Youssef Chahed : 2017, l'année de tous les risques (3)
Nous avons atteint 2016 avec cet endettement cumulé et ce déficit. Pour le budget de cette année, nous avons prévu un déficit de 9,3%, soit environ 3600 millions de dinars.
Aujourd'hui, je peux vous dire que nous allons terminer l'exercice avec un déficit de 6500 millions de dinars, c'est à dire avec une différence de 2900 millions de dinars qui n'étaient pas prévus.
S'agissant de la balance des paiements extérieurs, nous observons le même phénomène
La baisse des entrées en devises a réduit les ressources du pays et entraîné la diminution de la valeur du dinar au cours des 5 dernières années, le coût des nos importations s'en est trouvé plus élevé et le déficit commercial aggravé. Cela nous a contraint à chercher des sources d'argent pour combler ce déficit cumulé et cet endettement, financer nos projets et couvrir les dépenses de l'Etat. Nous nous sommes adressés au FMI. Force est de reconnaître que ce n'est pas le FMI qui est venu vers nous, c'est nous qui avons frappé à sa porte après nous être empêtrés dans cette crise.
Telle est notre situation aujourd'hui
- Un budget pour 2016 non bouclé.
- Nous nous sommes engagés à consentir une augmentation des salaires en 2017 d'un montant de 1615 millions de dinars, et pour laquelle nous devons trouver une solution.
- Un taux de croissance escompté de 2,5 %. Mais dans le meilleur des cas il ne dépassera pas 1,6 %.
- Nous avons 650 mille chômeurs qui rêvent d'un emploi... Nous avons surtout des régions défavorisées, des régions qui souffrent du manque d'eau, une jeunesse marginalisée qui est en train de perdre espoir, sans parler des caisses sociales dont le déficit en 2016 a atteint 1648 millions de dinars, ce qui a occasionné pour la CNAM des dettes de l'ordre de 1400 millions de dinars, d'où les difficultés qu'affronte cette caisse pour payer les établissements hospitaliers et les assurés sociaux.Un cercle vicieux!
La situation se présente ainsi pour 2016. Elle sera encore plus difficile pour 2017, si nous ne faisons rien...Nous serons alors obligés de suivre une politique d'austérité ...Que signifie austérité ? Cela veut dire que l'Etat sera obligé de comprimer ses dépenses..., celles de la santé, de la sécurité sociale... Il sera obligé de débaucher des milliers de citoyens, d'augmenter les impôts auxquels sont assujettis le citoyen et les sociétés et d'arrêter les projets d'infrastructure... Telle est l'austérité vers laquelle nous nous acheminons, si nous ne faisons rien.
Qui est responsable de cette situation? Nous en sommes tous responsables : classe politique, société civile, administration, médias. Les ordures qui jonchent nos rues, ce n'est pas la municipalité qui les a déversées, il y a bien un citoyen qui l'a fait. Un agent administratif qui reçoit un pot-de- vin, il y a bien un citoyen qui le lui a servi.
Telle est notre situation, ne nous-détrompons pas. Tout cela s'est produit du fait du manque de fermeté de l'Etat, du non recours aux sanctions...
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