«KITSH 2011»: Grandeur et déchéance de l’homme
Si vous n’avez pas lu «la trilogie d’Alexandrie» de Lawrence Durrel, «la Plaisanterie» de Milan Kundera, «Belle du Seigneur» d’Albert Cohen ou «l’Automne de la colère» de Mohamed H. Haykel, rassurez-vous. Le dernier roman «Kitsh 201» de l’écrivain –journaliste El Safi Said les condense en un opuscule (monumental).
N’ayant rien d’exotique -dans l’autre sens- les personnages sont familiers tellement leurs caractères collent à l’espace méditerranéen, berceau des religions révélées et de la démocratie. Deux thématiques autour desquels s’articulent l’actualité du présent, le devenir de la région et l’avenir de la fragile planète.
Dans un style arabe fluide et doux -amer ,«Kitsh 2011» est un cri iconoclaste lancé à l’interface du «printemps tunisien» et par extension arabe. Il renvoie les élites politiques et culturelles à leur miroir brisé par la bêtise et la schizophrénie ambiante. Des révolutions orphelines qui sombrent dans les magouilles de prot-politiciens prisonniers de l’ego surdimensionné et des manitous de la globalisation financière mus par la nouvelle économie et ses mantras de la démocratie et les droits humains.
Face à la déferlante des islamistes fermés à tout dialogue et manipulés par le néo-empire pétro-dollarien et la géo-stratégie, seuls la paix, l’amour, l’éthique et l’art peuvent –semble-il - sauver les personnages. Subjectivement. Ceux-ci règlent –trop tard- leur compte avec eux-mêmes. Ils réalisent que les chrétiens de l’occident dominateur-à présent - les ont devancés pour avoir conquis la liberté d’expression par la réformation plaçant Dieu à sa place: le ciel. Leur foi dans le cœur. Sans haine ni surenchère. Repointe –toutefois- du nez un judaïsme conquérant.
De par leur fragilité, ils arrivent à tirer leur épingle d’un jeu d’échec -dont ils ne détiennent pas les ficelles – pour éviter de ne pas sombrer dans la déraison et la lâcheté généralisées. Autant que Cléa de Durrell ,l’auteur transcende la solitude pour en faire carrément un ultime refuge. Critique et hédoniste ,Il les accompagnent dans leurs pérégrinations. Son troisième œil impitoyable les observe en contrepoint. Ils ne rencontrent que pour se séparer, ne s’aiment éperdument que pour se projeter dans le fantasme. Mais la conjoncture macabre finit toujours par les rattraper. Insaisissable, l’ici et maintenant renvoie à l’ailleurs et au passé qui hantent, par ricochet, le présent préfigurant l’avenir. Mais lequel? Et si la révolution n’était qu’involution; la fiction se substituerait à la réalité. Marx est mort. Dieu aux abonnés absents… Mais vigilance: ne jeter pas le bébé avec l’eau de bain même si à nos jours, elle parait trouble!
Captivant, ce roman à double entrée (contexte et méta- texte) ne se rangera pas de sitôt. S’il était traduit dans d’autres langues ainsi que la vingtaine d’ouvrages de prospective, de relations internationales et de romans dus à sa plume, l’écrivain-journaliste Tunisien pourrait prétendre au mérite du prix Nobel de la littérature!
Habib Ofakhri
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Je ne m'attarderai pas sur la forme, ce serait fastidieux et trop long. Je me contenterais de mentionner une inexactitude, une seule mais grave car venant sous la plume de quelqu'un qui prétend pouvoir juger du mérite d'une oeuvre littéraire au point de vouloir lui discerner le Prix Nobel! Cher Monsieur, Lawrence Durrell a écrit Le Quatuor d'Alexandrie (The Alexandria Quartet) et non «la trilogie d’Alexandrie» comme vous l'affirmez allègrement!