News - 13.07.2016

Habib Essid : Les jeux sont-ils faits? Quels scénarios du départ ?

Habib Essid

Habib Essid ne lâche pas prise. Il s’en remettra à l’Assemblée des Représentants du Peuple. «Conformément à la Constitution », soulignent ses proches. Sa prochaine tribune sera la coupole du Bardo, devant les élus de la nation, pour présenter son bilan. C’est le président Béji Caïd Essebsi qui l’a confirmé lui-même lors de la cérémonie, mercredi matin de la signature de l’Accord de Carthage. Ne tarissant pas d’éloges à son égard, il dira : « Je voue beaucoup d’estime à l’actuel chef du gouvernement, sérieux et travailleur. Il préfère aujourd’hui se présenter devant l’Assemblée pour exposer les réalisations de son gouvernement. »

Essid compte-t-il solliciter un nouveau vote de confiance en sa faveur pour pouvoir rempiler, ou juste défendre son bilan et le valoriser pour ne pas partir sur un échec cuisant ? Une sortie par le haut qui débloque rapidement et sans grande difficulté la situation accélérant le choix de son successeur. Si c’est la voie qu’il privilégie, quand ira-t-il au Bardo ? S’il fait la sourde oreille, qui prendra l’initiative d’engager à son encontre au Bardo une motion de défiance pour le faire partir ? Eclairages.

 
Le processus engagé par Habib Essid est désormais quasi-officiel. La case du Bardo sera cruciale. Fait-il de la résistance, refusant de donner sa démission et s’en remettant à la décision des Députés, dans le but d'obtenir un vote de confiance et de rempiler ? Les dés sont cependant jetés. Essid ne se fait pas d’illusion quant à son maintien. Mais tient à le faire, non pas  en looser, à la tête d’un gouvernement qui a failli à sa mission et échoué dans son rôle. C’est pour lui sans doute une question d’honneur et de bilan à défendre. Dès l’annonce-surprise, le 2 juin au soir de l’Initiative du président, il avait très mal pris la manière dont cette démarche pourtant nécessaire, avait été été enclenchée sans l’en tenir informé au préalable. La multiplication des « défections » au sein-même de son gouvernement, les fléchettes des uns et des autres, le ciblant sans cesse et le dénigrement de son action ne pouvaient le laisser de marbre.

Un contrat d'Honneur

Habib Essid, comme il le répète souvent à ses collaborateurs, est très attaché au « contrat d’honneur » qui le lie au président Béji Caïd Essebsi. La sortie par le haut qu’il envisage est de faire reconnaître ses efforts et ceux de son gouvernement, par les élus de la Nation, puis d’annoncer, selon la formule dont il garde le secret, son ralliement au souhait de la majorité, c'est-à-dire remettre sa démission. Mais s'il sollicite un vote de confiance, il est assuré d'un vote négatif qui entraînerait ipso facto la démission du gouvernement conformément à l'art. 98 §2 de la constitution. Aucune demande d’audition n’a été déposée à cet effet par le locataire de la Kasbah auprès du président de l’ARP. Ce qui donne à penser que les délais risquent de se prolonger.
 
« L’issue est la même, a été lui dire le leader d’un grand parti. Sauf que c’est plus long et plus compliqué. Facilitons les choses, et accélérons le processus, la situation dans le pays n’attend pas.» Habib Essid n’a pas donné sa réponse, malgré la multiplicité des demandes similaires ou celles à l’opposé. Pour le moment, « il entend, indiquent ses proches, garantir le fonctionnement de l’Etat, multipliant conseils ministériels au complet et conseils restreints, réunissant le conseil de sécurité, déployant ses ministres dans les régions ».  
 
Habib Essid, en homme blessé se referme davantage sur lui-même. Personne, même parmi ses plus proches, n’est dans ses secrets. C’est ce « contrat d’honneur » qui le taraude le plus.
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