Hammouda Pacha Bey ou l’apogée de la dynastie husseinite
Fils aîné de Ali Pacha Bey et petit-fils du fondateur Husseïn Ben Ali, Hammouda naquit le 8 décembre 1759. En 1777, âgé alors de 18 ans, il fut désigné par son père comme héritier du trône. La chose n’alla pas sans crainte ni hésitation car l’aîné de la famille régnante était Mahmoud fils de Mohamed- El-Rechid Bey (1756-1759). Il convient de signaler ici que si l’usage en vigueur dans la dynastie osmanlie de Constantinople était d’appliquer la règle de primogéniture, à Tunis, la dynastie naissante n’eut pas le temps de donner à cette règle une valeur institutionnelle solide —si tant est qu’en pays de despotisme oriental on puisse parler de règle successorale intangible. Toujours est-il que Hammouda donna à cette occasion la preuve de son intelligence politique et de son tact en ménageant avec succès les susceptibilités de son cousin, lui-même particulièrement réaliste puisqu’il admit que Hammouda, bien que plus jeune, était davantage que lui rompu à la gestion des affaires.
Plus que par ses réalisations politiques, économiques et architecturales ou par la stabilité qu’il a su renforcer, Hammouda Pacha le Husseïnite est entré dans l’histoire comme le défenseur énergique et habile de l’autonomie tunisienne. Soulignons tout de suite, à ce propos, que s’il était résolu à affirmer l’indépendance effective de son Etat dans le cadre d’une identité tunisienne revendiquée, Hammouda Pacha n’en demeurait pas moins un despote oriental toujours méfiant à l’égard des groupes sociaux autochtones. Sa politique fut ainsi marquée par un renforcement de l’élément mamelouk dans le premier cercle du pouvoir: ainsi du rôle de premier plan d’un Mustafa Khodja, ou, dans une moindre mesure, un Slimane Kahia, tous deux originaires de Géorgie ou encore du puissant Youssouf Saheb-Ettabaâ né en Moldavie. Il réussit néanmoins à établir un équilibre relatif entre les élites du pouvoir en nommant de nombreuses individualités locales à des postes de confiance: des conseillers tels son précepteur Hammouda Ben Abdelaziz ou Larbi Zarrouk; les cadres du haut makhzen politique voué aux charges gubernatoriales et à l’affermage des monopoles de l’Etat, constitué des grandes familles du cru comme les Djellouli de Sfax, les Ben Ayed de Djerba, les Belhadj de Bizerte. Ces fidèles et puissants serviteurs du trône avaient la haute main sur leurs régions respectives et un prestige certain auprès des populations qu’il mettait au service du pacha. Celui-ci ne manqua pas de réclamer le concours des alliés de la première heure, compagnons des princes au temps de leur exil algérien: les Lasram et les Mrabet de Kairouan, et les Bou Attour de Sfax.
Il y avait aussi le makhzen politico-militaire autochtone qui assurait un relais constant entre le pays profond et la cour tels les fameux bach hanba-s Ahmed Ben Ammar et Abdelwahheb, tous deux issus de la tribu Châren à laquelle appartenait l’aïeule du pacha ou encore Mohamed Khammessi de la confédération des Ounifa. A Tunis, ville stratégique entre toutes, le bey pouvait compter sur les autorités urbaines de la médina et des faubourgs dont la loyauté constituait une garantie contre les prétentions des pouvoirs issus de la conquête turque. En 1811, les janissaires de Tunis, corps d’élite pourtant choyé par le pacha, se révoltèrent, mais l’aventure tourna à leur déconfiture grâce à l’énergie de Youssouf Saheb- Ettabaâ, au loyalisme des troupes du makhzen, aux autorités tunisiennes de la ville (notamment Hamida Ghammed, cheikh el médina et Ali Mhaoued, le cheikh du faubourg de Bab Souika) et de ses habitants que l’on avait armés pour la circonstance. Afin de donner des témoignages tangibles de cette politique en faveur des autochtones, Hammouda se flattait de connaître personnellement non seulement les notables des villes mais aussi ceux des grandes tribus.
