Caïd Essebsi : la Ligue arabe, c'est fini, les Arabes vivent une véritable tragédie
Un tableau bien sombre du monde arabe que celui que le président de la République a dépeint au journal El Qods El Arabi. «Ce à quoi nous assistons, c'est à une véritable tragédie alors que les Arabes disposent de tous les atouts qui leur permettent de jouer un rôle décisif dans les relations internationales. D’ici quelque temps, la Syrie disparaîtra. Il faudra au moins 50 ans pour qu’elle renaisse de ses cendres. Idem pour l’Irak. S’il est vrai que Saddam était un mauvais président, il y avait en son temps un Etat, des progrès technologiques. L’Irak est revenu aujourd’hui au stade pré-étatique et il lui faudra du temps pour redevenir ce qu’il était. La situation du monde arabe est critique. La Ligue arabe, c’est fini. Les Arabes sont absents dans le conflit syrien, comme tétanisés. Ils ont même perdu le contrôle de la situation chez eux. Lorsque j'ai pris part au Sommet du G8 à Deauville en 2011, on m'a parlé du printemps arabe. C'est une trouvaille occidentale. Il y a seulement des prémices d'un printemps tunisien grâce au legs bourguibien, notamment, l'émancipation de la femme, l'instruction, la santé. Et malgré tous ces acquis, nous devons faire face à une menace terroriste que la Tunisie seule ne pourra pas combattre ».
A propos de la situation intérieure, Béji Caïd Essebsi est revenu sur l'alliance avec Ennahdha : « le corps électoral ne nous a pas donné la majorité, mais juste une avance de quelques dizaines de sièges. De plus, rejeter Ennahdha dans l'opposition pouvait aboutir à une alliance objective entre ce parti et la gauche. Lors du congrès d'Ennahdha, j'ai averti ses militants : Vous n'aurez aucun avenir si vous n'agissez pas sous le toit du patriotisme. Si vous ne changez pas, vous échouerez. Ils se sont résolus à séparer l'activité politique de la prédication. Quant à mes rapports avec Rached Ghannouchi, ils sont cordiaux. Certains ont dit que j'avais convaincu Rached Ghannouchi de devenir «un islamiste tunisien». Je n'ai jamais été un prédicateur. Mais tant qu'ils resteront sur la même longueur d'ondes que nous, nous continuerons ensemble. Leur présence au sein du gouvernement a permis de conférer à notre expérience politique une certaine stabilité qui s'est révélée nécessaire pour combattre le terrorisme et faire face à la crise économique. Il existe certes au sein d'Ennahdha des personnes qui personnes qui ne sont pas d'accord avec nous, mais ils préfèrent ne pas s'exprimer publiquement. En tout cas, nous sommes sur nos gardes et nous ne ferons le moindre pas, sans nous assurer que nous sommes sur un terrain solide ».
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