Tunisie : Refaire l’union nationale
Le Gouvernement de notre pays est dans une situation politique, financière, économique et sociale très difficile.
Les engagements formels pris vis-à-vis des composantes de l’Union nationale scellée dans le fameux accord de Carthage et vis-à-vis des organismes internationaux (FMI, BIRD) le lient au point de l’étrangler.
Une situation peu enviable pour un chef de Gouvernement sans grande expérience.
A ces engagements s’ajoute l’inexorable contrainte de temps. Une loi complémentaire des finances pour boucler le budget 2016, la loi des finances pour 2017 à voter avant décembre 2016et la rencontre avec les investisseurs étrangers de fin novembre. Un vrai casse-tête.
Si le Gouvernement précédent aurait été reconduit, mais cependant avec quelques modifications, nous aurions pu au moins gagner un peu plus de temps, mais l’initiative inattendue de BCE à tout chambardé sans que la nouvelle équipe ait montré qu’elle dispose de solutions immédiates aux maux qui rongentnos finances et qu’elle soit prête à donner un coup de pieds dans la fourmilière.
Comment sortir de cette impasse?
Je ne pense pas qu’on puisse convaincre le FMI de maintenir les salaires à un niveau aussi élevé et ne pas commencer à les comprimer.
La bonne orthodoxie financière et l’engagement pris s’y opposent. Cette compression des salaires est, d’ailleurs, l’un des bons signaux qu’attendent les investisseurs.
Il ne reste donc plus qu’à revoir l’accord de Carthage sur des bases précises en associant des composantes qu’on a laissé au bord de la route.
A cet égard, les « experts » aussi bien du Gouvernement, de la BCT, des organisations nationales, des partis politiques que de la société civile, pourquoi pas, devraient, autour d’une table,commencer par ajuster rapidement, leurs chiffres et donc avoir une idée très précise sur la situation réelle du pays.
Ils pourront alorsproposer aux politiques les mesures à réaliser à court, moyen et long terme.
Le passé,particulièrement, de l’UGTT et de l’UTICA m’autorise à croire que face aux rapports que leur feront leurs «experts», elles prendront la bonne décision à savoir la voie des sacrifices librement consentis avant qu’on nous les impose de l’extérieur et à leurs conditions.
Sur le plan politique un retour immédiat à la transparence et à la bonne gouvernance sera donc une nécessité.
En effet, on ne voit pas, actuellement, pourquoi le gouvernement ne s’engage pas d’une manière franche notamment sur la voie de réforme de la justice vers plus d’indépendance, de célérité et d’efficacité, de la fiscalité et dela douane. Ce sont pourtant ces actions qui conforteront notre position vis à vis des bailleurs de fonds qui ne sont pas des âmes charitables, je vous prie de le croire.
C’est cet engagement sur la voie des réformes qui sera le véritable ciment d’une nouvelle union nationale plus large et plus homogène.
Sommes-nous enfin conscients que nous vivons le dernier quart d’heure?
Mokhtar el khlifi