"Internet of Things": Le futur est déjà là!
Il y a 70 ans était inauguré le premier ordinateur ENIAC, qui transforma les machines à calculer en ordinateurs. Depuis, l’informatique s’est développée en grande vitesse connaissant plusieurs générations dont les premières sont à base de développement hardware : Les tubes électroniques et à relais électromécaniques suivis par les transistors ensuite les circuits intégrés et les réseaux locaux. Le développement des langages de programmation a permis par ailleurs de concevoir et de mettre en œuvre des logiciels de plus en plus sophistiqués et performants. Néanmoins, l’informatique a connu, une véritable révolution avec l’avènement du web. C’est la génération Internet, que les spécialistes subdivisent en 3 générations : Internet 1.0 ou web passif (années 90), Internet 2.0ou web collaboratif (années 2000) et Internet 3.0 ou web sémantique (aujourd’hui).
Le Web 1.0, celui des années 90, est un web statique : un contenu proposé par un producteur est affiché sur un site Internet consulté par des internautes. Au début des années 2000 l'avènement du web 2.0a vu le jour, les internautes ne sont plus seulement consommateurs passifs, mais contribuent activement d'une part à la création de contenus, mais aussi à la validation de leur valeur. C’est un web collaboratif (wikipédia, Blogger, facebook, …). Le web 3.0 est un web plus technologique : les machines, les voitures, les télévisions et les individus sont de plus en plus connectés entre eux. L'ensemble des données devenant par le fait des outils, on parle donc de web sémantique. Ainsi, après le Web social, caractérisé par les réseaux sociaux, voici venu « l’internet des objets » qui permet d’échanger les données présentes dans le monde réel vers le Web. Le futur est déjà là, intégrant les découvertes les plus récentes des nouvelles technologies.
1. De la domotique à la "Maison intelligente"
Parallèlement au développement du web, la robotique domestique a connu, depuis des années, une forte expansion. C’est la domotique, elle concerne un vaste domaine lié au confort, à la sécurité, aux économies d’énergies des bâtiments. Avec l’évolution du web sémantique et l’intérêt que portent les utilisateurs aux solutions connectées pour le domicile, la domotique « classique » a glissé rapidement vers des nouvelles solutions de « maison intelligente » :appelée aussi smart home. En effet, il est question d’une maison, qui fait démarrer la machine à laver et éteint la lumière ou encore lève les stores. Ce qui sonnait, il n’y a pas longtemps, comme un film de science-fiction est depuis devenu réalité. Les « Smart Home » sont formés des réseaux connectés, pouvant être pilotées via un smartphone ou une tablette. La possibilité est donnée aux habitants de contrôler l’ensemble de leur foyer en utilisant un simple terminal, et ce sans même se trouver chez eux. Le tout crée et échanged’une manière automatique des données de différentes natures.Des capteurs, éparpillés dans toute la maison, communiquent des signaux avec une application mobile, grâce à laquelle chauffage central, réseau électrique, caméras de surveillance, mais aussi portes de garage, ou télévisions sont réglables en un simple clic.
2. Internet des Objets et "ville intelligente"
Tout comme les « smart homes » la ville du futur est devenue une réalité. Cette ville, surnommée smart city, entièrement connectée, propose des services publics plus performants et durables dans les domaines de la santé, des infrastructures, des transports ou encore de l'énergie. Elle aura aussi un impact beaucoup plus important sur les citadins via le partage numérique de données. La smart city fait désormais partie des préoccupations des grands groupes informatiques, à l'instar de Microsoft qui a consacré un grand budget à cette thématique.
Selon l’UIT (Union Internationale des Télécommunications), l’Internet des objets (Internet of Things IoT) est une «infrastructure mondiale pour la société de l'information, qui permet de disposer de services évolués en interconnectant des objets (physiques ou virtuels) grâce aux technologies de l'information et de la communication interopérables existantes ou en évolution ». Conceptuellement, l’IoT intègre des objets physiques connectés ayant leur propre identité numérique et capables de communiquer les uns avec les autres. Il s’agit d’un moyen très efficace pour rapprocher le monde numérique du monde physique. Par le passé, il y a eu toujours un décalage entre les deux mondes. En effet, le plus souvent, les données de terrain étaient intégrées a posteriori, ce qui interdisait leur exploitation en temps réel et limitait la possibilité de répondre immédiatement aux demandes. Avec l’IoT, cette intégration est réalisée en temps réel et même actionnable. C’est ce qui offre de nouvelles possibilités en termes de création de nouveaux services. Cette nouvelle donne concerne l’ensemble des secteurs d’activité et en premier lieu les fabricants de produits, les secteurs de santé, et d’agriculture.
