père, le second transmettant aux hommes la Révélation communiquée par l'Archange Gabriel.

Le judaïsme a pour livre saint la Torah. Mais le judaïsme n'accepte aucune révélation postérieure à la sienne. Chez les juifs, la loi se trouve dans la Bible, notamment dans les cinq premiers livres attribués à Moïse. Cette loi révélée s’impose au croyant juif en tout temps et en tout lieu.

Le christianisme a repris à son compte la Bible hébraïque en y ajoutant quelques suppléments. Notons que bien que provenant de la tradition juive, Jésus lui-même était peu enclin au respect de la loi telle que dictée par la Bible.

Pour Frank Simon “L’éthique Chrétienne ne rejette pas les normes de conduite…c’est pour elle quelque chose de secondaire, de superficiel et de dérivé. Son véritable objet n’est pas la conduite mais l’état intérieur de l’âme humaine…elle n’est pas dirigée vers les actions, mais vers l’être même…la conduite doit être seulement l’expression naturelle et le fruit d’un état intérieur." dans la “ vérité paradoxale du christianisme. Quand à l’Islam, le Coran prescrit à tout musulman de croire à l'Ecriture antérieure à lui.

Il met l'accent sur la place prépondérante occupée dans l'histoire de la Révélation par les Envoyés d'Allah, tels que Noé, Abraham, Moïse, les Prophètes et Jésus qui est placé parmi eux à un rang particulier.

L’islam, dernière des religions monothéistes, s’est aussi d’emblée autoproclamée universelle, destinée à tous les humains sans distinction, dans l’espace ou dans le temps.

Dés le début il faut souligner que la confusion qui assimile l’islam aux arabes a été longtemps l’un des freins dans le monde occidental à la compréhension des différentes cultures musulmanes. Elle n’est pas fortuite, elle est la conséquence du mode de diffusion concomitante de notre religion et de la langue arabe dans le monde.

Beaucoup d’arabes ne sont pas musulmans et inversement les 4/5 des musulmans dans le monde ne sont pas arabes. Mais le Coran, parole inaltérable d’Allah, pilier sinon unique et dans tous les cas de figures, seule référence incontestable, est écrit en arabe (Nous avons ainsi révélé en arabe une Sagesse).
Plusieurs traductions du Coran existent mais seule la version en arabe est sacrée.

Autrement dit il est difficile de définir une éthique islamique uniforme de l’extrême orient à l’Afrique noire en passant par l’Inde ou le Turkmenistan, sans tenir compte du fait que l’aspect sacré est fortement imprégné du système de valeurs de la péninsule arabique.

Il est évident qu’il existe un socle philosophique commun pour faire un Homo islamicus, quelque en soit l’origine géographique. Pour Hichem Djait (Historien tunisien auteur de la grande fitna et de la vie de Mohamed(SAW)) dans : La crise de la culture islamique, Il y aurait deux systèmes de valeurs en islam :

Le premier système de valeurs vise à pacifier les rapports humains, à les élever à un plus haut degré d’humanité. L’Homo islamicus est un Homme responsable (4:85 celui qui intercède d’une bonne intercession en obtiendra une part. Celui qui intercède d’une mauvaise intercession en sera pleinement responsable. Dieu tient compte de tout.) qui répondrait donc à quelques valeurs sûres impératives, simples explicitées très clairement dans le Coran (16 : 90 Oui, Dieu ordonne l’équité, la bienfaisance et la libéralité envers les proches parents.)

Le deuxième système de valeurs est plus politique et social, il couvre la majeure partie du comportement des hommes, il répond à des recommandations coraniques aux contours plus flous. Il a fallu y greffer, les hadiths (paroles du Prophète) et la Sunna (conduite du prophète), sujets parfois à controverse et toujours à interprétation, ce qui en même temps complexifie et humanise le message du prophète. Le pouvoir politique et religieux s’approprient le message de Mohamed (SAW) pour imposer une éthique temporelle politiquement correcte et éviter aux humains de s’écarter du droit chemin. Cela ne pouvait bien évidement qu’altérer l’universalité et la portée du premier message. La réflexion sur le don d’organes et la la transplantation en islam qui suit se restreindra au premier système de valeurs.
Par ailleurs en Islam, comme Saint Augustin (Maghrébin et Berbère, tout comme trois Papes d’origine Maghrébine) pour la Bible, nous avons toujours considéré qu'il y avait concordance entre les données de l'Ecriture sainte et les faits scientifiques.

