Ghandi et Mohamed Brahmi à la faculté des lettres de la Manouba: Le sens d’une commémoration
La Faculté des lettres des arts et des humanités de la Manouba est devenue coutumière de l’organisation des cérémonies mémorielles à l’occasion de la commémoration d’événements nationaux ou de célébrations d’événements internationaux ou de journées mondiales. Qu’on pense à l’inauguration , le 7 mars 2013, de la Place Chokri Belaïd, lâchement assassiné et immolé à l’autel du fanatisme politique et religieux, à la journée du drapeau célébrée tous les ans à la faculté pour commémorer l’épopée de khaoula Rchidi s’opposant à la profanation du drapeau national par un salafiste le 7 mars 2012 , à la célébration de la journée mondiale de la femme, à la journée internationale monuments et sites le 18 avril ou la journée internationale des musées le 18 mai. Ces commémorations ou célébrations interviennent dans un contexte postrévolutionnaire où la transition démocratique est souvent perturbée par un regain de violence que ce soit dans les institutions universitaires, les établissements scolaires, dans d’autres enceintes et dans la rue, voire menacée par les attentats et les attaques terroristes de triste mémoire perpétrés par des obscurantistes sanguinaires, inhumains et barbares.
La Faculté, elle-même, n’a pas été épargnée au cours de l’année 2011-2012 par la violence de salafistes qui voulaient imposer le port du niqab à l’université comme le montre, entre autres, l’évènement précité de la profanation du drapeau. Ses enseignants et tout son personnel, et à leur tête, le Doyen Habib Kazdaghli, ont été meurtris jusque dans leur chair par cette violence (tout le monde se souvient des agressions subies par le personnel enseignant, administratif et ouvrier lors de la crise du niqab) et terriblement marqués par les attentats terroristes qui ont coûté la vie aux martyrs Chokri Belaïd, fervent défenseur des libertés publiques et libertés académiques devant l’éternel et figure de proue de la lutte contre le fanatisme, Mohamed Brahmi, patriote intransigeant et icône de la lutte contre l’obscurantisme et le fanatisme, tous deux apôtres comme le Mahatma Ghandi de la non-violence. Traumatisée par les attaques terroristes du musée du Bardo et de Sousse, une pléiade d’enseignants de l’institution a initié le congrès des intellectuels tunisiens contre le terrorisme, tenu le 12 août 2015 au Palais des congrès à Tunis.
Aussi, son conseil scientifique et son doyen ont-ils pris conscience de la nécessité urgente, dans ce contexte tragique, de faire jouer à l’Université son rôle de rempart contre le terrorisme et la violence, de relais pour la transmission des valeurs universelles d’ouverture et de tolérance et de renforcer son engagement civique ou citoyen.
La FLAHM continue, aujourd’hui, pour ce faire cette noble tradition qui se marie à merveille avec sa mission de garant de la liberté d’enseignement et de recherche, de l’esprit critique et de porte-drapeau de la valorisation de l’art et des humanités pour faire honneur à un nom qui lui sied à merveille et être fidèle à sa vocation. Commémorant la journée internationale de la non- violence qui est célébrée le 02 octobre de chaque année, jour anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi, leader de l’indépendance de l’Inde et apôtre de la non-violence, elle a fait d’une pierre plusieurs coups en organisant une cérémonie mémorielle à la mémoire de Mohamed Brahmi et de Ghandi dans le but de faire l’apologie de la non-violence à l’occasion d’une journée consacrée à la promotion, de la paix, de la tolérance et de la compréhension. Cette cérémonie aura lieu le mardi 4 octobre 2016 à partir de midi.
Les organisateurs ont prévu un programme où la dimension politique de la commémoration au sens large et noble du terme ne prend nullement le dessus sur l’aspect culturel comme c’est toujours le cas pour tous les évènements mémoriels de la Faculté. C’est pourquoi la cérémonie comportera, à côté de l’inauguration du Parc Mohamed Brahmi dédié à la mémoire du patriote martyr et d’un buste à la mémoire de Ghandi ,avec le concours de l’Ambassade de l’Inde à Tunis, l’inauguration de la sculpture sur fer « Hymne à l’Amour et à la Tolérance » réalisée par l’artiste Irane Ouannès , une conférence sur la vie, le parcours de Ghandi et les principes de la non-violence et le vernissage d’une exposition photographique retraçant le parcours de l’apôtre de la non-violence.
Le doyen de la faculté convie à l’évènement qui sera rehaussé par la présence des personnalités de la société civile, de députés de l’ARP, tous les amis de la faculté, les défenseurs des libertés académiques et les militants de la société civile épris de paix et de tolérance.
Habib Mellakh