Détenus tunisiens dans le monde: combien sont-ils au juste?

En l’absence d’un fichier central vérifié et mis à jour, les statistiques officielles relatives aux ressortissants tunisiens détenus à l’étranger demeurent très approximatives. Les services consulaires du ministère des Affaires étrangères mentionnent le nombre de 2 457 détenus au 21 mars 2017. Parmi eux figurent 53 détenus poursuivis dans des affaires de terrorisme.

De son côté, l’Office des Tunisiens à l’étranger (OTE) indique à Leaders que « le nombre des détenus tunisiens faisant l’objet d’un suivi au titre des années 2016-2017 » dans sept pays s’élève à 739 personnes. Ces pays sont l’Arabie saoudite, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, l’Algérie, la France et le Maroc.

Nous sommes bien loin du compte réel. Dans nombre de pays, les ministères de la Justice et l’administration carcérale publient des rapports mensuels détaillés.

C’est ainsi qu’en Italie, les détenus de nationalité tunisienne sont exactement au nombre de 2 017 dont 13 femmes, à fin février 2017 (voir encadré détaillé).

En France, hors les binationaux inscrits en tant que Français, le nombre des ressortissants tunisiens détenus en milieu fermé s’élevait, au 1er janvier 2014, à 1 002 personnes, selon le bulletin officiel de la Direction de l’administration pénitentiaire, soit 6,9% de la population carcérale étrangère totale. En vingt ans, la série statistique montre qu’il n’a pas beaucoup changé, ayant été de 1 148 en 1994. Ceux qui sont suivis en milieu ouvert étaient au nombre de 685 en 2014.

En Suisse, les statistiques de la Confédération communiquées à Leaders font état, à fin 2015, de 227 détenus de nationalité tunisienne.

On est bien loin des statistiques officielles tunisiennes.

Bien qu’ils soient officiels, ces chiffres sont à prendre avec beaucoup de précaution. Les sources officielles qui les ont établis ne manquent pas de nous préciser qu’ils restent « à finaliser et actualiser »...
La convention de Vienne sur les relations consulaires (faite à Vienne le 24 avril 1963 et entrée en vigueur le 19 mars 1967, voir encadré) stipule bien que « si l’intéressé en fait la demande, les autorités compétentes de l’Etat de résidence doivent avertir sans retard le poste consulaire de l’Etat d’envoi » de sa détention et précise les droits conférés en la matière aux autorités consulaires. Cette notification nominative est quasiment systématique dans la plupart des pays étrangers. Rares sont cependant ceux qui s’y refusent, se drapant derrière la protection de la vie privée, comme c’est le cas en Norvège et aux Pays-Bas. La Tunisie vient cependant d’introduire une demande dans ce sens lors de la récente visite à La Haye du secrétaire d’Etat Radhouan Ayara.
La conclusion s’impose d’elle-même : à quand un fichier unique, centralisé, actualisé, nominatif et fiable ?

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