Mohamed (SAW), lui aussi, a été persécuté parce qu’il était peu enclin au respect des traditions. Abdelmajid Charfi a écrit : “[Mahomet](SAW) annonce à toute l’humanité l’inauguration d’une ère nouvelle, d’une nouvelle étape de l’histoire où l’homme ayant atteint la maturité, n’aura plus besoin d’un guide ou d’un tuteur pour les moindres détails de son existence...Alors le Prophète est vraiment « un témoin, un annonceur et un avertisseur »; par ses paroles et par ses actes, il est le « bel exemple »…autrement… il aurait enraciné le conformisme qu’il était venu combattre, il n’aurait fait que remplacer une tradition par une autre.“ fin de citation, tout comme Moise et Jésus.

En réalité nous le savons bien la tolérance et l’intolérance des hommes au nom des religions ont souvent été conditionnées par des facteurs économiques ou politiques.

Valeurs de l’Islam

En Islam, l’homme est seul responsable de ses choix devant Dieu, il n’y a pas de clergé  « redoutez le jour : où nul ne sera récompensé pour autrui, où nulle intercession ne sera acceptée, où nulle compensation ne sera admise, où personne ne sera secouru »
Pour les musulmans vivants dans des pays laïcs, où des lois ne concordent pas avec le Coran, ils auront à décider en tant qu'individus, car il n’y a pas de clergé en Islam. A chacun de fournir à partir de sa propre conviction, des éléments de réponse objective et personnelle face aux évolutions majeures de la société.

Les débats autour de la transplantation d’organes et la religion ne sont-elles pas donc en définitif qu’une façon d’occulter les réels obstacles au développement de cette thérapeutique, c'est-à-dire les insuffisances techniques, médicales, éducationnelles ou économiques existantes ou encore un refus camouflé ?
Je ne le pense pas, le problème est beaucoup plus complexe.

Rappelons-nous qu’il existe une claire corrélation en l’indice de développement humain et le nombre de transplantations effectuées à travers les pays, exceptions faites de certains pays : la Corée du Sud, le Japon et les pays du Golf arabique.

Il n’en demeure pas moins qu’il est évident que ce n’est que pour des raisons de nécessité, que le politique s’est appuyé sur la religion pour répondre aux inquiétudes. La greffe d’organes n’a pas échappé à cette règle.

La vision du monde pour un musulman ne doit pas être statique. Cette approche a été souvent combattue par les fondamentalistes. L'approfondissement des connaissances est une obligation « Dieu élèvera ceux parmi vous qui croient et ceux à qui a été donné d’atteindre des degrés de savoir », pour que l’homme en déduise que son existence n'est pas le fruit du hasard mais la volonté de Dieu.
L’Islam prône le pragmatisme. C’est une religion aisée, dans sa conception et sa pratique « Dieu veut alléger vos obligations, car l'homme a été créé faible ». s4v28.

Le concept communautaire est quasiment mythique pour les musulmans. Tout acte individuel est jugé, plus méritoire, quand il est accompli collectivement, car il donne alors, une nouvelle occasion d'affermir le rapprochement des hommes. « Que de vous se forme une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, proscrive le blâmable : ce seront eux les triomphants » s3v104.

La solidarité est éthiquement et légalement obligatoire pour les musulmans : « En vérité la Fraternité qui est la vôtre est une seule Fraternité… ». La Zakat, qui est "la dîme" à payer sur ses revenus est le troisième des cinq fondements de l'Islam et en est l’une des illustrations.

Nous nous imaginons bien que ce principe de communauté solidaire ne va pas sans conséquence et influe profondément sur le principe d’autonomie et sur les modalités et la nature du consentement en Islam.
Mais même si l’intérêt de la collectivité prime toujours sur l’intérêt de l’individu mais l’homme reste la mesure de toute chose. Le respect de la vie, l’inviolabilité, l’intégrité du corps humain et l’interdiction de toute pratique eugénique sont rappelés à plusieurs reprises dans le Coran.

Aussi la mort n’est pas une fin mais une transition vers une vie plus heureuse pour les justes. Il n’en demeure pas moins que la préservation de la vie est un devoir sacré. Nous y reviendrons.

Islam, patrie de résistance identitaire ou Le revers de la médaille?

Avouez qu’il y a de quoi rester dubitatif devant le fossé qui existe entre les valeurs véhiculées par le Coran et le refus du don d’organes très souvent exprimé au nom de ce même Islam ? La précarité des citoyens, associée à une certaine corruption des mœurs et à l’amateurisme du corps soignant face aux interrogations légitimes posées par la greffe pourraient à elles seules justifier la réponse.

