Yassine Brahim : le vrai travail commence
Le congrès national réussi dans un bel exercice démocratique et une bonne production programmatique, Afek Tounès s’attelle à ce qui lui est désormais essentiel : gagner davantage en poids et taille sur l’échiquier politique, à travers les prochains scrutins successifs. Le processus est enclenché.
«Le premier point d’orgue sera la tenue, ce dimanche 14 mai, du conseil national dans sa nouvelle composition élue à Sousse le 2 avril dernier et enrichi des présidents des conseils régionaux », confie à Leaders Yassine Brahim, reconduit à la tête du parti à une large majorité de 69,8% des voix au terme d’une loyale et transparente compétition avec Faouzi Abderrahmane. «Les congrès régionaux viennent de se terminer dans tous les gouvernorats et nous poursuivons activement ceux locaux, l’objectif étant d’implanter nos sections dans toutes les délégations.»
De 65 fondateurs en 2011, Afek compte aujourd’hui pas moins de 14.765 encartés. L’expansion régionale aussi. Jadis concentré sur la capitale et quelques grandes villes, le parti est d’ores et déjà implanté dans 140 délégations sur les 273 existantes (qui seront bientôt portées à 365).
«Cette réunion du conseil national est importante à plus d’un titre, ajoute Brahim. Elle devra permettre l’élection du nouveau bureau politique et engager les préparatifs d’Afek Tounès pour les prochaines étapes, cruciales. Le bureau politique qui compte 20 membres (auxquels se joindront en ès qualité les membres du gouvernement et de l’ARP issus du parti) devra élire son président et deux vice-présidents. Agissant actuellement sur la base des règlements en vigueur, Mohamed Louzir a été désigné trésorier et Kabil Daoud, directeur.»
«Les options politiques, économiques et sociales tracées par le congrès, souligne Brahim, nous passons à leur mise en œuvre et au travail sur le terrain, avec pour objectif global une présence effective partout dans les régions. Ce qui est remarquable, c’est que nous enregistrons des flux importants de demandes d’adhésion. Le recrutement reste ciblé, fondé sur l’adhésion aux valeurs et programme du parti, l’expérience et l’engagement militant. Autant de critères qui seront d’ores et déjà précieux dans le choix de nos candidats aux municipales. »
Plus de technologie, Big data et analyses locales affinées
Interrogé sur les préparatifs d’Afek pour ce scrutin tout proche, Yassine Brahim indique que le pôle électoral (structure permanente), conduit par Aziz Adhoum (membre du Conseil national) et son équipe, poursuit activement l’évaluation des réalisations et attentes dans chaque municipalité ainsi que l’identification des acteurs significatifs. Il sera appuyé dans sa démarche par une base de données bien fournie. Afek compte en effet utiliser plus largement et avec plus d’efficience les technologies de pointe pour renforcer son action. Aussi, et pour garantir une plus grande participation au vote, le parti engagera une vaste campagne d’incitation à l’inscription sur les listes électorales.
«Pour ce qui est du contenu, Afek présentera dans chaque circonscription municipale un programme mixte national et local, confie Yassine Brahim. La partie nationale sera commune et déclinée en 10 engagements principaux globaux. Quant à celle locale, elle sera consacrée au contexte spécifique de chaque municipalité et prendra en charge les demandes de la population autochtone.»
Amener toutes les parties à la table du dialogue
«Nous entendons affirmer encore plus clairement notre positionnement dans le paysage politique, œuvrant toujours en faveur d’une unité nationale plus forte, tient à souligner le chef d’Afek. Il est clair que nous avons des divergences de vues avec Ennahdha sur certaines questions sociales, comme le projet de loi relatif aux jardins d’enfants et nous aurions tant souhaité voir Nidaa Tounès nous y rejoindre. Nous estimons également nécessaire que le dialogue social avec l’Ugtt et l’Utica se clarifie et nous insisterons beaucoup pour amener toutes les parties à la table du dialogue. D’une manière plus générale, nous aimerions qu’on nous écoute davantage et qu’on prête plus d’attention à nos positions et à nos propositions.»
Qu’en est-il de l’élection présidentielle de 2019 ? «Voilà une bonne question que nous devons tous nous poser, répond Yassine Brahim. Allons-nous continuer sur la base de la même loi électorale et avec le même régime politique ou non ? Là aussi, un débat est nécessaire.»