Opinions - 19.01.2016

De l"importance du renseignement et de la menace sur nos frontières avec la Libye"

Allocution en l’honneur du professeur Rafaâ Ben Achour

Tout le monde sait déjà  que les frappes aériennes occidentales et russes font perdre du terrain à Daech en Syrie et en  Irak. Ces pertes ont pour conséquences directes d'autres attentats ailleurs dans le monde et en ce qui nous concerne un transfert de djihadistes-que je nommerai plutôt  terroristes- vers la LIBYE  nouveau sanctuaire  du terrorisme international, ce qui explique la derniere attaque Daechiste à Syrte.

Daech a besoin de montrer qu'il est est toujours debout et encore plus menaçant sur tous les territoires arabes et musulmans, il revendique aussi certains attentats en Occident, en Afrique et au Sud-Est Asiatique. En ce qui concerne directement la Tunisie et l’Algérie, la menace se précise encore davantage puisque pas loin de nos frontières nous avons affaire à plusieurs groupes de djihadistes dont trois principaux à savoir : Daech, Ansar El charia et El Quaida, chacun essayant de prendre l'initiative de l'opération en occupant  du terrain.
C'est dire l'importance de la coordination du Renseignement opérationnel entre nos deux pays.

Venons-en au retour des tunisiens rentrant de Syrie et d'Irak et particulièrement de Libye. Il est clair, et l'Europe en a déjà subi les méfaits puisque parmi les migrants on a constaté des infiltrations de djihadistes, d'où la nécessité d'un contrôle plus rigoureux de la part de la police, de  la garde nationale  et de la douane et en arrière- plan de l'armée avec une procédure bien étudiée qui permettrait à nos autorités frontalières de maîtriser  la situation. Certes cela ralentirait le flux intrafrontalier et générerait le retour de LIBYE  des jeunes  travailleurs tunisiens non suspects, mais à situation exceptionnelle contrôle exceptionnel  sans relâche.

L'éventualité, si ce n'est déjà fait, d'infiltrer les groupes terroristes par des agents capables de fournir les renseignements sur les mouvements  et les alliances des groupes djihadistes.

Le renseignement concernerait

a) notre territoire où certaines idéologies et sympathies, les relations économiques ancestrales ainsi que la contrebande nourrissante qui est devenue le nerf de la guerre,  
b) le territoire libyen où nous devons être à jour de l'évolution des alliances et intérêts nouveaux.

La mobilité (500 Toyotas  4x4 tous terrains armés et fabriqués en Tunisie lesquels coûtent 100 fois moins cher qu'un hélicoptère importé ) doit être incluse dans notre tactique opérationnelle sur tout le V de nos frontières sud.

Quant à nos forces militaires  implantées dans cette zone frontalière ,j'imagine qu'elles sont déjà prêtes d'une part à soutenir et renforcer le travail  des autorités citées plus haut et d'autre part qu ' elles ont mis en place un dispositif opérationnel capable de défendre notre territoire contre  toute attaque en force des terroristes comme en Syrie et en Irak.

La sécurité maritime sur notre flanc Zarzis/Zouara(Libye) doit elle aussi  être très vigilante pour contrecarrer les attaques éventuelles, la contrebande et la migration vers l'Europe.

Faudrait-il que le renseignement Tunisien puisse être en mesure de déterminer le potentiel militaire ,terrestre et maritime(armement de plus en plus moderne,équipements, nombre et degré d'entrainement,tactique adoptée  etc...)de ces ennemis potentiels.
Cet article peut paraître alarmant  mais se préparer à la guerre , c'est déjà avoir la moitié de la victoire.

Je n'occulte certes pas l'aspect  des échanges économiques  entre nos deux pays, mais quand il y a menace,  il faut savoir bien gérer cela aussi. 

Nous devons comprendre aussi, et comme le met en relief l'exposé du Dr Rafaa TABIB "sur la géostratégie en Libye" le rôle des multinationales avec leurs intérêts qui consistent à saucissonner le pouvoir en Libye et ailleurs pour mieux les exploiter.

Là aussi  le renseignement a un rôle à jouer.

Col (R) Habib Azzabi
Membre de l'association des Anciens
Officiers de l'Armée Nationale