Peut-être faut-il d’ores et déjà tenter d’avancer une hypothèse, les acteurs de la greffe ont esquivé les vrais problèmes de sociétés. Car avouons-le, le don d’organes et la transplantation impactent réellement les fondements de la société, et peut-être comme le dit Fliss-Trêves « plus le contenu d’une loi est grave, moins l’élaboration doit en être précipitée et monopolisée ». Cela n’a pas toujours été le cas dans des sociétés privées de débats démocratiques. Les répercussions des pratiques quotidiennes sur l’exigence éthique ont été sous évaluées et nous avons demandé aux religieux à travers une multitude de fatwa et décisions depuis les années 70 une forme d’absolution. Or le don d’organe se situe avant tout dans le registre du symbole : « A l’inverse d’être un signe de générosité sociale, les greffes d’organes introduisent une faille dans le lien social, elles modifient la morale collective... ».

Ce dialogue défaillant a donc ébranlé la confiance des familles dans le corps soignant, intermédiaire professionnel incontournable dans cette dynamique. Or cette confiance entre les trois partenaires, donneur, receveurs et corps médical ne se bâtit que sur une communication soutenue, sur une valorisation du citoyen et de l’acte, sur une reconnaissance de l’expertise des soignants, sur un équilibre des connaissances permettant un dialogue équilibré. Elle est conditionnée par des valeurs universellement reconnues comme, la non patrimonialité du corps, la gratuité ou l’anonymat. En l’absence d’équité dans un système de santé, rien de cela n’est envisageable quelque soit la crédibilité des avis religieux ou des hommes de religion eux mêmes.

Bref, autant de questions non réglées dans un monde en proie à des soubresauts. Dans ces conditions le plus aisé aura été de dévier le débat sur le don d’organes vers la question religieuse.

Je vous demande d’imaginer ce qui a pu se passer dans la tête d’un enfant de 11 ans dont la mère est en insuffisance rénale terminale. Il la voyait revenir à la maison transformée après chaque séance de dialyse péritonéale revenir (guérie pensait-il), mais il ne pouvait ignorer la la dégradation quotidienne de son état de santé entre deux séances de dialyse. Imaginez aussi qu’un jour, au bout de trois mois de séances de dialyses péritonéales itératives, les médecins demandent à la famille d’être courageuse et d’accepter la fatalité. Ils annoncent à la famille que cette jeune femme de 36 ans mère de deux enfant est condamnée à mourir.

Enfin imaginez l’ultime promesse faite par cet enfant à sa mère sur son lit de mort lors de leur dernière rencontre, dans un ultime échange, un ultime moment de lucidité capté par l’enfant, “Maman je serai comme tu l’as toujours souhaité médecin“.

Et puis 15 ans plus tard cet enfant devenu interne dans le même service où sa mère est morte…et il observait qu’encore des insuffisants rénaux jeunes, étaient encore renvoyés chez eux faute de dialyse…A chaque dossier refusé, il revivait la douleur qui ne l’avait jamais quitté depuis ce 15 juin 1967. C’est l’histoire de mon combat pour le don d’organe et la transplantation.

L’histoire de la transplantation d’organes, ce miracle du 20eme siècle, est émaillée d’histoires dramatiques et de bonheurs aussi. Je pense aussi à cet enfant palestinien tué par l’armée d’occupation israélienne et dont la famille a fait don de ces organes. Ils ont été greffés à des enfants israéliens, ou encore cet enfant américain de 7 ans tué accidentellement en Sicile par une balle perdue de la Mafia et dont le père a accepté de donner les organes…je pense à cette maman qui entend le cœur de sa fille battre dans le thorax d’une petite fille greffée…et nos pratiques quotidiennes sont à peine moins spectaculaires, et en tout cas elles ne sont jamais démunies d’émotion et de sens.

Pour toutes ces raisons la religion a toujours été interpellée lorsqu’il s’est agit de greffe d’organe car la religion ou la spiritualité nous aide moins mal mourir faute de pouvoir prolonger indéfiniment la vie.

La question de la mort encéphalique

La transplantation et en particulier le don d'organe, même lorsqu’ils ne rencontrent pas d'objection de principe, a contraint les religieux à se positionner sur son sujet car il touche aux notions de mort et d’intégrité du corps, deux principes également fondamentaux.

La mort au sens générique représente l'un des fondements du droit, des sciences humaines et des arts, car on y projette tous les lieux communs des individus et des groupes sociaux.

