Présence artistique arabe à Paris
L’Institut du Monde arabe (IMA) à Paris propose en ce moment deux expositions consacrées à la création artistique dans l’espace arabe. Initiative heureuse dont il s’impose de remercier les responsables de l’Institut et en premier lieu son Président, M. Jack Lang. Initiative qui change du terrorisme et de l’islamisme et autres images négatives auxquelles est le plus souvent réduit le monde arabe.
100 chefs-d’œuvre arabes
Ce chiffre cent n’est là qu’à titre symbolique, les œuvres présentées étant en réalité seulement 90 mais elles sonttoutesissues de la collection personnelle de Sultan Al Qassemiqu’il a commencé à constituer à partir de 2010 et dont il a confié la gestion et la préservation à la Fondation Barjeel, une fondation privée basée à Sharjah aux Emirats arabes unis.
Grâce à cette sélection de 90 chefs-d’œuvreprésentée pour la première fois en France, la Fondation Barjeel retrace l’histoire de la création arabe depuis la seconde moitié du XXe siècle.
Ainsi se trouvent mis à l’honneur, à travers installations, photos et peintures, les grands noms de l’art moderne et contemporain arabe. Des artistes majeurs, reconnus par leurs pairs et par les collectionneurs et honorés par les musées et les institutions artistiques sont représentés à cette expositionexceptionnelle à plus d’un titre.
A défaut d’être exhaustif, mentionnonsl’artiste émirati disparu en septembre dernierHassanSharif, le célébrissime marocainAhmed Cherkaoui ; Marwan Kassab Bachi l’un des peintres les plus connus de Syrie disparu malheureusement en octobre dernier à Berlin ; Kader Attia, le lauréat du Prix Marcel-Duchamp 2016 ; le peintre, illustrateur et graveur algérienRachid Koraichi ;la poétesse et artiste visuelle libanaiseEtel Adnan…
Enfin, qu’il nous soit permis de faire une mention spéciale à la jeune artiste tunisienne Nadia Ayari dont on peut admirer un grand tableau intitulé en anglais The Fence car comme chacun le sait Nadia vit aux USA (New York) dont elle est aussi citoyenne par sa mère.
Signalons que l’amateur intéressé dispose encore du temps pour admirer cette exposition puisqu’il peut s’y rendre jusqu’au 2 juillet 2017. En revanche, s’il éprouve la moindre solidarité avec les Palestiniens, il doit se précipiter toute affaire cessante à l’IMA, car l’exposition qui présente la préfiguration dufutur Musée d’art moderne et contemporain en Palestine ne durera que jusqu’au 26 mars 2017
Présente absence de la Palestine
Ce musée en projet, ce musée en exil est une métaphore de la Palestine. Il est pour reprendre l’oxymore du regretté Mahmoud Darwish, « Présente absence ».
L’exposition “Pour un musée en Palestine” permet d’admirer une cinquantaine d'œuvres issues de la collection du futur Musée d'art moderne et contemporain en Palestine, collection en constitution grâce aux dons et à la générosité d’artistes solidaires voire militants commeHenri Cartier Bresson, , Hervé Di Rosa, Robert Doisneau, Titouan Lamazou, Hervé Télémaque, Gérard Fromanger, Henri Cueco, Antonio Segui… et surtout Ernest Pignon Ernest en sa qualité de membre dynamique de l'association chargée de collecter des œuvres pour le futur musée.
Au lieu d’être associé, comme d’habitude, à la tradition et au folklore, ces deux expositions donnent à voir la vitalité créatrice et la modernité du monde arabe.
Au lieu d’être associé, comme très souvent depuis quelque temps, à la destruction, à la violence et à la laideur de la mort, le monde arabe se trouve ici associé, grâce à ces deux manifestations et par la grâce de ses créateurs, àl’art et à la beauté. En cela l’institut joue pleinement son rôle, remplit sa mission et mérite plus que jamais son nom.
Slaheddine Dchicha