Anis Amri, l'auteur présumé de l'attentat de Berlin abattu lors d’un contrôle de police à Milan
Le ministre italien de l'Intérieur a annoncé que Anis Amri, 24 ans, principal suspect de l'attentat au camion-bélier mené lundi sur un marché de Noël à Berlin a « sans l'ombre d'un doute » été abattu par la police près de Milan, dans le nord de l'Italie. Le ministre a précisé que Amri avait été tué pendant un contrôle d'identité de routine de la police italienne. Il a sorti "sans hésiter une arme et a tiré sur l'agent qui lui avait demandé ses papiers", a indiqué le ministre lors d'une conférence de presse, rapporte l’AFP. Son arrestation a été effectuée par une patrouille composée de deux policiers alors qu'il circulait de façon "suspecte" devant la gare milanaise de Sesto San Giovanni. Un agent a été blessé "sur des zones non vitales et il est actuellement hospitalisé mais ses jours ne sont pas en danger". L'autre agent n'a pas été blessé.
L’opération s'était déroulée en "totale sécurité" et que seuls les policiers avaient pris des risques. Le relevé de ses empreintes digitales a permis de confirmer qu'il s'agissait bien du principal suspect de l'attentat de Berlin.
Retraçant son profil, l'AFP indique que sous le coup d'une condamnation par contumace de quatre ans de prison pour vol et cambriolage, Anis Amri profite du désordre ambiant de la révolution en 2011, comme des milliers de ses compatriotes, pour prendre la mer en mars et rejoindre la petite île italienne de Lampedusa. Il ment alors sur son âge pour être considéré comme mineur non accompagné et est transféré en Sicile.
Outre sa condamnation, "Anis est aussi parti pour fuir la misère. Il n'avait aucun avenir en Tunisie et il voulait à tout prix améliorer la situation financière de notre famille qui vit en-dessous du seuil de pauvreté comme la majorité des habitants de Oueslatia" dans le centre de la Tunisie, raconte Abdelkader, son frère interrogé par l'AFP.
Mais en Italie, il bascule de nouveau dans la délinquance. Arrêté avec des amis pour avoir incendié une école, il écope de quatre ans de prison et loin d'être un détenu modèle, il ne bénéficie d'aucune remise de peine. C'est sans doute dans l'un des pénitenciers par lequel il est passé qu'il s'est radicalisé, selon la presse italienne, un phénomène classique en Europe.
A sa libération, la Tunisie refusant de le reprendre, l'Italie lui ordonne de quitter le territoire et il rejoint en juillet 2015 l'Allemagne qui est alors au début du pic de la crise migratoire et verra arriver près de 900.000 demandeurs d'asile fuyant la guerre et la misère.
Très rapidement, policiers et procureurs remarquent cet homme de 1,78 m et 75 kilos qui gravite autour de militants jihadistes notoires. Lui-même se retrouve classé "individu dangereux" par les services spécialisés de la région de Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest).
Il est notamment en contact avec un ressortissant irakien de 32 ans, identifié comme Ahmad Abdulaziz Abdullah A. alias "Abou Walaa" et considéré par les autorités comme un prédicateur lié au groupe Etat islamique de la mosquée de Hildesheim, bastion pour les salafistes.
Ce dernier a été arrêté en novembre avec quatre complices pour avoir monté un réseau de recrutement pour le compte de l'EI, selon le parquet fédéral.
Le jeune Tunisien a aussi été observé par la police à plusieurs reprises, notamment le soir de l'attentat et quelques jours plus tôt, entrant et sortant d'une mosquée radicale du quartier de Alt-Moabit de Berlin, selon des médias.
Anis Amri a aussi été de mars à septembre l'objet d'une enquête confiée au parquet de Berlin pour "préparation d'un acte criminel grave représentant un danger pour l'Etat".
Concrètement, il était soupçonné de préparer un braquage pour acheter des "armes automatiques et probablement ensuite, avec l'aide de complices qu'il voulait trouver, de commettre un attentat". Les autorités savaient aussi qu'il disposait d'au moins une demi-douzaine d'identités et qu'il circulait librement avec elles en Allemagne.