L'UGTT marque son nouveau territoire
Pour son premier contact avec Youssef Chahed depuis sa nomination à la tête du gouvernement, la direction de l’UGTT a tenu mardi à marquer son nouveau territoire. Désormais, la centrale syndicale entend exercer son rôle de partenaire à part entière dans tous les dossiers qu’ils soient sociaux, économiques ou politiques. Le compte rendu de cette rencontre paru dans le numéro du 8 septembre de l'organe de l'UGTT, Echaab est particulièrement éclairant à ce propos : «Les membres du BE n’ont pas manqué de rappeler au chef de Gouvernement et à ses ministres, que l’UGTT a été un élément essentiel dans l’élaboration du « Document de Carthage » qui constitue le programme du gouvernement pendant toute la durée du mandat de l’ARP et prévoit toutes les solutions qui sont de nature à éviter au pays d’éventuelles crises. D'où Le souci de la centrale de veiller à l’application du contenu du document, et la nécessité de percevoir ce partenariat sous un autre angle, notamment en rompant avec les anciennes pratiques et en reconnaissant le droit à l’UGTT d'être au fait de la situation réelle des finances publiques et du dossier fiscal loin des pratiques suivies par les gouvernements précédents qui avaient brossé un tableau catastrophique de la situation. C'est pourquoi, l'UGTT exige de connaître la vérité d'une manière officielle et par écrit, ce dont le gouvernement s'est engagé lors de la rencontre de mardi».
Ce texte qui sonne comme un ultimatum est révélateur de la montée en puissance de l'UGTT. Face au délitement de l'Etat, la première force du pays, comme ne cessent de nous le rappeler ses adhérents, ne veut plus être confinée dans un rôle social avec quelques incursions sur le terrain politique. Invoquant sans cesse sa contribution à la lutte de libération nationale, puis à la construction de l'Etat, ensuite son rôle après la révolution, notamment dans le Dialogue national couronné par le prix Nobel de la paix, elle veut être associée directement à la gestion des affaires de l'Etat. Bien plus, elle cherche à se muer en organe de contrôle de l'action du gouvernement. Elle avait échoué à institutionnaliser le Dialogue national, elle espère se rattraper en monneyant son adhésion au Document de Carthage. Comme ce texte est rédigé en termes vagues autorisant toutes les interprétations, ils n'hésitent pas à en faire une lecture très personnelle. Ainsi, dans une récente interview à la radio nationale, Houssine Abassi, invoquant « Le document de Carthage», a demandé au gouvernement de se départir de son rôle d'arbitre et de faire pression sur les hôteliers pour qu'ils procèdent aux augmentations des salaires de leurs employés comme ils s'y étaient engagés.
Mustapha
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Le rôle d'une centrale syndicale est de defendre les droits de ses adhérents et de négocier avec les entreprises et le gouvernement pour protéger le droit des travailleurs. L'UGTT avait réussi dans le passé à faire son travail de syndicat convenablement, mais après la révolution de janvier 2011, les leaders de l'UGTT ont développé une attitude arrogante vis-à-vis du gouvernement vue que ce dernier a manifesté une faiblesse inhabituelle. Pour éviter toute dérive sociale, il est important que le nouveau gouvernement du P.M. Youssef Echahed rétablisse l'équilibre des forces entre son gouvernement et la centrale syndicale.