« Dans l'histoire des hommes, la mort est un invariant qui n'a, paradoxalement, cessé d'évoluer. Car la mort est à la fois un moment devant lequel on ne triche pas et une séquence entourée de mystère. Traditionnellement comme ouvrant sur l'au-delà, elle a suscité tout un réseau de gestes d'accompagnement. Bien que variables suivant les temps et les lieux, ces rituels constituent le corpus de base de toutes les réflexions sur la mort. » dans « La mort se cache », de Michel Foucault. Elle représente encore de nos jours un tabou plus fort que le sexe. Nos sociétés maghrébines évoluent vers la même direction que l’ensemble des sociétés. Les bouleversements sociaux survenus après l’augmentation de l’espérance de vie, les changements de l'habitat, le sentiment d'immortalité qui gagne l'espèce humaine en général, l'éclatement de la cellule familiale font que la mort devient plus difficile à gérer. Alors que pour les anciens, l'important était de mourir chez soi entouré, dans les villes on ne meurt plus chez soi et beaucoup n'ont jamais vu un mort. Les nouveaux rituels qui se mettent en place autour de l'hôpital, des médecins et des formalités administratives constituent le mode d'entrée dans le deuil le plus fréquent de nos jours.

« Le fond du problème, avec l'augmentation concomitante des sciences, n'est-il pas aussi l'augmentation concomitante de la conscience, de l'angoisse d'avoir à tout choisir ? ….car devant la mort, comme devant certaines souffrances, il n'y a pas de savoir qui tienne. »
(Olivier Abel.)

La vie humaine est, pour la majorité des religions, une valeur essentielle et tout ce qui peut la sauver ou la soulager est encouragé et valorisé. Dés lors il aisé de comprendre que parmi les nouveaux défis que doit relever l'éthique contemporaine : est-il possible de procéder à des dons d'organes sans transgresser les lois divines ? Cette opération ne constitue-t-elle pas une profanation de la dépouille du donneur ?
Le corps humain et la transgression des règles:

La Torah enseigne que le corps humain est considéré comme le siège de l'âme mais les avis des savants juifs sur la définition de la mort sont partagés.
Si certains estiment que seul l'arrêt du cœur permet de constater le décès, d'autres acceptent le concept de mort cérébrale. Il y a quelques années, le Grand rabbinat a officiellement adopté cette seconde position.

En ce qui concerne la résurrection des morts, le défunt, donateur de ses organes, ressuscitera-t-il avec eux ? Les Sages affirment que les morts ressusciteront avec leurs maux et leurs défauts corporels, et qu'ils guériront de façon immédiate. On nous précise également qu'ils ressusciteront avec leurs vêtements et seront, de plus, dotés d'un vêtement de lumière spécial, tissé des bonnes actions qu'ils auront accomplies ici-bas.

Même lorsque cette dernière se détache du corps, la dépouille mortelle conserve toujours un haut degré de sainteté. C'est pourquoi, il est interdit de porter atteinte au corps du défunt, par exemple, en différant son inhumation. Avant toute autre considération, il est impératif d'inhumer le corps dans son intégralité. Or, si l'on prélève un organe pour le greffer sur un malade, l'inhumation du corps ne sera forcément que partielle, et il faut attendre le décès du receveur pour considérer comme totale l'inhumation du donneur.

La Torah autorise et ordonne même la transgression de tous les interdits religieux hormis l'idolâtrie, la débauche et le meurtre, pour sauver une personne en danger de mort. Sauf en ce qui concerne ces trois exceptions, la transgression des interdits est pour chaque juifs une véritable mitzva mais il faudrait que le danger soit imminent, et se déroulerait en présence des acteurs, comme dans le cas d'une noyade durant le shabbat.

Une greffe réussie redonne vie, d'une certaine manière, aux cellules d'un membre transplanté. Il devient superflu d'évoquer l'utilisation d'un mort.
Il est donc clair que celui qui sauve une vie grâce à une greffe d'organe accomplit l'un des plus importants commandements de la Torah, même si cet acte ne doit pas être perçu comme une obligation. Le Coran le confirme par ailleurs : “C´est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d´Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d´un meurtre ou d´une corruption sur la terre, c´est comme s´il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c´est comme s´il faisait don de la vie à tous les hommes.“

L’Eglise a estimé ne pas avoir de compétence en sciences, elle a fait donc confiance aux médecins. Le christianisme se dégage du légalisme.

“Dans le Christianisme, la Vérité n’est pas une idée philosophique…mais elle est la personne divino-humaine vivante, le Jésus- Christ historique“ Père Justin.
Dieu est à la fois le Témoin qui affirme la grandeur de l’homme et le Tuteur de son élévation.

