Beit El Hikma édite les oeuvres complètes du poète Ahmed Loghmani suivies de son autobiographie

Beit El Hikma  a été bien inspirée de publier quelques jours avant  l’ouverture de la foire du livre, «les œuvres poétiques complètes» de l’un des plus grands poètes tunisiens, Ahmed Loghmani. Outre l’œuvre poétique, l’ouvrage  renferme  une autobiographique  succincte où l’auteur revient sur les principales étapes de sa vie depuis  sa prime enfance à Zarat, un village  près de Gabès. On  le suit au fil de ses étapes à Ajim à Djerba où il  décroche le certificat d’études» à Tunis où il suivra « les cours de la Zitouna, le matin et ceux d'une école libre l’après midi pour apprendre le français» avant de rejoindre l'école normale. Il sera instituteur comme son frère aîné puis ins inspecteur à Nabeul.

Le tournant de sa vie  aura lieu le 7 novembre 1962 lorsqu’il rencontrera le président Bourguiba lors de l’une de ses visites à la radio. Auditeur assidu de l’émission « Houet el adab qu’il animait, le président avait tenu à le rencontrer. C’est à l’ombre tutélaire du président que la carrière de Ahmed Loghmani évoluera désormais. Il quittera l'enseignement, se consacrera à la radio et deviendra très vite le poète préféré de Bourguiba. Inévitablement, sa proximité du président lui vaudra quelques inimitiés, notamment, celles des Pdg de l'ex RTT qui feront tout pour s'en débarrasser. Il nous en brosse quelques portraits au vitriol, notamment Slaheddine Ben  Hamida, qu'il taxe de mégalomanie» et auquel il reproche de tancer ses cadres en public pour les humilier.

Après le 7 novembre, on ne cessera pas de lui faire des misères. Il sera écarté de toutes les manifestations culturelles. En 1992, son café qu'il avait acquis en 1985 pour compenser la modicité de sa retraite est fermé «pour non respect des lois réglementant l'exploitation des cafés», sur décision du ministre de l'Intérieur de l'époque, Abdallah Kallel en personne. Les policiers qui étaient chargés d'appliquer cette mesure ont été incapables de lui préciser les défaillances qui ont motivé cette mesure. Un conseiller de Ben Ali ayant eu vent de l'affaire insiste pour le voir à son bureau. Il raconte : "un petit homme m'accueille. Poliment, il me demande de présenter mes doléances par écrit au président. et promet de tout arranger". Il refuse malgré  l'insistance du conseiller. depuis, il se retirera de la vie publique. Ahmed Loghmani est mort le 19 avril 2015 à l'âge de 92 ans.