Augmentation des salaires : Les accords signés à la sauvette sur un coin de table
Cela s’est répété plus d’une fois, sous les différents gouvernements successifs. Harcelé par les syndicats, à coups d’arrêts de travail, d’attaques médiatiques, de sit-in devant sa porte, et menacé d’un «Dégage» musclé, un ministre se soumet aux oukases et finit par donner satisfaction aux revendications, aussi excessives et incohérentes, qu’elles puissent l’être. Le document signé porte non seulement sur des augmentations salariales, mais aussi des primes, des promotions et autres. En a-t-il discuté avec les services de la présidence du gouvernement ? A-t-il obtenu l’aval formel du chef du gouvernement? Rarement! La surprise sera totale à la Kasbah à la découverte de ces accords.
Cette pratique «cavalière» pour sauver sa tête a commencé dès 2011, avec les accords signés par le ministre de l’Education nationale, Taieb Baccouche, ancien secrétaire général de l’Ugtt. Depuis lors, elle s’est perpétuée, avec des points d’orgue à l’approche du départ de chaque gouvernement. Ayant bien compris le système, certains syndicats font monter la pression dès qu’un gouvernement s’apprête à partir (Ali Laarayedh, Mehdi Jomaa...) pour arracher le maximum et souvent l’obtenir. Chaque nouveau gouvernement, dès son entrée en fonction, aura la mauvaise surprise de l’apprendre à ses dépens.
«En pleine réunion entre le gouvernement et l’Ugtt, confie à Leaders un connaisseur du dossier, la centrale syndicale revendique tout simplement la mise en œuvre d’un accord déjà conclu avec tel ou tel ministère. Au titre de la continuité de l’Etat, insiste-t-on. Nous tombons tous des nues, personne n’avait connaissance de cet accord. On le découvre, pour la première, lorsque le document dûment signé est exhibé sous nos yeux. Le comble, c’est qu’en somme, il ne s’agit pas d’un seul accord ou d’une dizaine, on est confrontés à 15, 20, voire plus de 30.»