3. Premières "villes intelligentes"
Le rêve de villes entièrement connectées s'est concrétisé en 2003 en Corée du Sud, avec le projet U-Korea, appuyé sur le concept de "informatique omniprésente". A quelques kilomètres d'une capitale surpeuplée, la U-Cityville ultramoderne pousse en quelques années au bord de la mer Jaune. Le maillage de réseau sans fil Wi-Fi est total, la vidéo surveillance omniprésente, ainsi que des systèmes innovants de gestion de l'énergie sont mis en place.Cependant, ce n'est qu'en l’année 2005 que le terme de smart city a fait son apparition. Il a été utilisé par l’ex président américain Bill Clinton à l'occasion d'un défi lancé par sa fondation à la grande firme Cisco. Depuis, d'autres géants du numérique ainsi que des start-up se sont saisis de l'opportunité en lançant leurs propres programmes de développement. On évoque notamment IBM avec son programme "Smarter Cities" lancé en 2009 et Microsoft avec "Microsoft CityNext" en 2013.Le marché encore relativement peu exploré de la "ville intelligente" promet beaucoup dans le proche avenir puisqu'il devrait représenter dans quelques années un chiffre d’affaire très élevé. L'énergie "intelligente" représente une bonne partie de ce nouveau marché grâce au développement des smart grids et autres solutions d'optimisation de la consommation énergétique. Selon plusieurs experts, on devrait dénombrer d'ici dix ans aux alentours de 30 "villes intelligentes dans le monde.
4. Enjeux et défis
Ce changement d’orientation est d’autant plus crucial, que les objets connectés et les mécanismes qui les relient se développent à grande vitesse, produisant des données toujours plus volumineuses. Or, selon les experts, l’Internet des objets peut autant considérablement les entreprises à gagner en compétitivité. D’ici fin 2016, plus de 6 milliards d’objets seront connectés, une croissance élevée qui devrait s’accélérer pour atteindre plus de 20 milliards d’objets en 2020. Au premier rang des foyers connectés, et le mouvement se poursuit dans le monde entier ! D’où la nécessité d’adopter cette révolution technologique avec une stratégie Big Data (big data : un terme qui désigne des ensembles de données tellement volumineux de sorte qu’il devient difficiles à gérer avec des outils classiques de gestion de base de données ou de gestion de l'information) pointue et efficace. Tandis que beaucoup se concentrent sur les « objets » qui composent l'environnement de l'IoT, ce sont les données générées par ceux-ci qui seront la clé de leur succès. Leur bonne utilisation ainsi que la capacité d’analyse et de synthèse seront une condition préalable à cette adoption. Dans ce domaine, les entreprises munies d’outils pour utiliser ces informations à leur avantage concurrentiel seront alors les vainqueurs incontestés.
Aussi, pour beaucoup, la clé du succès se trouve dans la réalité augmentée, qui permet de rendre possible la superposition d'un modèle virtuel à la perception humaine de la réalité et ceci en temps réel. Autrement dit, cela consiste à greffer un ou des éléments virtuels sur des éléments réels. C’est assurément dans ce domaine-là que les avancées sont les plus concluantes. Cela fait maintenant plusieurs années qu’on peut utiliser des applications en réalité augmentée. Grace à l’IoT, ces applications sont multiples et touchent de plus en plus de nouveaux domaines:
- Pouvoir conduire une voiture réelle dans un environnement virtuel
- pouvoir essayer ses vêtements ou ses lunettes en ligne, ou meubler son intérieur.
- Pouvoir naviguer avec son GPS sur android
- La possibilité d’avoir des informations locales en se promenant dans une rue. Imaginez que vous pointez votre téléphone portable sur le visage de quelqu’un dans la rue, et vous avez l’accès à son actualité, son profil facebook.
- pouvoir jouer avec son AR Drone
En outre, il est très fort probable que nous allons avoir un bond dans la réalité augmentée au cours de la période à venir. Tout d’abord, les mobiles sont entrain de gagner en puissance et les réseaux mobiles permettent l’acheminement de plus en plus de données. Ensuite, des grandes firmes travaillent sur le sujet, comme Google avec Googles Glasses, ou encore des constructeurs dans les secteurs d’automobiles. Et cela dépassera le cadre de l’utilisation mobile, car tout peut servir de support à la réalité augmentée : la table une tablette, la feuille de papier un journal, on pourrait citer également les imprimantes 3D qui se généralisent, et qui permettent de passer d’un objet virtuel à un objet physique.
5. Inquiétudes
A un moment donné, la plupart de nos objets seront connectés d'une manière ou d'une autre à Internet. Le monde intelligent va révolutionner la façon dont les organisations et les individus abordent l’innovation. Mais pour le moment, la gestion des Big Data dans l’univers de l’IoT demeure un souci majeur, car elle pose un problème de stockage. On parle d’une source « infinie » de données sur les individus, leurs familles et leurs habitudes. Les objets doivent être le moins intrusif que possible, ce qui compte ce sont les données que l’on remonte et la visibilité que cela peut apporter. Si les entreprises ne prennent pas au sérieux cette technologie, elles vont se faire dépasser, certainement, par de nouveaux acteurs. D’un autre côté, la protection des données, la vie privée et la sécurité sont souvent des inquiétudes sérieuses de l'IoT. Pour atténuer ces inquiétudes, il serait utile de donner aux clients l’accès aux informations relatives aux données qui les concernent. La technologie et les réseaux sont aujourd'hui prêts, mais il reste encore un certain nombre de questions, notamment pour savoir si les politiques et la société sont prêts à permettre à nos appareils de communiquer de plus en plus de données sur nos activités, ou bien si les entreprises peuvent capturer et interpréter les quantités volumineuses de données que l'internet des objets générera.
Mohamed Ali Mahjoub
Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sousse