Quand Youssef Chahed recadre ses ministres
«Ça ne peut pas continuer comme ça !», tonne fermement le chef du gouvernement, Youssef Cvhahed, en plein Conseil des ministres, vendredi 19 mai dernier. S’il a toujours fait preuve de patience et de sang-froid, il n’a pu s’empêcher cette fois de «recadrer» ses ministres. Toujours avec respect, mais en toute franchise. Les reproches ne manquent pas.
D’abord, la communication, entre overdose, personnalisée ou en déficit. Les ministres doivent privilégier une communication institutionnelle, gouvernementale, mesurée et ciblée et non soit s’éclipser des radars, soit se surexposer en cherchant à soigner leur propre image plutôt que d’expliquer l’action menée.
Deuxième carence relevée : la traque soutenue de la malversation. Ce n’est pas la responsabilité du chef du gouvernement, mais celle aussi et surtout de chaque ministre. Si chaque département mobilise ses organes d’inspection et de contrôle, la moisson des dossiers bien ficelés déférés devant la justice sera plus importante, la malversation démasquée et la corruption jugulée.
Troisième principe qui n’est pas pleinement respecté: la solidarité gouvernementale. A l’égard d’un ministre qui se trouve dans le pétrin, comme pour ce qui est du gouvernement dans son ensemble pour la politique engagée. Rares sont ceux qui montent immédiatement au créneau en soutien.
Quatrième aspect pointé du doigt: le nombre de missions à l’étranger et leur durée. Au rythme actuel, certains membres du gouvernement vont dépasser leur homologue des Affaires étrangères dont la fonction exige de se rendre fréquemment à l’étranger. Khemaies Jhinaoui et ses deux secrétaires d’Etat n’effectuent d’ailleurs que les missions impérieuses et veillent à réduire leur durée à un ou deux jours au maximum. C’est non seulement une question budgétaire, mais aussi de disponibilité opérationnelle et de concentration sur les dossiers. Les règles du jeu sont alors rappelées : sauf cas d’extrême urgence, les demandes d’ordres de mission, dûment justifiées, doivent être adressées à la Kasbah au moins deux semaines auparavant et aucune régularisation, après mission, ne sera accordée.
Sans vouloir trop enfoncer le clou, Youssef Chahed devrait sans doute évoquer des abus relevés dans certaines nominations à des emplois fonctionnels, ainsi que l’attribution d’heures supplémentaires et autres «arrangements»... Mais, le message général est passé. Une forte sommation qui a laissé les ministres ébahis. En tireront-ils des enseignements?
Le prochain remaniement le dira.
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