News - 21.06.2016
Urgent : Comment éviter à la Tunisie de graves risques financiers
Alors que les conciliabules pour la formation d’un gouvernement d’union nationale s’éternisent entre surenchères partisanes et ambitions personnelles démesurées, le risque financier qui guette la Tunisie, est relégué en arrière-plan, n’étant pris en charge par personne. Quelle que soit la bonne volonté du gouvernement actuel en fin de mandat ou celui qui lui succèdera, les finances publiques sont exposées à de très graves menaces qui ne sont ni suffisamment bien évaluées et ni solidement préservées.
Si chacun prétend connaître les risques, aucune évaluation sérieuse n’est entreprise. Cette indispensable analyse des comptes de la nation, indépendante de toute politisation, aura à poser des questions cruciales et leurs proposer les options appropriées.
- La toute première et grande question à vérifier est la capacité de l’Etat à respecter ses engagements financiers ?
- Quelles limites fixées à la dette ?
- Peut-on continuer à payer des augmentations salariales ?
- Faut-il augmenter les impôts ou pas et dans quelle limite ?
- Quels sacrifices sont nécessaires à faire et comment les partager équitablement ?
- Quelles mesures urgentes prendre ?
Une autre question fondamentale se pose avec insistance : y’a-t-il des risques cachés, jusque-là non-détectés qui risquent d’exploser en série, en bombes à retardement. La situation des caisses sociales est déjà connue, mais quid des entreprises publiques qui pourraient se trouver paralysées d’un jour au lendemain faute d’assurer leur approvisionnement en matières premières, blocage de leurs équipements et outils de production, ou encore impossibilité d’obtenir la garantie de l’Etat pour leur refinancement ? Tout laisse à croire que cela risque de commencer à barder. L’histoire a démontré que la chute sera aussi rapide que vertigineuse.
L’option d’un Blue Ribbon Committee
Qui pourra entreprendre ce travail d’audit des risques et de proposition des meilleures solutions ? Parmi les démarches adoptées dans ce genre de situations, la constitution de ce qui est appelé aux Etats-Unis et en Grande Bretagne d’un Blue Ribbon Committee. Formé d’un nombre réduits de « personnalités exceptionnelles, parmi les meilleures et les plus brillantes », reconnues pour leur totale indépendance vis-à-vis des partis politiques et groupes d’intérêt, il est désigné par le gouvernement (ou la Présidence) pour examiner des questions épineuses et sujettes à controverses pouvant être cruciales pour la nation. Ses conclusions servent de base aux décisions qui seront prises par les autorités. Aux Etats-Unis, pareilles commissions avaient été chargées de l’assurance maladie, les inégalités et la croissance, le transport et autres sujets brûlants.
Indépendance, expertise et célérité : trois caractéristiques fondamentales qui permettent à ces Blue Ribbon Committee d’être aussi utiles qu’efficaces. Cette approche est parmi les plus appropriées à suivre actuellement en Tunisie, en laissant les « politiques » vaquer à leurs « transactions ».
La gravité de la situation et l’ampleur des risques qui guettent les finances publiques rendent urgent et nécessaire une anticipation immédiate et perspicace des problèmes complexes qui se posent à la Tunisie. De qui sera composée cette commission ? D’un nombre réduit de personnalités (4, 5 ou 6 personnes) ? Les compétences tunisiennes dignes de confiance ne manquent pas. Qui désignera cette commission ? Faute d’accord sur le diagnostic, elle doit faire partie de l’Initiative BCE et être entérinée dans l’accord global qui sera conclu. Rien n’empêche qu’elle fasse l’objet d’un consensus immédiat pour qu’elle entame d’ores et déjà sa mission.
Il y a urgence en la demeure !
Taoufik Habaieb