Lu pour vous - 21.12.2015

Aïssa Baccouche : L'Ariana : Du village à la grande ville

l'Ariana ns

Qu’il est loin le temps où l’Ariana avait une autre allure ! Ceux qui se sont d’aventure retournés à leur village natal après quelques décennies d’absence ont été abasourdis. Ils se sont écriés : « mais pourquoi a-t-on défiguré l’Ariana ? ». Cette question, ce ne sont pas seulement, les Arianais de souche comme Aïssa Baccouche*, l'auteur du livre qui se la posent, mais des milliers de Tunisiens amoureux de cette cité qui ne se reconnaissent pas dans cette ville tentaculaire qu'est devenue le village des roses.

Tout a commencé en 1966, avec l’arrivée du Canadien Carnoy, et dans son sillage celle  la SNIT et des promoteurs privés. Le béton envahit les terres agricoles alentour « les plus riches zones agricoles du pays » et même les reliefs, « en principe non constructibles ». On construira à tour de bras, légalement et même illégalement  avec l’apparition de l’habitat spontané, sans plan d'urbanisme cohérent et logique, sans espaces verts. Des  cités entières  émergeront comme des champignons :El Menzah VI, Ennasr, El Ghazala, la petite Ariana, Riadh El Andalous qui enserreront l'ancien village au point de le réduire à sa plus simple expression. Toutes ces cités relèvent de la municipalité de l'Ariana, mais n'ont aucun lien avec le centre qu'elles ignorent superbement.

 Mais Aïssa Baccouche n'est pas de ceux qui se contentent de se réfugier dans la nostalgie. «L'homme, écrit-il peut et doit infléchir l'action de ses semblables dans le sens de l'humain». A ses yeux, l'alternative serait une recomposition du puzzle qui porte le nom d'emprunt de l'Ariana. «Toute  cette agglomération qui s'étend de part et d'autre du boulevard périphérique remplit depuis belle lurette les conditions d'émergence d'une commune qui pourrait prendre l'appellation d'El Manazeh. En contrepartie,  l'Ariana reprendra le sens  du lieu, celui du vivre-ensemble(...)Cette nouvelle entité se libérerait de la tutelle de l'Ariana et de Tunis. En revanche, la ville-capitale rétrocèderait à l'Ariana, le centre urbain nord. L'histoire, plus que la géographie, le commande».


* Aïssa Baccouche a été maire de l'Ariana de 1980 à 1985

 

L'Ariana : Du village à la grande ville de Aïssa Baccouche Editions Arabesques, 243 pages, 2015,18 DT