2 août 1990 Invasion du Koweït, Le déclencheur?
Et si l’invasion surprise du Koweït, le jeudi 2 août 1990, sur décision intempestive et gardée secrète de Saddam Hussein, était le déclencheur de ce grand séisme qui a fortement écartelé aujourd’hui l’ensemble de la région?
De ce grand volcan dont les larves embrasent de nombreux pays. Vingt-cinq ans après, Leaders y consacre un dossier spécial. Avec le recul historique, la révélation de documents offi ciels, surtout américains et anglais, les «regrets» des uns et le «repenti» des autres, la vérité commence à peine à poindre.
La porte ouverte sur tous les périls
Chedli Klibi, alors secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, en garde aujourd’hui un souvenir vivace.
Dans le témoignage qu’il livre à Leaders, il rappelle sa vision perspicace. «Quoi qu’il fût, souligne-t-il, c’était le commencement de la fi n du règne de Saddam, mais aussi la porte ouverte sur tous les périls que devait connaître, depuis, la région arabe: guerres par procuration pour détruire des peuples rebelles à l’ordre israélien, handicaper des pays dont le développement inquiétait, annihiler la coopération euro-arabe qui a toujours provoqué l’ire des uns et des autres».
A qui a profité l’invasion?
Nombre de questions attendent réponse. Abdelhay Chouikha, conseiller auprès des autorités koweïtiennes d’investissement, ayant vécu en direct l’invasion, commence par rappeler, dans l’article qu’il confi e à Leaders: «Les bases militaires américaines sont toujours dans les pays arabes du Golfe. Qui, dans ces pays, a le véritable pouvoir de contrôle de l’exploitation du pétrole et du gaz ? Les gouvernements de ces pays ou l’armée américaine? Par exemple, est-ce que les gouvernements de ces pays peuvent décider d’un embargo comme celui décrété en 1973 par le roi Fayçal (assassiné en mars 1975, un an et demi après la décision de l’embargo) ? Beaucoup d’autres questions se posent à ce sujet: est-ce que les
bases américaines contribuent à une plus grande stabilité dans la région ? Est-ce qu’elles contribuent à
des relations plus paisibles entre les pays de la région?
Et quelle était la stratégie de Saddam Hussein en envahissant le Koweït ? La grande question est de se demander à qui cette invasion a vraiment profité?»
Témoignages et analyses
Les ambassadeurs de Tunisie alors à Koweït (Habib Kaabachi), Bagdad (Béchir Hantous), Amman (Mongi Lahbib) ont accepté de consigner, pour la première fois, leurs témoignages et analyses.
Au siège du ministère des Affaires étrangères, l’effervescence était à son comble, mais il fallait non seulement assurer l’évacuation des Tunisiens restés au Koweït, mais aussi défi nir la position tunisienne offi cielle au sujet de ce grand confl it interarabe.
L’ambassadeur Ahmed Ounaïes nous en révèle la teneur de la partie diplomatique. Taoufik Habaieb, alors représentant-résident de l’Agence tunisienne de coopération technique (Atct), en charge de près de 500 coopérants en poste dans l’Emirat, nous raconte le calvaire de leur retour, démunis, et de leur réinstallation en Tunisie.
Quatorze ans après, ambassadeur de Tunisie à Koweït entre 2004 et 2006, Mohamed Ibrahim Hsairi nous apporte un éclairage instructif sur la reprise.
Reste un témoignage fort significatif lui aussi, celui de deux jeunes journalistes tunisiens partis couvrir la guerre d’Irak. Envoyés spéciaux d’Echourouk et d’Al Anwar, Noureddine Boutar et Adel Nakti iront de Jordanie en Irak, vivront sous les bombardements, rencontreront de hauts dirigeants irakiens, et rapporteront aux Tunisiens ce qu’ils y ont vu, entendu et enduré.
Ces articles seront mis en ligne à partir de ce mercredi 10 aout.