Génération Sélim, Youssef, Fayçal, Saïda et les autres : Les quadras de Caïd Essebsi
Qu’est-ce qui a le plus incité le président Béji Caïd Essebsi à choisir Youssef Chahed (41 ans le 18 septembre prochain) pour former le nouveau gouvernement? Tenir une promesse électorale de candidat à la Présidence, s’engageant à faire émerger une nouvelle génération politique et la hisser rapidement aux commandes? Créer une onde de choc positive que le pays réclame? Prendre de court la classe politique carriériste et sédimentée? Renflouer son parti Nidaa Tounès laissé à l’abandon, en choisissant l’un de ses jeunes leaders? Ou tout-à-la fois.
Zapper des générations
Une autre raison supplémentaire semble avoir encouragé le président Caïd Essebsi à « zapper au moins deux générations et faire confiance aux quadras », comme le lui suggérait tout récemment notre confrère Zyed Krichen lors d’un petit-déjeuner de presse. C’est son expérience actuelle avec des jeunes qui l’entourent à Carthage. Après une première séquence mal terminée, Béji Caïd Essebsi a en effet confié la direction de son cabinet à Selim Azzabi, 38 ans, avec rang de ministre. A ne pas confonde avec chef de cabinet, il est à ce titre le premier haut dirigeant de l’ensemble des services de la Présidence. Autour de lui, sont agrégés, Fayçal Hafiane, 35 ans, Saida Guerrache, 49 ans, Noureddine Ben Ticha, 42 ans. et autres quadras.
Le plus ainé parmi eux, Ridha Chalghoum, ancien président du CMF et ministre des Finances, n’a que 53 ans.
BCE les gardait à l’œil.
Caïd Essebsi les a observés au travail, prêtant écoute à leurs propos et attention à leur capacité de travailler en équipe et de se rendre proactifs aux urgences. Il aurait sans doute étoffer ce staff par d’autres jeunes : polytechniciens, centraliens, diplômés de Harvard, Princeton et Yale, ou Sciences-Po et Normale Sup, mais il tenait à compacter son cabinet. L’expérience engagée par Selim Azzabi, l’un des benjamins, à l’autorité discrète et l’efficacité redoutable par avis de grande tempête ne pouvaient échapper à l’œil du maitre.
A ce poste, la loyauté et la fidélité ne suffisent pas. La compétence est de rigueur tout comme l’abnégation et la capacité de gérer le cabinet et l’Administration (plus de 3200 personnes, dont pas moins de 2600 sécuritaires). Son habilité à exfiltrer à des « intrus implantés au sein du Cabinet», quitte à s’exposer à leur ire médiatique et leurs attaques sur les réseaux sociaux, confirme son style de management. Des couacs, il y’en a eu, inévitablement. Des insuffisances, ici et là et des ratages? Sans doute. Des frictions, rivalités secrètes et ambitions nourries, aussi. Comme dans tout cabinet.
Mais, rien de grave ou d’irrattrapable, estiment les connaisseurs du sérail.
L’ultime examen
La grande épreuve pour le Cabinet fut sans doute le discours surprise du 2 juin et la gestion de l’Initiative lancée par BCE. Comment organiser ses séquences successives, rallier en sa faveur le plus possible de partenaires et la faire aboutir. Au Président la partie politique, fondamentale, au staff l’accompagnement technique et logistique, en toute synergie. Selim Azzabi et toute l’équipe s’y mettent. Ridha Chalghoum apportera une contribution utile dans la finalisation de l’Accord de Carthage.
Les Quadras aux commandes
En guise de remerciement et d’encouragement à son staff de Quadra, Béji Caïd Essebsi a choisi l’un de leurs compagnons de route pour aller à la Kasbah. Il sait que Youssef Chahed montera en fait au charbon. Mais, il lui fait confiance et s’en porte garant… comme à toute sa génération.
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