Bien entendu, la politique d’autonomie et d’encouragement aux élites tunisiennes se manifesta à l’égard du prestigieux milieu des oulémas. Hammouda Pacha poursuivit et élargit la politique inaugurée par son grand-père et son père de reconstitution d’un corps de la magistrature religieuse issue du pays (muftis et cadis). Certes, la prééminence continua de bénéficier aux hanéfites car le sultan et le bey appartenaient à ce rite, mais on était loin désormais des premiers temps de la conquête ottomane lorsque le premier magistrat était un cadi étranger au pays et nommé par Istanbul. Adoptant une attitude relativement différente de celle de ses prédécesseurs, Hammouda réduisit son rôle de juge, se réservant seulement l’examen en sa salle de justice du Bardo des plaintes contre les caïds, les agents du pouvoir ou les militaires ou des affaires criminelles portant atteinte à l’ordre public. Comme Soliman le Magnifique en son temps, il réclama et obtint du grand mufti Mohamed Bayram un appui total en matière d’emploi de procédés exorbitants dans la lutte contre le brigandage et le crime. Cet appui s’exprima sous la forme d’une épître relative à la notion reconnue par les juristes depuis l’époque classique de siyâsa char’iya, c’est-à-dire l’ensemble des procédés tels que la présomption, la violence et l’intimidation non autorisés par la loi musulmane aux cadis mais accordés au pouvoir politique au nom du maintien de l’ordre. Hammouda Pacha ne manqua pas d’accorder un intérêt particulier aux oulémas de l’école malékite, majoritaire dans le pays. Il redonna un lustre nouveau à l’imamat de la grande mosquée Zitouna en le confiant au fondateur de la famille des Chérif-Mohsen et en faisant bénéficier de ses largesses – soit directement, soit par ses ministres - les plus brillants d’entre les jeunes savants de ce rite. C’est ainsi que, grâce à Youssouf Saheb-Ettabaâ, un jeune provincial, Ibrahim Riahi, put s’établir confortablement à Tunis et y faire une brillante carrière qui allait le conduire, plus tard, au sommet de la hiérarchie judiciaire malékite, et à l’imamat de la Zitouna. Signe éloquent de cette politique d’étroite alliance entre le pouvoir et la magistrature religieuse, c’est à Ibrahim Riahi que Hammouda Pacha confia en 1804 une mission extraordinaire auprès du sultan du Maroc. En matière de sollicitude vis-à-vis de ses sujets de rite malékite, un intéressant exemple nous est rapporté par Ben Dhiaf: Hammouda Pacha confia au cadi malékite l’observation du croissant lunaire car il avait constaté que beaucoup de ses sujets malékites obtus jeûnaient et fêtaient l’aïd de leur propre chef pour ne pas avoir à suivre la consigne du cadi-effendi parce qu’il appartenait au rite hanéfite!
Partisan de l’islam modéré favorable aux confréries religieuses soufies, Hammouda était conforme en cela à la culture en vigueur dans tout l’empire ottoman. Aussi lorsque la rébellion antiturque d’obédience wahhabite apparut en Arabie dans les années 1745-1750, s’empressa-t-il de demander à deux oulémas, les cheikhs Omar Mahjoub et Ismaïl Temimi, de rédiger deux importantes réfutations qui aujourd’hui encore font autorité, qu’il tenta de faire parvenir au chef des insurgés. Hammouda Pacha, toujours prudent, prit cependant soin en 1812, «à un moment, nous dit Ben Dhiaf, où l’agitation wahhabite était à son comble», de mettre un terme à certaines dérives au caractère hérétique manifeste. Il fit ainsi détruire le Korsi Essollah de Sidi Bou Saïd où l’on avait coutume de procéder à des sacrifices dédiés à d’étranges divinités. Quelques années auparavant, en 1803, sur le conseil de son mufti, il fit interdire l’exhibition d’une effigie représentant une tête d’homme censée évoquer la tête de l’imâm Husseïn brandie par ses assassins à Kerbala, lors de la procession d’Achoura, fête dont la célébration en Tunisie remonte au temps du califat fatimide chiîte qui régna sur notre pays au Xe siècle.