“ Dans le Dieu-Homme (Le Christ), pour la première fois, l’homme est élevé au sommet de la perfection au plus haut sommet de tous les sommets“. “ Dieu est devenu homme pour que l’homme se divinise“ d’après Saint Athanase. L’homme est considéré comme digne et respectable parce que crée à l’image de Dieu.

Et dès 1956, l'Eglise catholique se prononce en faveur du prélèvement et de la greffe de cornée au bénéfice d'aveugles ou de personnes menacées de cécité.
Le Christianisme ne statue pas sur des règles de vie, il ne définit non plus l’instant de la mort.

Selon Saint Athanase “Depuis que le Sauveur a ressuscité son corps, la mort n’est plus effrayante, tous ceux qui croient au Christ la foule au pied comme un néant. Ils savent vraiment qu’en mourant ils ne périssent pas mais ils vivent…“

Le prélèvement d'organes pose aussi et inévitablement la question de l'intégrité du corps et des éventuelles répercussions sur la résurrection et l'accès au Paradis. Une femme s’approcha de Jésus avec un flacon d’albâtre contenant un parfum de grand prix, elle le versa sur sa tête pendant qu’il était à table. Voyant cela les disciples s’indignèrent : “ à quoi bon disaient-ils cette perte ? On aurait pu le vendre très cher et donner la somme à des pauvres“. S’en apercevant Jésus leur dit “ Pourquoi tracasser cette femme ? Des pauvres en effet vous en avez toujours mais moi vous ne m’avez pas pour toujours, en répondant ce parfum sur mon corps, elle a préparé mon ensevelissement. En vérité je vous le déclare : partout où sera proclamé cet Evangile dans le monde entier, on racontera aussi en souvenir d’elle ce qu’elle a fait“. Dans la chrétienté donc le corps est donc aussi objet d’attention, et Saint Etienne premier martyr Chrétien a été enseveli par des hommes pieux qui lui firent de belles funérailles. Car le cadavre est indissociable de la personne. Les Catholiques, tout comme les Protestants, considérant que le corps redevient poussière avant la résurrection, n'estiment donc pas que le prélèvement d'organe puisse interférer sur la vie après la mort, car le corps ressuscite dans son intégralité.

Le Pape Pie XII a énoncé trois principes : le respect fondamental du corps qui ne peut être apparenté à un objet utilisable sans discernement, la légitimité de la transplantation puisqu'il s'agit de soulager la souffrance, voire guérir, et l'importance du consentement, sous forme d'un accord de "ceux à qui incombe le soin du cadavre, les proches parents avant tout".

Quand à la question de l'intégrité corporelle peut par contre être évoqué par les proches qui craignent que cet aspect les empêche de faire leur deuil. "Pie XII s'est positionné sur ce sujet et, à travers son texte de 1956, considère que le prélèvement d'organes n'est pas incompatible avec le respect du deuil, à condition que la dignité de la personne soit préservée en toute circonstance". Le don est une expression de charité et de solidarité qui ne peut être considérée que comme une preuve d'amour". N’est ce pas Pape Jean-Paul II qui se réjouissait en 1992 "que la médecine ait trouvé dans les transplantations d'organes une nouvelle manière de servir la famille humaine", l'Eglise catholique exprime plus son opposition à l'euthanasie et à l'avortement que son soutien au don. "Ce n'est hélas pas une priorité, mais l'instauration d'un programme à ce sujet serait un grand défi à relever".

Les Protestants: "un geste d'amour"

La position du protestantisme se rapproche de celle du catholicisme, même si le corps mort est moins sacralisé. "Une attention particulière est avant tout souhaitée pour que les familles puissent faire leur deuil dans les meilleures conditions", précise le pasteur Marcel Manoën. En ce qui concerne le respect de l'intégrité, "la foi chrétienne n'attache pas d'importance à la matérialité du corps" qui n'empêche pas l'élévation de l'âme et sa libération avant la résurrection.
Tous les courants protestants se sont positionnés en faveur du don d'organes. Le théologien
Jean-François Collange résume cette unanimité: "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Il n'y a pas meilleure façon de transformer l'absurde et le tragique d'une disparition soudaine que de permettre à d'autre de pouvoir encore continuer à vivre".

Corps et âmes en Islam

Nous sommes régulièrement interpellés sur la position de l’Islam sur de l’association de l’âme et du corps et du devenir des âmes après la mort. En Islam et à la différence du Judaisme et en partie le Christianisme mais comme dans le Boudhisme, distingue clairement l’âme et le corps.

A l'instar d'autres religions, le musulman est convaincu que la vie est un don de Dieu, et que le Seigneur peut récupérer ce don au gré de Sa volonté, dès lors qu'Il l'aura décidé. L'homme est libre de ses pensées et de ses actes, sa vie sur Terre est une période d'épreuve, la vie future est la récompense des justes.

