Opinions - 10.04.2010

Violence dans les stades: extirper, sans plus attendre, les racines du mal

Avec les évènements qui se sont produits jeudi soir  au stade d'El Menzah, à l'occasion du match Espérance de Tunis-Club Sportif D'Hammam-Lif, on vient de franchir un nouveau palier dans la déraison. Banni des stades d'Angleterre, sa patrie d'origine, le houliganisme risque de s'installer confortablement dans nos stades au point qu'il ne se passe plus une semaine sans qu'on n'assiste à des incidents dont le degré de gravité va crescendo à mesure que l'on se rapproche de la fin de la saison.

En fait, devant l'impunité dont bénéficient leurs auteurs, conséquence logique de la permissivité de la Fédération de football et du silence coupable des clubs, on assiste à une banalisation de la violence dans nos stades. Se réfugiant derrière les règlements, les autorités fédérales se contentent, généralement, de sanctions insignifiantes (en général de simples amendes ne dépassant pas quelques milliers dinars) qui n'ont pas l'effet escompté, ce qui explique le caratère répétitif de ces incidents.

Décidément, la politique du bureau sortant aura été un concentré de fautes et de maladresses comme il n'est pas permis. Au lieu de trancher dans le vif avant que le déchaînement des passions ne transforme nos enceintes sportives en défouloirs, on a préféré l'immobilisme pensant peut-être qu'il n'y a pas de problèmes qu'une absence de solution ne finisse, à terme, par résoudre.

Ce en quoi, on a tout à fait tort. Nous en avons eu la preuve, ce jeudi. Des sièges arrachés, des projectiles jetés sur le terrain et des agressions d'une violence inouie contre les forces de l'ordre, tel était le spectacle auquel on avait eu droit ce soir-là. Et preuve qu'on rien appris et oublié, on nous ressort, une fois de plus, des arguments usés jusqu'à la corde à force d'être invoqués, et notamment cette fameuse théorie du complot, qu'on a pris l'habitude d'avancer quand on veut fuir ses responsabilités. Mais pas plus qu'avant, ils ne suffiront à emporter la conviction.

Notre football traverse une grave crise. Des mesures ont été prises pour l'en sortir: d'abord, l'élection d'un nouveau bureau prévue fin mai, ensuite la création sous l'égide du ministère de la jeunesse et des sports d'un "comité des sages" chargé de réfléchir sur les problèmes structurels de notre football et les moyens d'y remédier. Cela ne pourra se faire que dans un climat apaisé. C'est pourquoi, il convient de résoudre au plus vite le problème lancinant de la violence, qui empoisonne lefootball tunisien, en recourant, au besoin, aux moyens drastiques. La médecine douce n'ayant pas suffi à l'enrayer.