Jonas Häggqvist: Le Tuniso-Suédois qui impressionne
En bouclant ce début janvier ses 30 ans, il aura déjà à son compteur de grandes réussites. Jonas Häggqvist, de mère tunisienne et de père suédois, n’a pas voulu vivre sur la rente de l’héritage familial, mais créer sa propre entreprise et ... l’implanter en Tunisie. En trois ans seulement, ce sont 40 emplois permanents, 15 000 consultants sur le terrain. La croissance est fulgurante. Une saga extraordinaire annoncée.
Dans la famille, personne ne travaille dans l’entreprise familiale et n’en prend la suite. A chacun de faire ses preuves. Jonas en fera de même. Sa maman, Yasmina, que le président Caïd Essebsi a chaleureusement saluée lors de sa visite à Stockholm, est fière de lui. Le destin l’avait fait quitter, Zaghouan, pour atterrir en Suède. Le coup de foudre avec celui qui sera l’homme de sa vie et le père de ses trois enfants fera son bonheur. Généreuse, patriote, elle saisit toute occasion pour contribuer à des oeuvres sociales dans son pays natal. Chacun de ses trois garçons fait son propre chemin.
Après des études en économie, gestion et management en Suède et en Suisse (Lausanne Business School), Jonas est recruté, à 24 ans, par la grande firme suédoise Oriflame, spécialisée dans les produits cosmétiques, avec des produits de grande réputation mondiale. Le défi est de réussir l’implantation dans des pays arabes, avec comme premier poste celui de directeur de zone. «Donnez-moi la chance de réussir en Egypte, puis envoyez-moi en Tunisie pour rééditer un succès similaire», lancera Jonas à ses supérieurs. Pari tenu, il ouvrira le premier grand magasin d’une chaîne de plusieurs points de vente.
Le parcours du combattant
Lorsqu’il débarquera à Tunis en août 2012, il ne se doutait pas de la complexité de la situation dans le pays et du parcours kafkaïen imposé à tout investisseur étranger. Pendant six mois, il ira frapper à la porte de l’administration, d’un ministère à un autre, pour expliquer son projet et obtenir les autorisations nécessaires à la création de la filiale tunisienne d’Oriflame. Il finira par réussir ce parcours du combattant et démarrer. la grande route Tunis-La Marsa, il occupe aujourd’hui un grand immeuble à trois niveaux, où tout est aménagé à la suédoise. Le concept repose sur la vente en ligne et la vente directe. «Plus que des vendeurs, ce sont des conseillers qui recommandent à leurs clients les produits qui leur sont appropriés, précise Jonas à Leaders. Soigneusement sélectionnés, ils suivent une formation approfondie tant sur les produits que le marketing. Nous ne leur apprenons pas à vendre, mais à être utiles aux autres et à devenir entrepreneurs. Parmi eux vous trouverez des hommes et des femmes de tout âge, des travailleurs, des retraités, et des étudiants qui parviennent ainsi à se garantir une rémunération incitative tout en gardant la souplesse de l’emploi, selon leurs disponibilités.»
Des valeurs métissées en héritage
Le siège d’Orfilame Tunisie illustre parfaitement l’esprit d’organisation et l’engagement dans l’excellence. Au sous-sol, un grand dépôt logistique où sont stockés les produits selon un rangement méthodique permettant le traitement des commandes reçues et la préparation des envois.
La livraison à domicile est assurée par une compagnie internationale qui opère sur l’ensemble du territoire. Au rez-de-chaussée, c’est le showroom aménagé en espace d’accueil, de conseil et de commandes. Le premier étage accueille les salles de formation, alors que le deuxième étage est réservé aux équipes marketing, commerciales et à la direction générale. Si le patron a moins de 30 ans, la moyenne d’âge du personnel est encore plus basse. Intelligence, dynamisme et esprit d’innovation sont partout perceptibles.
Quand on demande à Jonas combien il se sent tunisien et combien suédois, il répond immédiatement 50-50. «Le coeur est tunisien et la tête, suédoise. De ma mère, j’hérite la générosité du coeur. Et de mon père, la rigueur, l’esprit cartésien. Les valeurs se métissent !».