Dans nos pratiques quotidiennes, plus que la religion, l'un des arguments du refus du don serait un ensemble de convictions fortement ancrées dans la culture. Elles ne sont pas toujours clairement verbalisées, mais par exemple beaucoup de nos co-religionnaires croient fermement en une vie transitoire dans la tombe entre la mort et le Jugement dernier, d'autres pensent qu'il faut se présenter au Jugement dernier entier avec ses organes. Nous savons tous le poids des légendes, proverbes et anecdotes véhiculés par les croyances populaires. Pour beaucoup de musulmans, l'âme (Elrouh) revient avec nous sous une forme ou une autre, le vendredi par exemple, elle entend, voit, éprouve peine et joie.

Dans la Perle précieuse, Al Ghazali décrit la dissolution progressive des sens physiques « La vie ne cesse tout à fait qu'au moment où Izrâ'il s'empare de l'âme et la transperce de sa lance, coupant le lien qui l'attache au coeur. . . L'âme bienheureuse, accompagnée de Gabriel traverse les cieux pour comparaître devant Dieu qui commence par la réprimander avant de lui accorder son pardon. De retour dans la tombe, l'âme goûte félicité ou tourment, selon qu'elle a été agréée ou rejetée, dans l'attente de la résurrection. » (M. Guiraud, Dictionnaire du Coran, sous la direction de Mohammad Ali Amir-Moezzi, op. cit., p. 574.)

Cet enfer préliminaire que connaissent les injustes, le « châtiment de la tombe » est très fort dans l’imaginaire commun des musulmans. Entre la mort et la résurrection, le mort vit une étape, une sorte de vie transitoire appelée par le Coran « la vie intervalle », Barzakhiyya.

Le Coran nous apprend : (23-100). « Lorsque la mort approche de l'un d'eux, il dit "Mon Seigneur ! Qu'on me renvoie sur la terre. Peut-être alors accomplirai-je une oeuvre bonne parmi les choses que j'ai délaissées : Non, c'est là seulement une parole qu'il a prononcée, une barrière (barzakh) se trouve derrière les hommes jusqu'au jour où ils seront ressuscités » (23-99-100)
Aussi pour les musulmans, c’est avec la permission de Dieu que Jésus ressuscite les morts. « Il rend la vie à la terre quand elle est morte, ainsi vous fera-t-il surgir de nouveau» (30:19)
Le processus de la mort est décrit comme la remontée de l'âme (nafs) dans la gorge du mourant, âme recueillie par « l'ange de la mort ». La mort physique est éludée dans le cas des croyants fidèles qui semblent être immédiatement « rappelés » à Dieu. (M. Guiraud, Dictionnaire du Coran, sous la direction de Mohammad Ali Amir-Moezzi, op. cit., p. 574.)

Que de polémiques!

Devenir des organes : La question posée est « Le jour du jugement, quand les hommes seront ressuscités, qu'adviendra-t-il de l'organe qui aura appartenu à une personne puis qui aura été greffé sur une autre personne, à la mort de celle-ci ? En ce jour du jugement, les organes témoigneront de ce qu'aura fait leur possesseur sur terre ; eh bien, pour lequel des deux l'organe greffé viendra-t-il témoigner?»
« Le jour du jugement l'homme sera certes ressuscité avec un corps, mais il ne sera pas composé de ces organes précis qu'il aura eus sur Terre : ceux-ci auront été réduits en poussière depuis longtemps ; il recevra d'autres organes ressemblant à ceux-ci ». Le Hadith ne dit-il pas que les hommes seront ressuscités non circoncis par exemple (rapporté par al- Bukhârî, no 3071, Muslim, no 2860). Le simple fait qu'un organe aura appartenue à l'un, puis, après son décès, aura été greffé sur un autre ne semble donc pas empêcher que l'un et l'autre auront tous leurs organes le jour du jugement. « Le corps n'est qu'un dépôt entre les mains de l'homme; il appartient à Dieu ; comment l'homme pourrait-il être d'accord pour céder ce qui appartient à Dieu ? ».

A qui appartiennent les organes?

