Commémoration du 9 avril 1938 ce samedi : Tunis outragé, martyrisé et enfin libéré
Le 9 avril 2012, une bande organisée en meute sauvage a attaqué sans ménagement une marche pacifique sur l’avenue Habib Bourguiba. Ce soir-là, les tunisiens horrifiés, ébahis et écœurés, ont découvert sur leurs écrans de télévisions, les visages ensanglantés de leurs élites : ces courageux femmes et hommes. Ceux-là mêmes qui étaient là un certain 14 janvier 2011, malmenés et tabassés par des pseudos policiers en civil. La Tunisie a été martyrisée une deuxième fois par ses propres enfants.
Quatre ans après, le 9 avril 2016 à midi et au même lieu, les Tunisiens se sont rassemblés très nombreux, pour célébrer dans une ambiance bon enfant, la commémoration des 22 martyrs lâchement assassinés voilà plus que 78 ans. Leurs torts : avoir réclamé un parlement … et le pouvoir aux Tunisiens. Parmi les présents, beaucoup de jeunes de toutes tendances, ils se pavanent fièrement des deux cotés de l’avenue. Une ambiance festive d’une journée ensoleillée anime les terrasses des nombreux cafés de la place.
Sur les escaliers du théâtre municipal, de jeunes chômeurs manifestent pacifiquement au milieu de badauds attentifs, avec à tour de rôle, des apprentis tribuns qui s’expriment librement, coupés de manière intermittente par des slogans hostiles au gouvernement.
En direct, au milieu de l’avenue, Radio IFM assure intelligemment la promotion des journées musicales de Carthage. Le présentateur - un certain Moez Toumi (artiste complet) - excelle dans l’animation, sur fond d’une musique douce et nostalgique qui agrémente les mélomanes de passage.
Juste devant le Ministère de l’intérieur, une dame « SDF » est allongée, tandis que des agents de sécurité essayent de la conforter tout en douceur pour qu’elle change de place.
Non loin de là, et juste devant l’horloge, des curieux assistent avec joie au démarrage des travaux d’aménagement de l’emplacement qui sera réservé au retour de la statue du Leader Bourguiba, formant des cercles de discussions très animées et spontanées tout autour du chantier.
Ainsi quatre ans après, la Tunisie cosmopolite et unique, se réveille doucement mais sûrement de sa léthargie qui n’a que trop duré.
A leur façon, les Tunisiens essayent de pardonner et d’oublier, en attendant « la vérité officielle » sur ce qui s’est passé un certain 9 avril 2012.
Abderrazek Maalej
Expert comptable indépendant