La fronde des médecins : comprendre avant de condamner
Les médecins en ont assez d’être diabolisés, et entendent le faire savoir : en observant dès ce lundi une grève ouverte à Sousse et Gabès pour les médecins hospitalo-universitaires et une grève des médecins de libre-pratique le mercredi 8 février. L’élément déclencheur en aura été l’arrestation d’un médecin anesthésiste à Gabès et celle d’une résidente d’un hôpital de Sousse. Dans les deux cas, il y a eu décès. Y a-t-il-eu une faute médicale ? Sur la foi d’articles de presse et sans attendre la constitution d’un comité d’experts, les deux médecins ont été arrêtés. Il n’en a pas fallu plus pour que le corps médical se sente stigmatisé et réagisse.
Il faut dire que le feu couvait sous la cendre depuis longtemps : articles de presse, et émissions de télévision sur les erreurs médicales, campagnes de diffamation sur les réseaux sociaux. Tout cela a concouru à l’instauration d’un climat malsain contre le corps médical. En réaction, on assiste depuis quelque temps à l'expatriation de centaines de médecins dont des séniors (professeurs et professeurs agégés de médecine), essentiellement en France où ils constituent le tiers des médecins étrangers qui se présentent aux concours d'équivalence et en Allemagne où ils disposent de meilleures conditions de travail. Tout indique que nous n'en sommes encore qu'aux prémices d'un phénomène qui pourrait prendre l'allure d'un exode, tel que l'ont connu des pays comme Cuba dans les années 60 et plus près de nous l'Algérie pendant la décennie noire. Et tout celle par la faute d'une certaine presse antinationale qui au nom du buzz tire le secteur vers le bas dans l'impunité la plus totale et de quelques internautes. Allons-nous nous résigner à laisser partir la fine fleur de nos élites ?