Que révèlera Youssef Chahed ce dimanche dans La Presse et Assabah?
Pratiquant jusque-là une communication de la rareté sur la question, Youssef Chahed s’est finalement résolu à répondre aux multiples interrogations sur les coups de filet successifs menés depuis le 23 mai dernier. Ni radio, ni télévision, le chef du gouvernement a plutôt opté pour un format jusque-là peu usité : la presse écrite. Son choix s’est porté sur deux quotidiens principaux, La Presse et Assabah, et deux interviewers reconnus pour leur professionnalisme, Soufiane Ben Farhat et Hafedh Gheribi. La révélation en a été faite tard dans la nuit du vendredi à samedi par notre confrère Hafedh Gheribi, directeur des rédactions de Dar Assabah. L’entretien (qui s'est déroulé après l'Iftar à Dar Dhiafa) s’était prolongé rard dans a nuit, comme il l’a mentionné, et son contenu sera publié dans les deux quotidiens ce dimanche. De son côté, Ben Farhat a livré un lecture du contexte, rédigée avant l'interview, parue sur La Presse de ce samedi, et pubmiée sur son blog.
La prise de parole par Youssef Chahed, tant attendue, est indispensable. Le choix de la presse écrite peut se justifier par l’encombrement de l’audiovisuel en ces soirées ramadanesques, comme le lui auraient recommandé ses communicants de la Kasbah. Il permet aussi de bien se concentrer sur les propos eux-mêmes que le contexte général d’une interview télévisée comme lors de celle accordée en présence des membres du gouvernement, installés en mode virage.
Les prochaines séquences
Puisque le discours prime sur l’image audiovisuelle, comme voulu par Chahed, que dira-t-il alors aux Tunisiens, mais aussi à l’opinion internationale? Acceptant d’accorder cette interview avant son audition devant l’Assemblée des représentants du Peuple, il ne doit s’agir ni de roder ses propos, ni de préparer l’opinion publique, mais d’expliquer son action, de répondre aux questions de deux interviewers pugnaces et de nous éclairer quant aux prochaines séquences.
Si nos deux confrères ont gardé leurs scoops pour leurs lecteurs de ce dimanche, les thématiques qui s’imposent en pareilles circonstances sont d'importance. Qu’est-ce qui a finalement décidé le chef du gouvernement à déclencher ces coups de filets et à ce momentum précis ? Quelle concertation – coordination avec la Présidence de la République ? Quelle coopération en matière de renseignement avec des pays concernés ? Quel a été le mode opératoire ? Quels sont les corps qui en ont été chargés et sous quel statut ? En soutien, y’avait-il un plan de communication précis ? Pourquoi a-t-on laissé les fausses rumeurs enfler ? Et était-ce un choix délibéré décidé dans le cadre d’une stratégie consistant à jeter l’anathème sur des personnes ou des groupes, comme certaines parties l'en accusent ?
A qui le tour ?
Ces explications livrées, il s’agit surtout de connaître les plans immédiats de Youssef Chahed. Dans cette lutte contre la corruption, la contrebande, la malversation et la trahison de la nation, compte-t-il aller fermement jusqu’au bout (au fait, qu'entend-on par jusqu’au bout ?) Avec quelle pression et avec quels appuis ? Concrètement, le chef du gouvernement est-il décidé à poursuivre dans l’immédiat les coups de filet et à élargir leur périmètre ? A qui le prochain tour. Qu’en est-il également de l’argent saole qui intoxique la vie politique, des médias et des associations ? Sans lui demander ni de trahir le secret de l'instruction ou de dévoiler les opérations en cours, les Tunisiens attendent du chef de Gouvernement qu'il leur dise comment il assure et de les rassurer.
A quand le remaniement ministériel et avec quel concept?
Les Tunisiens se demandent aussi quelles leçons Youssef Chahed a pu tirer des évènements d’El Kamour et de l’attitude des divers acteurs politiques à l’égard de son gouvernement ainsi de chacun de ses ministres durant ces moments forts critiques. Qu’en-est-il particulièrement de la direction de son parti d’origine, Nidaa Tounès et de son groupe parlementaire. Se trouvant seul dans l’œil du cyclone, il avait failli y perdre son mandat. Autant d’épreuves qui ont dû l’inciter à recadrer ses équipes tant de conseillers à la Kasbah que de ministres et secrétaires d’Etat, membres de son gouvernement. Incontestablement, une recomposition du cabinet et un remaniement ministériel sont tous deux incontournables. Avec quel concept, quelle taille du gouvernement et quel profil de ses futurs membres ? Reste à savoir quand ? Quelle importance et quelle urgence y accorde-t-il ?
Youssef Chahed a tant de questions essentielles à traiter et de réponses convaincantes à leur apporter. Attendons donc de le lire ce dimanche.
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Que dire sinon d'attendre d'en savoir plus de la plume de ceux qui savent.
Concernant la corruption, il faut que le premier ministre ne se limite pas au licenciement des corrompus .Mais pour les bannir devant la population donne leurs noms et aussi dans certains cas les passer devant la Justice , ça servira une leçon pour tous les amateurs de ces pratiques.Quand aux corrupteurs, il faut les questionner pour quel motif se sont introduits dans ces pratiques.