Manuscrits d’Insaf Kilani: “La nature par le cylindre, la sphère et le cône”
Discrètement, comme à son accoutumée, Insaf Kilani Ennaceur a créé la surprise. Son exposition, courant février dernier au Zatelier, à La Marsa, intitulée «Manuscrits», a révélé plus qu’un talent, une vision. Pour une première exposition individuelle, l’émerveillement est garanti.
Artiste-peintre, dessinatrice, designer, calligraphe et graphiste, Insaf Kilani Ennaceur laisse sa créativité, en libre cours, traduire une relecture du patrimoine, illustrer ce qu’elle ressent et ce qu’elle pense. Brisant doucement les cadres figés, exerçant ses pinceaux sur d’autres formes, elle ne fait que suivre les préceptes de Paul Cézanne, père de la peinture moderne. «Il faut traiter la nature par le cylindre, la sphère et le cône», recommandait-il. Insaf y est.
Cézanne n’est pas son unique source d’inspiration. Des poètes aussi s’invitent en elle. Ses figures renvoient d’autant plus à une quête perpétuelle de l’affirmation formelle et une recherche infaillible. La quête de sa démarche est d’effleurer la sensibilité, souvent ô combien singulière, du public.
Découvrir des poèmes de Sghaïer Ouled Ahmed ou Nizar Kabbani, interprétés graphiquement et présentés dans une démarche artistique inaccoutumée. Si elle n’a pas été la première à s’y exercer, Insaf Kilani Ennaceur aura été la pionnière à donner une dimension très raffinée. Une interprétation fusionnelle qui coule de source. Comme pour nous montrer d’autres expressions de ses talents, on peut apprécier les croquis au fusain qui ont également fait partie de cette exposition. Sont ainsi révélées encore une fois la sensibilité de l’artiste et une autre manière d’exprimer son imaginaire.
A 41 ans qu’elle bouclera ce 21 mars, Insaf Kilani Ennaceur, qui a grandi à Carthage, est pétrie d’histoire, d’art et de graphisme. Dès l’obtention du bac en 1993, elle rejoindra l’Ecole des beaux-arts de Tunis où elle suit un cursus en art graphique et obtient en 1997 une maîtrise en sciences et techniques des arts et en 2009, un doctorat de 3e cycle en sciences et technologies du design. Après un tour dans différentes agences de communication, notamment chez TH.COM, en tant que créative designer, elle opte finalement pour l’enseignement d’abord secondaire et ensuite universitaire au sein de l’Ecole supérieure des sciences et technologies du design et actuellement à l’Institut supérieur des cadres de l’enfance où elle enseigne les arts plastiques et l’histoire de l’art.
Insaf a participé à plusieurs expositions collectives, en l’occurrence «Femmes» à la Galerie d’Art Essaadi en 2007, à la Galerie des Ateliers en 2012, à la Bibliothèque nationale de Tunis en 2014 et récemment au «Zatelier».
Calligraphie arabe en héritage revisitée
Depuis son jeune âge, Insaf Kilani Ennaceur a été sensible à la calligraphie arabe, cet art qu’elle affectionne particulièrement et auquel elle a été initiée profusément par son père, calligraphe amateur. Dans son œuvre, tout passe par le texte et par l’écrit. Qu’il soit sacré ou profane, Insaf tente de le mettre en exergue et de le faire vibrer à travers des compositions graphiques aussi bien modernes qu’insolites.
Le mélange des textures, des effets et des matières sont également au centre de sa démarche artistique, et traduit la volonté de l’artiste d’obtenir à partir de l’association d’un ensemble d’ingrédients hétérogènes (écorces d’arbre, papiers à textures, feuilles d’or...) un résultat harmonieux et plaisant.
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