Le Noir est Blanc : Quand la photographie rencontre la peinture
Si la singularité est une valeur primordiale en art contemporain, c’est parce qu’elle ne se contente pas d’une démarche esthétique de reproduction mais intrigue le spectateur et définit autant l'écart par rapport aux autres et au passé que l'évolution des travaux de l'artiste. La nouvelle exposition « Le Noir est Blanc» de Ahmed Zelfani, à la galerie Musk and Amber, en est d’ailleurs un bon exemple.
Parcourir les œuvres exposées était comme se perdre dans les méandres de l’esprit d'un artiste non conventionnel. « C’est le fruit de 5 ans de travail mais l’idée de ces œuvres c'est le mélange entre la photo et la peinture qui est vieille de 26 ans.» nous confie l’artiste. Il ajoute : « Dans cette exposition le spectateur participe à la création de la toile. Lorsqu’on voit un blanc sur blanc, le contour de ce personnage c’est le spectateur qui le crée.».
Le paradoxe de ces toiles réside dans leur silence assourdissant. Dans un monde bruyant qui semble dénudé de profondeur, ces toiles monacales semblent d’une âme vivante en dépit de leur immobilité. De grands portraits silencieux dans une verticalité sans concession, singulièrement incarnés, ils échappent à la pesanteur du déjà vu, du déjà vécu. « Mon rêve c’est de faire de la peinture sans nuances, et d’atteindre cette sensation du sacré, mais pas le sacré monotone et stagnant. » indique M. Zelfani.
Avec ses évasions quelque peu chimériques, tous yeux ouverts, Sid Ahmed donne à ses inspirations des allures filiformes, associés à de bien petites têtes, le tout vêtu d’une mélancolie poignante.
« Des silhouettes longilignes s’échappant vers le haut, voulant quitter leurs supports terrestres pour se libérer de toutes contraintes, des personnages anonymes sur des fonds d’une blancheur monacale semblant fixer un point lumineux au plus lointain d’un espace inconnu.»
Artiste pluridisciplinaire, Ahmed Zelfani est dramaturge, scénographe, concepteur de lumière, photographe et peintre qui expose depuis plus de vingt-ans un peu partout en Tunisie et à l’étranger (France, Espagne, Vienne, Venise, New York..). Après avoir enseigné à l’Institut Maghrébin de Cinéma (IMC), il enseigne depuis 1998 la photographie à l’Ecole des Arts et du Cinéma (EDAC). Il revient avec cette nouvelle exposition personnelle, après celle tenue en 2012 à la galerie “Cherif Fine art” à Sidi Bou Saïd.
Yesmine Mekni
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