L’Association Tunisienne des Economistes (
ASECTU) a invité les Tunisiens, personnes morales et physiques, « à faire montre d’un grand sens de citoyenneté en faisant toute la transparence sur leurs revenus et en s’acquittant pleinement de leur devoir fiscal». Dans un communiqué signé par son président Mohamed Haddar, elle «invite également tous les corps constitués et toutes les organisations professionnelles à mettre un terme à la stricte défense des intérêts corporatistes qui portent préjudice à la souveraineté de notre pays et conduisent à l’affaiblissement de notre cohésion nationale et au sentiment d’injustice». Exprime «sa vive préoccupation quant à l’extrême gravité de la situation financière», déplore que «les pressions accrues sur les finances publiques s’élargissent pour couvrir les déficits des caisses de la sécurité sociale et ceux d’un nombre croissant d’entreprises publiques en quasi-cessation de paiements».
Texte intégral
L’Association Tunisienne des Economistes exprime sa vive préoccupation quant à l’extrême gravité de la situation financière que traverse notre pays, en particulier celle des finances publiques.
Les débats qui se déroulent actuellement à propos du projet de la Loi de Finance 2017 ont clairement montré cette gravité et les dangers qui découlent de la poursuite des politiques et approches suivies pendant les six dernières années. La situation économique ne cesse de se détériorer, les déficits budgétaires de se creuser, et la dette publique d’être de moins en moins soutenable. De plus, les pressions accrues sur les finances publiques s’élargissent pour couvrir les déficits des caisses de la sécurité sociale et ceux d’un nombre croissant d’entreprises publiques en quasi-cessation de paiements.
Les Tunisiennes et les Tunisiens ont besoin d’un Etat qui assure leur sécurité, garantit la justice sociale, fait respecter la loi, et fournit des services publics de qualité. Il faudra lui accorder les ressources financières nécessaires pour remplir convenablement son rôle et relancer le développement économique et social du pays. En contrepartie, l’Etat doit procéder rapidement à la mise en œuvre d’un ensemble de réformes avec en priorité : la refonte totale de ses politiques de finances publiques et de préparation du budget et de la loi de finances, l’adoption d’une politique de gestion de la dette publique fixant en particulier les conditions et les limites à ne pas dépasser, une rationalisation des dépenses publiques pour ne retenir que celles reconnues comme étant effectivement prioritaires dans les conditions actuelles, et enfin la mise en place d’une fiscalité juste, simple et efficace, pour faciliter son administration, encourager la croissance et l’emploi, et mobiliser les ressources nécessaires au développement du pays.
L’Association Tunisienne des Economistes invite toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens, personnes morales et physiques, à faire montre d’un grand sens de citoyenneté en faisant toute la transparence sur leurs revenus et en s’acquittant pleinement de leur devoir fiscal. Elle invite également tous les corps constitués et toutes les organisations professionnelles à mettre un terme à la stricte défense des intérêts corporatistes qui portent préjudice à la souveraineté de notre pays et conduisent à l’affaiblissement de notre cohésion nationale et au sentiment d’injustice.
Le temps est court ; il y a urgence. La discussion de la Loi de Finances et du Budget pour l’année 2017 est l’occasion pour exprimer cette exigence de citoyenneté et de solidarité, fondamentale pour que notre Etat puisse continuer à assurer le versement des salaires et des pensions de retraite et à garantir la continuité des services publics. L’Association Tunisienne des Economistes est convaincue que seul un vaste mouvement de solidarité nationale est en mesure de préserver notre pays des risques de remise en cause de nos acquis politiques et sociaux et des menaces d’instabilité.
Il en va de l’avenir de notre pays, de sa stabilité politique et sociale, et de la capacité de notre société à valoriser ses acquis, répondre aux aspirations légitimes de sa jeunesse et accéder au statut de société véritablement démocratique, prospère et solidaire.