News - 15.07.2016
Habib Essid : « Plus qu’une sortie honorable, quel rôle à jouer? »
Ovation, Grand Cordon de l’Ordre de la République, et retour à son petit verger de Borj El Amri, cultiver ses arbres fruitiers. Le scénario de départ que certains concoctent pour le chef du Gouvernement Habib Essid, à supposer qu'il lui conviendrait, ne semble pas contenter les siens. L’expérience acquise ne saurait être dilapidée, la situation dans le pays ne saurait l’inciter à “déserter le champs politique”: il doit avoir un rôle à jouer, estiment-ils. Quel rôle, précisément, les fonctions institutionnelles étant précisées par la Constitution, celles purement honorifiques, exclues?
Inutile de revenir sur son licenciement en direct à la télévision et la suite des évènements jugés “durs à avaler”, rappelons-nous cependant les conditions de départ de ses quatre prédécesseurs à La Kasbah, depuis la révolution : Béji Caïd Essebsi, Hamadi Jebali, Ali Laarayedh et Mehdi Jomaa.
Les points communs sont nombreux. Tous avaient prévu, programmé et fixé la date et les conditions de son départ. Tous ont ouvert un parachute d’atterrissage. Tous sont restés dans l’action politique, avec des sorts et des statuts différents.
Un mois seulement après avoir confié, le 26 décembre 2011, les clefs de la Kasbah au Chef du gouvernement de la Troïka, Hamadi Jebali, Béji Caïd Essebsi n’a pas résisté à la tentation de lancer son Appel (Nidaa) aux Tunisiens. Il le convertira, plébiscité par de larges franges de l'opinion publique, cinq mois plus tard, en juin 2012, en parti politique. Celui qui, au prix d’un vrai combat lui permettra de rafler en première position 89 sièges l’Assemblée et le portera le 31 décembre 2014, à Carthage.
Hamadi Jebali, cherchant à s’affranchir d’un gouvernement hétéroclite, devenu ingérable, sous la tutelle de la Troïka, voulait former un gouvernement d’union nationale. L’urgence de la situation après l’assassinat le 6 février 2012, de Chokri Belaid, l’y avait incité davantage. Mais, désavoué par son parti, il finira par jeter l’éponge en cédant la place à son coéquipier de longue date au sein d’Ennahdha et ministre de l’intérieur, Ali Laareyedh, le 13 mars 2012. Jebali continuera à bénéficier du « hosting » de son parti avant d’en prendre distance, s’invitant cependant à certains grands rendez-vous, appelant en décembre 2014 à voter… Moncef Marzouki.
L’assassinat le 25 juillet 2013 d’une autre illustre figure de l’opposition démocratique, le Constituant Haj Mohamed Brahmi et le sit-in du Bardo, conduiront Laarayedh vers la sortie. Il y imposera ses conditions (l‘adoption et la co-signature de la nouvelle constitution). La relève sera assurée par un gouvernement indépendant conduit par Mehdi Jomaa, choisi par le Dialogue national, le 14 décembre 2013, avec pour contrat une feuille de route en quatre points. L’échéance fixée était la tenue des élections législatives (l’Assemblée des Représentants du Peuple) et présidentielle, et l’entrée en fonction des nouvelles autorités légitimes.
Jomaa remplira son contrat et organisera son départ, le 6 février 2015. S’il n’avait aucun point de chute politique, encore moins un parti d’accueil, il choisira de rassembler son équipe sortante dans un « think tank ». Une manière de rester « en réserve de la République », caressant sans doute l’espoir d'avoir un jour ou l’autre « un destin national. »
Ali Laarayedh reprendra immédiatement du service dans les instances dirigeantes d’Ennahdha. La traversée du désert n'aura pas été longue. Il sera élu, 7 mois plus tard, député à l’ARP en novembre 2014, puis président du Xème congrès d’Ennahdha (20 mai 2016).
Quid, maintenant d'Habib Essid, sans parti d’accueil, ni, en apparence, de projet politique pour l’avenir?
Au-delà des hommes, et des ambitions personnelles, parlons intérêt national, tranchent des voix sages. Sans laisser personne en rade, ajoutent-elles. Seront-elles entendues?
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