Paris – De notre envoyé spécial, Taoufik Habaieb. A-t-il été jusqu’au bout de sa pensée et tout révélé ? Par deux fois durant sa visite éclair vendredi à Paris, à la faveur du lancement de son livre, le président Béji Caïd Essebsi était interrogé par les médias sur l’attitude du gouvernement vis-à-vis des jihadistes tunisiens de retour. Le matin, lors d’un petit-déjeuner de presse, il a mentionné deux principes. Le premier consiste à reconnaître à tout Tunisien le droit de revenir dans son pays. Le second est de rappeler que tout Tunisien demeure comptable de ses actes et faits répréhensibles qu’ils soient commis en Tunisie ou à l’étranger. Nul ne saurait échapper aux investigations s’il est reconnu suspect et aux poursuites si des fortes présomptions sont réunies contre lui. La doctrine est affirmée, mais sans en fournir plus de précisions.
Le jour-même et lors d’un déjeuner offert par le Cercle des Médias, BCE est de nouveau interrogé sur la même question par un confrère de l’AFP. Il affirmera que «toutes les dispositions sont prises pour les neutraliser» sans nécessairement qu’ils « soient tous mis en prison », faute de places disponibles.
Résidence surveillée et contrôle administratif
Ce que le président Caïd Essebsi n’a pas révélé, c’est que tout jihadiste identifié fait l’objet dès son retour en Tunisie d’une prise en charge sécuritaire. En fonction du degré de son implication, il est soit jugé, soit assigné à résidence surveillée ou soumis au contrôle administratif. Selon des sources dignes de foi consultées par Leaders, le nombre des jihadistes de retour en Tunisie serait de près de 800 éléments. Parmi eux, plus de 300 font l’objet d’une décision de placement sous surveillance.
Des prises significatives
Depuis janvier dernier, indiquent ces mêmes sources à Leaders, pas moins de 1826 affaires liées au terrorisme ont été traitées par les forces sécuritaires. Aussi, 15 cellules d’organisation d’envoi de jeunes tunisiens en Syrie et en Irak ont été démantelées et 83 cellules terroristes, complètement démasquées.
Quelle conduite tenir ?
Quel traitement réserver aux terroristes de retour et d’une manière générale aux terroristes qui sont en détention préventive ou condamnés. Une approche concertée entre les divers ministères concernés (Intérieur, Justice qui est en charge des services pénitenciers, et autres) serait en cours de finalisation. La stratégie nationale de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme, signée par le président Caïd Essebsi le 7 novembre dernier en esquisse les lignes directrices. Sa finalisation détaillée, et son adoption concertée s’imposent de toute urgence.