Un autre aspect de la politique d’indépendance de Hammouda Pacha consista dans le renforcement de la capacité défensive du pays. Pour ce faire, il procéda à d’importants travaux sur les fortifications et remparts de Tunis ainsi qu’à la citadelle hautement stratégique de la ville du Kef. Pour les travaux d’aménagement de Porto-Farina, du bassin et du canal de La Goulette, le bey fit appel à des ingénieurs hollandais, notamment Jean-Emile Humbert (dont l’itinéraire tunisien a été si bien étudié par Hatem Bourial). Pour tous ces grands travaux, ministres et grands personnages étaient mis à contribution. On lui doit aussi la construction des cinq casernes des janissaires dans la médina de Tunis (dont celle d’El Attarine qui, plus tard, allait abriter jusqu’en 2005 la Bibliothèque nationale). Son intérêt pour les ouvrages de défense était tel que durant tout son règne, il ne fit construire pratiquement pas de résidences d’agrément hormis le splendide palais de la Rose à La Manouba (aujourd’hui musée militaire national).
Ce vaste programme de défense du pays s’accompagna bien sûr de la constitution d’une armée relativement puissante équipée d’artillerie et accompagnée d’une nombreuse cavalerie auxiliaire bédouine. Elle devait être capable de se déplacer sur de grandes distances et d’assiéger une ville forte comme Constantine. En cas de revers, le bey pouvait la reconstituer par les ressources de l’Etat et par les donations en matériel et en montures des puissants caïds, comme ce fut le cas en 1806-1807, de Mahmoud Djellouli et Hamida Ben Ayed. Tout cela avait été rendu possible grâce à la prospérité acquise par le pays. Prospérité née de la stabilité consécutive au long règne de son père Ali (1759-1782) et prolongée par Hammouda. Réputé pour son obsession à constituer d’importantes réserves financières qui devaient lui permettre d’entretenir ses troupes et cherchant à corriger les lacunes du mode de perception en vigueur sous les règnes de ses prédécesseurs, Hammouda Pacha introduisit le système de la vénalité des charges caïdales. Ce qui eut, certes, pour effet d’assurer à l’Etat des rentrées importantes d’argent frais mais entraîna fatalement une exploitation des sujets par les caïds-fermiers et leurs agents, les cheikhs des tribus. La prospérité était fondée en partie sur l’encouragement du bey aux activités agricoles ainsi qu’aux métiers urbains et au commerce. Il donnait l’exemple en se livrant à l’exploitation de ses terres à la Mornaghia et mettait un point d’honneur à ne consommer que des biens et articles du pays au grand dam, nous dit Ben Dhiaf, des grands personnages de la cour obligés de ranger leurs vêtements de soie et de se vêtir des tissus du pays.
L’autre élément qui, d’une manière conjoncturelle, contribua à la prospérité du règne de Hammouda, était l’activité corsaire, lucrative aussi bien pour les régences dites «barbaresques» que pour les Etats européens. Comme le souligne l’historien Mongi Smida (Tunis, 2001) «course et négoce allaient de pair. L’une alimentant l’autre. L’argent circulait et nourrissait un intense trafic où quoi qu’on en dise, de part et d’autre de la Méditerranée, chacun y trouvait son compte». Les plus puissants armateurs étaient le bey lui-même, son ministre Youssouf, les grands caïds: Djellouli, Ben Ayed, Slimane Belhadj. La plupart étaient aussi en même temps engagés dans de fructueuses opérations commerciales dans tout le Bassin méditerranéen.
En politique extérieure,- tous les historiens l’ont souligné - Hammouda Pacha sut tirer habilement profit de la conjoncture européenne. Les relations commerciales avec les puissances étrangères étaient certes anciennes et régies par la convention établie depuis le XVIe siècle entre l’empire ottoman et divers Etats européens connue sous le nom de «Capitulations». Toutefois, des tensions, voire des guerres, ne manquant pas de survenir, il était nécessaire de rétablir la bonne entente par des traités de paix et de commerce, et de tenter de réglementer l’activité corsaire pratiquée des deux côtés.
