Tunisia 2020: Le déclic
Que ce soit au titre d’un «devoir de soutien» ou d’une «décision intelligente de bien investir», la communauté internationale a répondu massivement à l’appel de la Tunisie. Même s’il a tardé jusqu’à la dernière semaine pour se produire, l’engouement général pour la Conférence internationale sur l’investissement Tunisia 2020 a dépassé les attentes.
Ils ont fini par y croire. Institutionnels étrangers, investisseurs privés tunisiens et étrangers en ont compris les enjeux, le sérieux et les opportunités. Au-delà des montants significatifs d’aides et de crédits annoncés par l’émir du Qatar (1,250 milliard de dollars), le Premier ministre français (1 milliard d’euros confirmé sur cinq ans et de nouvelles reconversions de la dette), le vice-Premier ministre du Koweït (500 millions de dollars) et autres et des accords de crédit signés, (BEI, BERD, JICA...), c’est la confiance que suscite désormais la Tunisie qui est à retenir.
L’Europe, a rappelé Manuel Valls, doit être à la hauteur des attentes de la Tunisie et s’engager pleinement à les hisser en priorité de premier ordre. C’est aussi dans son intérêt.» La rive nord de la Méditerranée a bien compris les enjeux partagés. «L’appui à la Tunisie est un exemple de ce qu’il convient d’accomplir au lieu de l’insouciance pour soutenir un pays proche contre le terrorisme qui nous menace tous», souligne Cheikh Tamim, émir du Qatar. «La guerre contre le terrorisme est indispensable, et ne se mène pas uniquement sur les plans sécuritaire et militaire, mais aussi et surtout par l’éradication de l’extrémisme par l’éducation, l’emploi et les sources de revenus.» La thèse tunisienne trouve bien écho dans les pays du Golfe.
Des intérêts cherchent à converger
Si les politiques sont unanimes dans leur soutien, les investisseurs le sont aussi à identifier les bonnes opportunités à saisir et les meilleurs partenaires pour les faire fructifier. Passés la cérémonie officielle et ses discours, les tables rondes thématiques et leurs débats, place au concret: l’examen des projets soumis au financement.
La panoplie est riche, le degré d’affinement des études varie d’un projet à un autre, mais les idées sont là, les orientations aussi. Plus que les documents de projets et les études financières, sommaires ou approfondies, le networking l’emporte. Des intérêts cherchent à converger et des liens se créent. Le lendemain même de la conférence, l’essentiel commence. Quel suivi sera effectué? Quel mécanisme d’accompagnement sera mis en place? Comment vaincre toutes les difficultés qui ne manqueront pas de surgir? L’Administration parviendra-t-elle à se convertir en allié des promoteurs de projets comme s’y est engagé le président Béji Caïd Essebsi?
La machine mise en branle
La tenue de la Conférence en elle-même a apporté une double preuve. Celle du potentiel que représentent désormais la Tunisie et son économie, s’imposant en site le plus compétitif du sud de la Méditerranée. Et celle de pouvoir satisfaire aux exigences des investisseurs. De nouvelles voies s’ouvrent.
En prenant le pari de maintenir la tenue de la Conférence et à sa date, et en réussissant à réunir les conditions nécessaires pour son succès, le nouveau gouvernement conduit par Youssef Chahed a misé gros. Il a déclenché un déclic salutaire que tous espèrent irréversible.
Il lui appartient aujourd’hui de concrétiser, avec la communauté d’affaires, toutes ces annonces, de faire démarrer tous les projets et de leur fournir tout l’appui nécessaire jusqu’à ce qu’ils portent leurs dividendes.
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