Saudade(*) Dali Jazi
Dix ans déjà! Un Grand Homme nous a quitté...; au summum de sa plénitude!
Dali Jazi, Fin Politique, Homme d’honneur, Homme d'action, de courage et de culture.
Il manque à notre paysage politique en décomposition malgré les lueurs d'espérance qui surgissent, dans le désordre, de temps à autre.
Par sa Raison, son style affable, ses engagements pour les Libertés individuelles et collectives, son savoir juridique, sa connaissance approfondie des réalités du pays, des hommes et des femmes d'ici et d'ailleurs, son goût exquis pour la culture, pour la Création, sa rigueur, son désaveu des privilèges d’un autre temps. Son sens de l'Etat qu’il insuffle dans ses différents responsabilités, au sein de son cercle privé, sa famille politique et ses réseaux denses en Tunisie et à l'étranger.
Il n'existe pas de visiteur d'importance qui ne souhaitait le rencontrer et écouter ses analyses toujours pertinentes. Il excellait dans le Droit et la Diplomatie. Il mettait un point d'honneur à hisser le débat sur des cimes et des normes internationales.
Tout en étant un homme de proximité et de fraternité partagée, il ne supportait pas le populisme... qui s’'apparente à une indigence intellectuelle et des discours creux et inaudibles.
Homme de Combat, Homme des Idées et de l'Innovation.
Il nous manque. il manque à cette Tunisie qu'il aimait tant.
Nos formidables conversations, nos échanges d'idées nous rendaient meilleurs avec ce parfum suave de l’élévation.
Il n'aimait pas ce qui était fade, terne et médiocre.
Même la maladie n'a pas entamé son brio, ses clins d'œil à la vie, ses prises de position, sa Liberté.
Il savait initier les conversations, les débats. Il avait une extraordinaire capacité d'écoute et du respect pour celles et ceux qui défendaient leurs idées mais cette courtoisie le renforce dans ses principes et ses convictions profondes.
C'était l'ami irremplacé, le frère, le compagnon de route d'une fidélité absolue.
La Dignité comme l'éthique étaient ses valeurs suprêmes...qu'il a su transmettre.
Il méritait tous les Honneurs mais il n'était pas dupe. Pour lui le plus grand des honneurs c'était de faire partie des universitaires éclairés...qui croyaient au progrès et à la modernité bien comprise. Sa tunisianité n'a de profondeur que son ouverture sur un monde pluriel; Mozart et le Malouf s'entendaient à merveille avec les notes de Issac Albeniz et le Fado de Amalia Rodriguez ou Night In Tunisia de Dizzy Gillespie et Frank Paparelli... à côté bien sûr des Ecrits et des livres de référence.
C’est, avec ses amis et ses pairs, un socle de la pensée politique tunisienne contemporaine.. qui vous réconforte dans les moments de doute et vous donne la force de persévérer.
Sa rigueur intellectuelle n'a d'égale que sa ferveur pour la défense des causes justes. Homme de dialogue, de la Raison et du Cœur.
Je suis fier de l'avoir comme Ami... au passé et au présent.
Zouheir Allagui
(*) Saudade est un mot portugais, du latin solitas, atis1 qui exprime une mélancolie empreinte de nostalgie, sans l'aspect maladif.