Durant son long règne marqué au plan international par les guerres européennes et une recrudescence de la course en mer, Hammouda Pacha renouvela des traités avec l’Angleterre, l’Autriche, le royaume des Deux-Siciles, l’Espagne, la France, le Portugal et la république de Venise. C’est sous son règne qu’en 1797, puis de manière définitive en 1799, les premiers traités établissant des relations entre les Etats-Unis et Tunis furent signés. Le cas échéant, Hammouda Pacha ne manquait pas, pour aplanir les difficultés ou dissiper des malentendus, de dépêcher auprès des puissances des ambassadeurs extraordinaires. Ahmed Ben Dhiaf et Alphonse Rousseau, alors interprète au consulat de France à Tunis, dans ses Annales tunisiennes, font mention des missions de Mahmoud Khodja à Paris auprès du Directoire puis Moustafa Arnaout auprès de Bonaparte, premier Consul, Slimâne Mallamali aux Etats-Unis ou encore Mahmoud Djellouli à Malte et à Londres.
Malgré des sollicitations des uns ou des autres, Hammouda Pacha, sagace, observa une stricte neutralité dans le conflit qui opposaient Français et Anglais et leurs alliés (A. Rousseau, Annales… pp.248-249). En cas de vive tension ou de guerre ouverte ou d’obligation de prendre partie sur injonction du sultan, l’Etat beylical faisait la preuve de sa capacité à assurer la protection des consulats et des marchands européens et de leurs biens en prévision de débordements xénophobes toujours possibles. Mais ce que les historiens disent moins - et qu’il convient de souligner ici - c’est l’énergie déployée par le pacha bey à défendre les intérêts de ses sujets marchands.
Sa détermination fut ainsi à l’origine d’une guerre avec Venise. Des marchands de Sfax et, quelque temps après, des négociants de Tunis ayant perdu leurs marchandises embarquées d’Alexandrie et de Livourne à bord de bateaux vénitiens qui disparurent malencontreusement par la faute de leurs capitaines, s’en plaignirent au pacha. Il s’engagea à leur obtenir réparation. Les négociations avec Venise tournèrent court. Le bey rompit les relations consulaires et les navires de la Sérénissime république vinrent à diverses reprises, entre 1783 et 1786, bombarder Sfax, Sousse, Bizerte et La Goulette et essuyèrent le feu des batteries côtières tunisiennes. Hammouda Pacha tint bon et en 1792, un traité de paix fut signé à l’occasion duquel, affirme A. Rousseau, Venise paya la somme de 40 000 sequins (monnaie d’or de Venise), ce qui permit de dédommager amplement les marchands, outre de riches présents offerts au bey par le sénat.
L’opiniâtreté du pacha dans ses négociations avec les puissances étrangères s’accompagnait d’un souci d’obtenir des compensations utiles à sa politique de défense. S’il ne dédaignait pas les cadeaux prévus par les usages diplomatiques à l’occasion de la signature d’un traité de bonne entente, il demandait et obtenait qu’on lui livre plutôt du matériel de guerre, et des espèces d’or ou d’argent. A l’occasion du traité de paix signé avec l’Espagne en 1791, il reçut de la cour de Madrid 100.000 piastres fortes, et 30.000 autres en espèces ou en cadeaux aux dignitaires du Bardo auxquels s’ajoutèrent deux chebecks armés de 26 canons (A. Rousseau, pp.225 et 242).
Lors de la signature du traité de 1799: «Voici, rapporte Alphonse Rousseau, à quel prix le gouvernement des Etats-Unis acheta cette paix: somme payée à la Régence: 50.000 dollars, services secrets du saheb-ettaba: 8.000, 28 canons de 12, 14 de 8,10.000 boulets, 300 quintaux de poudre, 400 quintaux de cordages, représentant ensemble une valeur de 25.00 $ environ, cadeaux divers en bijoux 10.000, frais extraordinaires, 4.000. Soit un total de 97.000 dollars environ». Il est vrai qu’en contrepartie, Hammouda Pacha avait accepté de supprimer un article du premier traité de 1797 très désavantageux au commerce américain. Lors d’une trêve signée en 1814, Naples, pour sa part, dut livrer, nous dit Alphonse Rousseau, 9.000 boulets de gros calibre, des milliers de barils de poudre, du bois de construction et des cadeaux d’une valeur de 50.000 piastres fortes.
