News - 25.12.2015

Les médecins tunisiens appréciés en France, stigmatisés en Tunisie

 Les médecins tunisiens appréciés en France u

Sommes-nous à la veille d’un exode de médecins tunisiens ? On dit souvent que la Tunisie ne sait pas retenir ses enfants prodiges. C'est en tout cas, ce qui est en train de se passer avec les médecins avec ces  départs massifs vers l'Europe et notamment la France et l'Allemagne. Contrairement à ce qu'on dit, ils y vont, non pas pour des raisons matérielles, mais parce qu'ils y bénéficient de meilleures conditions de travail et peut-être, depuis quelque temps, parce qu'ils se sentent victimes d'une campagne de diabolisation. Quand on dit que nos médecins spécialistes refusent de s'installer dans les régions de l'Intérieur, c'est faux. A Tataouine par exemple, il y a une quinzaine de spécialistes qui exercent dans le privé, mais une majorité d'entre eux vient du public qu'ils ont quitté non pas tant pour des raisons matérielles, qu'à cause des conditions de travail lamentables. Il ne faut pas non plus prétendre que les médecins préfèrent exercer dans les grandes villes. C'était vrai, il y a une dizaine d'années. Ce n'est plus le cas aujourd'hui avec l'accroissement exponentiel du nombre de médecins.

Il fautdonc en finir avec cette vieille antienne du médecin-âpre-au-gain-égoïste-ingrat. Il a suffi qu'une femme décède dans un hôpital pour qu'on s'en prenne au corps médical dans sa totalité et mettre en doute son patriotisme. Certains même vont jusqu'à douter de sa compétence. Mais comment expliquer l'afflux de patients étrangers en Tunisie et les derniers résultats des médecins tunisiens aux concours d'équivalence en France ? S'agissant du patriotisme, il ne faut pas oublier que de tous les diplômés du supérieur, les médecins tunisiens sont les seuls à effectuer leur service national, et ce au terme des longues et harassantes années d'études ( sept pour les généralistes, entre onze et douze années pour les spécialistes).

A cet égard, il est symptomatique que lors de l'émission J 8 sur El Hiwar Ettounissi, mercredi 24 décembre, seul l'excellent Mohamed Boughalleb a défendu les médecins tunisiens, car il est de bon ton de dénigrer les médecins. Mais en développant des arguments qui relèvent du préjugé, on risque d'encourager cette fine fleur des élites tunisiennes à les voir émigrer vers d'autres cieux où ils sont accueillis à bras ouverts. Il faut donc se garder de tirer argument de quelques pratiques minoritaires ou de décès de patients -le risque zéro n'existe pas en chirurgie- pour faire dans la stigmatisation.