Fort du soutien de BCE, Youssef Chahed révisera-t-il sa copie et ses équipes ?
Repêché du fond d’une redoutable crise, le chef du gouvernement ne pouvait espérer plus fort blindage. En mode déblocage politique et désamorçage de tensions, le président Béji Caïd Essebsi a étouffé dans l’œuf les rumeurs d’un changement de gouvernement, d’élections anticipées et d’un nouveau dialogue national en dehors des institutions constitutionnelles. Confiant à l’armée la protection des sites de production, imposant fermement l’application de la loi, réaffirmant son attachement à la réconciliation économique et financière et appelant à l’union nationale et au soutien à l’action gouvernementale, il a été aussi clair que déterminé. En moins d’une heure, dans son adresse mercredi à la nation, il a dégoupillé tant de bombes à retardement qui menaçaient gravement l’Etat, le processus démocratique, le gouvernement et le pays dans son ensemble.
Reconfirmé, Youssef Chahed est certainement conscient de la meilleure façon de profiter de cette salutaire bouffée d’oxygène dont il vient de bénéficier. En huit mois à la Kasbah, il aura tout enduré. Mais il a, également, pu mesurer l’urgence des recentrages nécessaires à introduire sur sa feuille de route, son staff, et son gouvernement. Poussé en première ligne, en flux tendu du matin au soir, découvrant chaque jour davantage le jeux des uns et les combines des autres, encaissant les trahisons, résistant aux appétits démesurés, subissant les pressions de toutes parts, il est le mieux placé pour forger lui-même son nouveau mode opératoire.