S’il fit la preuve de sa capacité à tenir tête à des puissances étrangères bien plus fortes que son pays et l’imposer ainsi comme un royaume quasi indépendant, Hammouda Pacha sut aussi renforcer l’identité tunisienne de son Etat face au Sultan, son suzerain et face aux menaces venant des deux provinces voisines de Tripoli et d’Alger. Avec le gouvernement impérial turc, il se tira d’une situation délicate survenue en 1794. C’était à la suite de l’expédition entreprise par l’armée de Hammouda Pacha destinée à réintégrer l’île de Djerba dans le giron tunisien, aller à Tripoli, rétablir le bey Karamanli sur son trône et chasser le condottiere –Ali Bourghol – qui, se réclamant de l’autorité du Sultan, l’avait renversé (Leaders, mars 2016). Si militairement, l’expédition tunisienne fut un succès complet, et si au plan interne et régional, elle accrut le prestige de Hammouda, au plan des relations de vassalité vis-à-vis du sultan, la situation était délicate. On décida d’envoyer à Istanbul l’homme de confiance du bey, Youssouf Saheb Ettabaâ, avec mission de faire amende honorable. Youssouf réussit pleinement son ambassade puisqu’il revint chargé de cadeaux impériaux dont une frégate et même du firman d’investiture pour le bey de Tripoli protégé des Tunisiens! L’envoyé tunisien réussit même à affirmer l’autonomie de son pays en refusant de faire baisser le pavillon tunisien en entrant dans le port de Constantinople malgré l’injonction des autorités navales (Leaders, juillet 2016).
Du côté de l’ouest, Hammouda Pacha, depuis toujours irrité par la suffisance des deys d’Alger et leurs exigences financières au motif que leur appui avait permis le retour des fils de Husseïn Ben Ali au pouvoir, décida de se débarrasser de cette encombrante tutelle. Après une offensive qui permit aux Tunisiens d’assiéger Constantine puis une retraite qui fit pénétrer les Algériens en Tunisie, Hammouda Pacha eut finalement le dessus par la victoire décisive de juillet 1807.
En bon prince oriental, Hammouda Pacha n’a pas préparé sa succession d’autant qu’il perdit son fils unique, le prince Mohamed mort à 9 ans en 1800. A la mort du bey survenue le 16 septembre 1814 au bout de 32 ans de règne, Youssouf Saheb-Ettaba, son puissant et brillant lieutenant, tenta de garder le pouvoir en hissant sur le trône Othman, le frère du bey défunt, sous les yeux ébahis de Mahmoud bey et de ses fils. Mahmoud, doyen d’âge de la famille, qui rongeait son frein depuis sa première mise à l’écart en 1782, et surtout ses fils Husseïn et Mustapha décidèrent d’agir et Othman et ses fils Salah et Ali furent assassinés en décembre 1814. A partir de cette date, la règle de primogéniture allait être appliquée sans anicroche jusqu’à la fin de la monarchie.
Après Hammouda Pacha, la Tunisie eut d’autres grands princes tels Husseïn II et Ahmed Ier, soucieux, eux aussi, de protéger la souveraineté de leur Etat et d’assurer la paix de leurs sujets. Mais le monde avait changé. La paix revenue en Europe en 1815, les escadres des puissances mirent fin à l’activité corsaire et leur puissance de feu en firent rapidement un instrument décisif de domination. 15 ans plus tard, Alger allait tomber aux mains des Français. Face à cette redoutable menace, l’autonomie de l’Etat beylical chère à Hammouda Pacha et à tous les princes husseïnites apparut soudain comme un facteur aggravant de la fragilité de la régence face aux périls extérieurs.
Mohamed-El Aziz Ben Achour