L’avenir de nos enfants en péril
Mokhtar el Khlifi - J’espère que les jours à venir démentiront ce sombre présage, mais aujourd’hui au vu, du peu qu’on nous laisse voir, je crois que l’avenir me parait incertain, voire houleux.
D’abord, il y eut, une volonté claironnée de former un Gouvernement d’Union Nationale. Le résultat est plutôt médiocre. L’allié d’hier qui claque la porte faute de ministres, Ennahdha et Nidaa qui imposent plusieurs de leurs candidats à des postes clefs, un Front Populaire qu’on a pas réussi à convaincre, des partis sans poids politique réel qui entrent au Gouvernement, un centre gauche sur le bord de la route…
Est-ce ce là le véritable et solide support du Gouvernement national promis?
Monsieur Youssef Chahed donne la très regrettable impression qu’il n’est pas le seul maître à bord vu les pressions qui sautent aux yeux qui s’exercent sur lui de toutes parts. Si à ses débuts il est si fragile, que fera-t-il demain lorsqu’il aura à prendre les décisions qui s’imposent au pays et à la situation ? Saura-t-il les prendre ?
Au risque de faire perdre un peu plus de temps au pays, je lui suggère de revoir sa démarche où celle qu’on lui a imposée ou de rendre le tablier. La démarche n’est pas la bonne. Bourguiba, pour revenir à ce géant de notre histoire qui a eu le pêché de n’avoir pas acquis une formation d’économiste qui nous aurait épargnée la triste et regrettable expérience des coopératives suivie d’une collectivisation à outrance qui a fait perdre au pays du temps et de l’argent.
Aujourd’hui, le maitre de Carthage ignore tout de l’économie, comme Bourguiba. Il ignore surtout qu’on ne peut relever le pays de ses cendres seulement en faisant des acrobaties politiques mais en prenant à brale-corps les problèmes financiers et économiques du pays.
Il ne fallait pas se limiter à la confection du fameux accord de Carthage qui demeurera lettre morte car il ne contient que des idées générales sur lesquelles personne ne peut ne pas être d’accord.
A monsieur Chahed de réparer très vite cette lacune en donnant un sérieux contenu à cet accord.
Il n’y a rien de mieux que de réunir en congrès les experts de toutes les organisations nationales, de tous les partis politiques, de ceux du Gouvernement en les enrichissant par des universitaires, dans une réunion, strictement technique, pour dégager les déficiences réelles de notre économie et de s’entendre sur les moyens à mettre en œuvre en parant au plus pressé.
Cela ne demandera pas trop de temps depuis qu’on mâche les problèmes et qu’on ébauche des solutions mais chacun de son côté.
Je suis sûr qu’à l’abri des pressions politiques ces experts pourront faire le bon diagnostic et rédiger la bonne ordonnance.
J’en ai acquis l’intime conviction en écoutant aujourd’hui sur Express FM un responsable du watad, Zied Lakhdhar.J’ai cru comprendre que ce n’est pas tant l’idéologie que le défaut de communication qui bloque tout.
Une fois l’accord de Carthage revu et corrigé, un plus grand nombre de parties le signeront.
Le problème du choix des profils deviendra alors secondaire et on arrivera à s’entendre très vite sur les profils idoines sur la base de la compétence essentiellement.
Monsieur Chahed devrait reprendre son entière liberté de choisir les personnalités en mesure de s’intégrer dans son équipe et capables de concrétiser les objectifs tracés par l’atelier des techniciens d’horizons divers.
Ce qui sortira de cet atelier, ce ne sera pas le libéralisme à outrance, ni l’appropriation des moyens de production et la chute de la productivité.
Au choix des personnes en fonction de leur appartenance politique, on choisira l’homme ou la femme qu’il faut à la place qu’il faut. Le Gouvernement ne pourra que gagner en cohérence et en efficacité et on n’aura pas besoin de toute cette armada de ministres et de secrétaires d’Etat.
Messieurs, qui avaient eu la chance de détenir les rênes du Pouvoir, n’avez-vous pas encore compris ce à quoi nous aspirons?
Si rien de tel ne sera pas fait de sitôt, j’ai grand peur pour l’avenir de nos enfants, car nous serons dans l’incapacité, manifeste, de poser les véritables problèmes et d’apporter les vraies solutions.
Mokhtar el Khlifi