Que Dieu soit le réel propriétaire et l'homme le gérant d'une chose suffit-il pour interdire à l'homme de céder cette chose ? Certainement, s'il la cède d'une façon qui est hors des principes voulus par Dieu. Mais autrement et dans le cadre des principes voulus, l'homme peut offrir son argent à des nécessiteux, pourtant, c'est bien Dieu qui est propriétaire de l'argent, comme le dit le verset coranique :
Une profanation ? Avancer que toute atteinte au cadavre équivaut à une profanation ou à une mutilation est faux ! Si les profanations sont absolument interdites, il est inadmissible d'assimiler un prélèvement chirurgical d'organes suivi d'une restitution tégumentaire parfaite à une profanation ; c'est tromper le monde que de l'affirmer, car les intentions sont à la base de tous les actes, et comptent autant que les actes eux-mêmes. L’utilisation d'un corps à des fins scientifiques ou thérapeutiques n'a jamais eu pour but la profanation de cadavre. Pour conclure, le respect dû aux cadavres n’est d’aucune façon incompatible avec le prélèvement d’organes.

«L’islam interdit avec rigueur toute dissection ou tout usage du cadavre à des fins étrangères au repos ultime de l’homme. L’homme doit entrer dans la mort de la même façon qu’il est entré dans la vie. Le corps devient un « bien inaliénable» dont il faut préserver l’intégrité. ».

Les questions de la propriété du corps, de la profanation du cadavre, de la mutilation et de la transplantation restent largement débattues par beaucoup de musulmans.

La préservation du corps humain est un devoir «Oui, Nous avons crée l'homme dans la forme la plus parfaite», mais cette lecture du Coran serait partielle et partiale si on omettait les faits : Que la préservation de la vie est une injonction encore plus forte en Islam «Et ne vous tuez pas vous même»s4v29.

Dans une communauté solidaire où chacun est libre de ses actes en son âme et conscience, la greffe d’organes peut-elle être interdite au 21eme siècle en invoquant l’Islam?

Etat de nécessité ?

Les dogmes éthiques s’effacent au nom de la nécessité : « Dieu vous a indiqué ce qui vous est interdit, à moins que vous n’y soyez contraints, par nécessité. Ton Dieu connaît mieux que quiconque les transgresseurs. » s6v119.

La règle de nécessité est un des fondements de la conduite des musulmans. « L'état de nécessité est la situation de celui à qui il apparaît clairement que le seul moyen d'éviter un mal plus grand, est de causer un moindre mal ». La règle de nécessité fait l'objet d'un consensus, l'Islam donne toujours la primauté à l'état de nécessité "Dharourate" sur les interdits "Mahdhourate". Bien que reconnue par tous les jurisconsultes musulmans, la règle de la primauté de la nécessité sur les interdits, a été rejetée par la fatwa du Cheikh Chaãraoui, (homme de religion Egyptien) en 1988, pour la transplantation d'organes, et pour toute atteinte à l'intégrité d'un corps humain.

Pour les opposants au don cadavérique, l'état de nécessité est uniquement une situation de besoin extrême et ne s’applique que pour la survie.

Et même la règle de l'analogie (al qiyass) essentielle aux juristes musulmans n'est applicable que si et seulement si le cas d'application (ici le prélèvement d'organes) et le principe (l'état de nécessité ainsi défini) ont une cause identique. Quant la transplantation est non indispensable à la vie du receveur et qui, par définition risque de mettre en danger la vie du donneur, “profane“ les corps son interdiction apparaît évidente, puisque non justifiée par l'état de nécessité. La Loi condamnerait donc les prélèvements d'organes sur un individu mort, quelles que soient les circonstances, bizarrement les prélèvements sur un individu vivant sont permis, s'il ne s'agit pas d'organes vitaux ou de testicules.

C'est une approche qu'il ne faut pas ignorer. L’argumentaire des opposants aux dons tel qu'exposé plus haut nécessite des réponses claires et adaptées.

La greffe de nos jours n’est plus une aventure. Le danger de mort est évident aussi, même dans le cas du rein où malgré l'existence de la dialyse, la durée de vie sous dialyse est inférieure à celle de la greffe.

Le cout de la dialyse pour la communauté comparé à celui de la greffe aussi est ignoré et par la même le principe de justice distributive si important pour les musulmans est évacué aussi.

Quant à la prétendue asymétrie entre le prélèvement sur un cadavre et le bénéfice, s'il y a une asymétrie, tenant compte des intentions nobles à la base, elle est bien en faveur de la vie des personnes greffées. Seul Dieu est parfait et l'erreur est humaine et à l'impossible nul n'est tenu. L'intention en Islam est au moins aussi importante que les conséquences d'un acte. Aucune thérapeutique, aucun acte humain ne peut avoir un risque nul.

La notion de "Maslaha" (utilité) autorise les actes sur le corps humain: le raisonnement se fonde sur le fait que si Dieu ordonne de préserver le corps humain, il permet au nom de la solidarité et de la nécessité, d'enfreindre les interdits quand il s'agit de sauver une vie.

La règle de l'ijmaii, prônée par l'Islam, trouve toute son application dans le prélèvement et la transplantation d'organes, pour lesquels scientifiques et religieux se sont prononcés à une très large majorité

Des consensus : le type de consentement en Islam

Au Koweït une fatwa déclare non seulement permettre la transplantation d'un organe prélevé sur une personne, qu'elle soit vivante ou morte. Mais va plus loin et déclare licite le prélèvement d'organes sur un cadavre qu'il ait formulé son acquiescement pré mortem ou non, en vertu de la règle de nécessité qui permet d'outrepasser l'interdit lorsqu'il s'agit de sauver une vie humaine. Elle n'a pas été suivie ni par le ministère de la santé ni par le parlement. Elle est donc restée lettre morte et n'a pas reçu d'application. Elle posait la question du consentement implicite qui est un réel problème.

Conformément à l’esprit de l’Islam, la majorité des textes s’accordent sur la nécessité de l’accord du donneur, de son vivant ou du moins qu’il n’ait pas formulé de refus, quitte à solliciter l’accord des héritiers ou de l’autorité compétente, en cas de silence. D’ailleurs en Iran où les Chiites prédominent le consentement exprès du donneur est exigé et une restauration tégumentaire parfaite doit être réalisée avant toute inhumation, il en est de même en Arabie Saoudite pays à majorité sunnite.
Le consentement préalable du donneur ou de ses héritiers est donc obligatoire. Le receveur doit être informé de l'opération et de ses complications.

La gratuité du don en islam

L’immense majorité des fatwas ou décisions interdisent le commerce ou la vente d'organes.

Néanmoins autres sujet de polémique, certains essayent de la légitimer en déclarant licites les récompenses accordées au donneur ! Ce détournement de la règle est illustré dans le contenu de l’article 7 de la décision de l’académie des sciences du fikh qui semble justifier des pratiques courantes dans certains pays. Le Pr Bel Hadj El Arbi Ben Ahmed docteur en droit et législation Islamique et professeur de fikh à Oran avance que le fikh contemporain permet la légitimité de cette vente en ne s’appuyant sur aucune référence.

Conclusion

Les principes éthiques universels mis en avant par toutes les religions sont clairs et ne peuvent pas s’opposer à la préservation de la vie ou d’une qualité de vie. Mais “Les discours coupés de la réalité mènent au totalitarisme“ et c’est peut-être la peur du totalitarisme médical qui a suscité tant de craintes en matière de transplantation d’organes.

Toutes les religions sont concernées par la mort, la dignité, le corps, l’unité de l’être humain, la solidarité, c’est autant de sujets de réflexions universels et le don d’organes et la transplantation bouleversent les idées reçues dans ces domaines.

Les responsables politique se sont empressés de légiférer, c’est compréhensible et même une bonne chose pour protéger les malades et les donneurs mais “La loi ignore le tragique, elle ne connaît que des catégories de bien et de mal, alors que le tragique en est essentiellement distinct et la liberté créatrice de l’homme est appelée à résoudre ces conflits“.

C’est à mon sens la position de l’Islam où l’homme est seul responsable de ses choix devant Dieu. Nul ne peut lui dicter sa conduite au nom de la religion. Les références éthiques sont claires et la préservation de la vie prime sur tous les interdits. Les avis exprimés clairement par l’écrasante majorité des instances religieuses depuis plus de trois décennies va dans ce sens (Ijmaa) : La règle de nécessité abroge les interdits à partir du moment où l’intérêt commun ou individuel le dicte. Toutefois l’idéal communautaire chez les musulmans fait que le consentement express reste le seul type de consentement admis.

Alors, oui tous les humains aspirent à la paix et nous avons tous voulu croire qu’une nouvelle humanité est née de la fin de la guerre froide. Nous avons dû vite déchanter.
Mais à l’ère du village mondial où l’on s’aime et se marie grâce aux réseaux sociaux, les barrières raciales, ethniques, culturelles finiront par tomber, c’est une question de temps.

La greffe d’organes est l’exemple d’unir les hommes sur d’autres terrains tout autant politiques.

Le temps d’unir pour de nouvelles relations est venu et qui mieux que la santé relie les humains. Le don d’organes et la transplantation sont en cela emblématiques de ce qui pourrait être le pire entre les hommes comme le trafic d’organes mais surtout et votre organisation se bat pour, ce qu’il y a de mieux, la solidarité.

Mohamed Sala Ben Ammar